Avec cette visite, l'Espagne tentera d'augmenter et de sécuriser l'approvisionnement en gaz liquéfié, en plus d'encourager les investissements dans les entreprises espagnoles

Le roi d'Espagne reçoit l'émir du Qatar en pleine crise énergétique avec l'Algérie

PHOTO/CASA REAL - Après la rencontre, le Roi et la Reine ont offert un déjeuner à Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, émir de l'État du Qatar, et à Sheikha Jawaher bint Hamad bin Suhaim Al Thani au palais de la Zarzuela

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad al Zani, s'est rendu à Madrid dans le but de mettre en œuvre une nouvelle stratégie diplomatique avec l'Espagne qui mettra en avant une alliance dans l'un des secteurs clés : l'énergie et le gaz liquéfié. 

La nouvelle crise diplomatique entre l'Algérie et l'Espagne, suite à la reconnaissance par le gouvernement espagnol de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, a mis en péril l'approvisionnement en gaz algérien, une situation qui a conduit l'Espagne à chercher des alternatives gazières.  

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Tamim al-Zani, ainsi que son épouse, Sheikha Jawaher bint Hamad bin Suhaim Al Zani, ont été reçus avec les honneurs militaires par le roi et la reine d'Espagne, Felipe VI et Letizia. Par la suite, les cheikhs qataris ont reçu la clé d'or de la ville de Madrid, ainsi que des médailles du Congrès des députés et du Sénat lors de leur visite à la Chambre haute.  

C'est là que, lors d'une brève rencontre, l'émir qatari a déclaré que "l'Espagne et le Qatar ont de nombreuses valeurs en commun. Cette visite à Madrid vient renforcer ces relations dans tous les domaines tant au niveau institutionnel et parlementaire qu'au niveau populaire (...) Merci pour l'hospitalité et l'accueil. Notre détermination est d'approfondir la collaboration bilatérale", a-t-il ajouté.  

Ces déclarations sont les rares que l'on attend, car l'émir ne participera à aucune conférence de presse pendant sa visite. Tammin bin Hamad al-Zani devrait également assister à une exposition à l'hippodrome de la Zarzuela de Madrid plus tard dans l'après-midi.  

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 Visite stratégique 

La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a ouvert différents fronts. L'Algérie, qui a décidé de rompre unilatéralement ses relations diplomatiques avec le Maroc, a critiqué la nouvelle position de l'Espagne, décidant, en outre, de la harceler dans un secteur dont l'Espagne est très dépendante : le gaz. 

La visite de l'émir qatari en Espagne n'est pas une affaire banale. Doha, consciente de la situation et enclavée dans une importante réserve de gaz, n'a pas tardé à s'ériger en fournisseur d'énergie alternative.  

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Jusqu'en 2019, le Qatar était le deuxième fournisseur de GNL de l'Espagne, après l'Algérie. Cette année-là, le pays qatari représentait 11,4 % des importations totales de gaz, mais il est aujourd'hui tombé à la cinquième place. 

Cette situation pourrait subir une transformation majeure après le virage de l'Algérie vers l'Italie, une nouvelle faveur de l'Algérie qui n'est pas bénéfique pour Madrid. En ce sens, l'ambassadeur qatari a les mêmes mots que les ministres des Finances et de l'Énergie, tous deux impliqués dans les exportations de gaz. 

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Ainsi, le diplomate Abdulla bin Ibrahim Abdulrahman Sultan Al Hamar a déclaré que "le Qatar a déjà investi dans l'expansion de sa capacité de production de gaz dans les années à venir, cependant, pour le moment, la marge de manœuvre de l'État pour exporter davantage est faible".  

La visite de l'émir qatari est la seule visite officielle prévue en Espagne par un chef d'État d'un autre pays. Les accords économiques conclus qui renforcent les liens entre l'Espagne et le Qatar devraient être paraphés demain. L'exécution de ces signatures est prévue lors du forum des entreprises organisé par la CEOE, auquel participera le Président du gouvernement, Pedro Sánchez.  

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L'un des accords les plus importants est celui conclu avec Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain qatari dont les actifs s'élèvent à 450 milliards d'euros.  

En outre, le président d'Iberdrola, Ignacio Sánchez Galán, tiendra une réunion avec l'émir, qui est également le principal actionnaire de la société espagnole par le biais de son fonds souverain.  

Un autre des objectifs de la visite est de s'associer à ce partenariat stratégique, dont l'Espagne ferait partie aux côtés de pays comme les États-Unis, l'Italie, la France, le Royaume-Uni, la Turquie, la Chine et le Japon.