Beira Nafii Belkacen critique "le peu ou l'absence d'informations qu'ils ont reçues des autorités sahraouies"

L'épouse de l'ancien conseiller à la présidence de la RASD demande au président algérien des explications sur la "disparition forcée de son mari" en 2009

PHOTO/REUTERS - Une femme sahraouie dans un camp de réfugiés de Boudjdour à Tindouf, dans le sud de l'Algérie

L'épouse de l'ancien conseiller à la présidence de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) Ahmed Khalil Bareih, disparu depuis plus de 10 ans, a envoyé une lettre au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour demander des explications sur la "situation de disparition forcée" de son mari qui remonte à début 2009, selon des informations auxquelles le Forum canarien sahraoui a eu accès. 

Dans cette lettre, Beira Nafii Belkacen, épouse du disparu, explique la "situation de détresse" que la famille a vécue dans les camps de réfugiés de Tindouf, après "douze ans de souffrance dans le silence et la patience".  Dans la même lettre, Beira Nafii Belkacen critique également le "peu ou pas d'informations qu'ils ont reçues des autorités sahraouies". Elle a également rappelé que son mari était détenu dans la prison militaire de Bilda et que son fils aîné a pu lui rendre visite en 2011, c'est la seule et dernière fois, malgré les demandes successives adressées aux responsables de la RASD. "Personne des autorités présumées du Polisario ne nous a fourni d'informations sur la situation d'Ahmed Khalil ou sur les raisons et les conditions de sa détention", a-t-elle déclaré. 

D'autre part, cette femme a informé le dirigeant algérien qu'en plus de demander des explications aux autorités de la RASD, il en avait été fait de même avec les responsables du Bureau de liaison militaire algérien à Tindouf "à plus d'une occasion". La famille d'Ahmed Khalil Bareih, veut découvrir "les éclaircissements nécessaires sur son arrestation" et savoir s'il "a pu bénéficier de tous ses droits dans le cadre d'un procès équitable en cas d'accusation portée contre lui". Malgré cela - ont-ils souligné - ils n'ont reçu aucune réponse de la part des autorités compétentes. 

La lettre conclut en exhortant le président algérien à "mettre fin à cette situation de souffrance pour la famille compte tenu de la crainte de la santé précaire de son mari, des conditions difficiles de propagation de la pandémie et de la proximité de l'aide", ont-ils déclaré. Le Forum des Canaries sahraouies a indiqué qu'Ahmed Khalil a occupé plusieurs postes au sein de la direction du Polisario, notamment celui de chef de cabinet du président Abdelaziz, conseiller en charge des droits de l'homme et responsable de la sécurité des camps de Tindouf, et qu'il a perdu le contact le 9 janvier 2009, alors qu'il était en Algérie pour des "missions d'enseignement dans des centres universitaires dans le cadre de son travail". 

Ahmed Khalil - qui est titulaire d'un doctorat en psychologie sociale, anthropologie et philosophie, ainsi que d'une maîtrise de sept langues - a pris un poste à la tête de l'équipe de direction. Malgré tout, en 1991, le communiqué souligne qu'"en raison de luttes internes au sein du Polisario qui voulait le retirer de la scène à cause de son attitude critique envers le gouvernement de la RASD autoproclamée, il a été arrêté et détenu pendant six mois. Après avoir retrouvé sa liberté, il décide de quitter le gouvernement et de se consacrer à l'écriture. "Il était également journaliste, et a récemment été responsable des droits de l'homme à Tindouf", poursuit le document. "Ce désespoir dans lequel sont plongés la famille, l'épouse et les enfants, est à l'origine de la violation flagrante des droits de l'homme tant par le Front Polisario que par l'Algérie, et à ce titre nous le dénonçons, une fois de plus au Forum des Canaries sahraouies", conclut le communiqué publié par cette institution.