En réponse à cette violation de la souveraineté territoriale, Bagdad convoquera l'ambassadeur iranien. Les Gardiens de la révolution préviennent que "l'opération se poursuivra" jusqu'au démantèlement des "groupes terroristes"

Les attaques iraniennes au Kurdistan irakien font 13 morts

AFP PHOTO/HO/KHAMENEI.IR - Membres du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne (IRGC)

Le bilan s'est alourdi à 13 morts suite aux attaques des Gardiens de la révolution islamique d'Iran contre le Kurdistan irakien. Téhéran a accusé les dissidents kurdes de participer aux manifestations qui secouent l'Iran après le meurtre de la jeune femme kurde Mahsa Amini par la police des mœurs pour avoir porté un voile incorrect.

Les autorités kurdes et irakiennes ont toutes deux condamné l'agression iranienne. Le porte-parole du ministère irakien des Affaires étrangères, Ahmed Al-Sahhaf, a déclaré dans un communiqué qu'il allait convoquer l'ambassadeur iranien "de toute urgence" pour exprimer le rejet par Bagdad de cette "violation de la souveraineté".

Nechirvan Barzani, président du Kurdistan irakien, a souligné dans une déclaration que la région "ne doit pas être utilisée comme un champ de bataille pour résoudre les différends entre rivaux". Il a également exhorté le gouvernement irakien à "faire son devoir et à protéger le pays et son intégrité territoriale".

Outre plusieurs décès, dont une femme enceinte, les attaques de missiles et de drones ont également fait plus de 50 blessés près d'Erbil et de Sulaimaniya. Selon des sources kurdes irakiennes citées par Reuters, plusieurs bases militaires proches des deux villes ont été visées par l'offensive iranienne. Un membre de Komala, un parti politique kurde iranien en exil, a également déclaré à l'agence de presse que ses bureaux avaient été attaqués. 

Le Parti démocratique kurde d'Iran (KDPI), également en exil, a été une autre cible des Gardiens de la révolution. Le KDPI, interdit en Iran, a qualifié ces attaques de "lâches" et a souligné l'incapacité du "régime terroriste" de Téhéran à "réprimer les manifestations et à réduire au silence la résistance civile du peuple kurde et iranien".

En revanche, les forces américaines déployées dans la région n'ont subi aucun dommage, comme l'indique un communiqué. Ils ont toutefois abattu un drone iranien qui se dirigeait vers Erbil, car, selon le commandement central de l'armée américaine, le drone représentait une menace pour le personnel américain dans la région.

Les États-Unis, ainsi que d'autres pays comme le Royaume-Uni et l'Allemagne, ont condamné les attaques iraniennes contre la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Irak. Dans le but de freiner les activités déstabilisatrices de Téhéran au Moyen-Orient, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a promis des sanctions et "d'autres mesures" contre le régime iranien.

Les Gardiens de la révolution ont déjà averti sur la télévision d'État iranienne que "cette opération se poursuivra" jusqu'à ce que "les bases des groupes terroristes soient démantelées et que les autorités de la région kurde assument leurs obligations et leurs responsabilités".

"Femme, vie, liberté !"

Douze jours après le début des manifestations, des femmes et des hommes iraniens continuent de marcher dans les rues des villes du pays au cri de "femme, vie, liberté !". Mahsa Amini est devenue un symbole contre la misogynie brutale et les lois vestimentaires extrêmes du régime iranien.

Les parents de la jeune femme kurde ont déposé une plainte demandant "une enquête approfondie" et la publication de "toutes les vidéos et photographies" pendant sa détention. Une cousine d'Amini a déclaré qu'elle était morte à la suite d'un "coup violent à la tête".

Selon les organisations internationales, environ 80 manifestants ont été tués. Les ONG dénoncent également l'utilisation de boules de métal, de gaz lacrymogènes et de matraques par les forces de sécurité. Malgré les appels internationaux à la fin des violences contre les citoyens, le commandement de la police iranienne a juré d'utiliser "toutes ses forces" contre les manifestants.

Le président iranien Ebrahim Raisi a condamné le "chaos" provoqué par les manifestations, avertissant que "la sécurité est la ligne rouge" du gouvernement. "Personne ne peut enfreindre la loi et provoquer le chaos", a-t-il déclaré. 

Téhéran a accusé les États-Unis de provoquer les protestations. "L'ennemi a pris pour cible l'unité nationale et veut monter les gens les uns contre les autres", a déclaré Raisi. Le ministère iranien des Affaires étrangères a également convoqué les ambassadeurs britannique et norvégien pour "ingérence" dans les affaires intérieures. Les manifestants détenus ont également été accusés d'être des "espions israéliens" par les forces de sécurité, ont déclaré des témoins à la BBC.