Les Émirats montrent leur indépendance vis-à-vis des États-Unis en soutenant l'initiative "One China"

En pleine tournée en Asie de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, le gouvernement des Émirats arabes unis a rappelé son soutien au plan "One China" dans une déclaration publiée par son ministère des Affaires étrangères.
Les Émirats arabes unis, qui entretiennent de très profondes relations de coopération économique et de développement avec la République populaire de Chine, ont indiqué dans leur déclaration qu'ils soutenaient la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine, soulignaient l'importance de la politique "Une seule Chine" et appelaient les Nations unies à jouer un rôle dans la résolution de ce différend diplomatique vieux de plusieurs décennies.
"Les EAU ont indiqué qu'ils étaient préoccupés par l'impact de toute visite provocatrice sur la paix et la stabilité internationales. Le ministère a demandé instamment que la priorité soit donnée au dialogue diplomatique dans un effort pour assurer la stabilité régionale et internationale", poursuit le message des autorités émiriennes.

Après la visite du président Biden au Moyen-Orient, le gouvernement émirati s'est efforcé de démontrer que les États-Unis ne sont plus leur partenaire principal et exclusif en dehors du Golfe. Le pouvoir arabe démontre son indépendance vis-à-vis de la politique étrangère de la Maison Blanche et trace sa propre voie en entretenant des relations avec l'Est et l'Ouest.
Ce n'est pas nouveau. Les Émirats ont déjà adopté une position pro-chinoise et n'entretiennent pas de relations avec le gouvernement formosan. De même, comme la grande majorité des pays arabes, il s'est abstenu de condamner l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors de l'Assemblée générale des Nations unies en mars. Plus récemment, il a soutenu ses partenaires de l'OPEP+ aux côtés de l'Arabie saoudite et a accepté de ne pas modifier la position de la Russie au sein de l'organisation des producteurs de pétrole ni de changer la feuille de route pour la production de pétrole, comme le demandent les États-Unis et l'UE depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les États-Unis ont bien du mal à maintenir leur hégémonie dans la région, dont ils se distancient progressivement. Un effet que l'administration Trump a accéléré de manière surprenante, mais qui couvait depuis Obama. Les systèmes de missiles Patriot envoyés à la demande des États du Golfe pour mettre fin aux attaques de drones des Houthis ne sont d'aucune utilité. Les Émirats et leurs partenaires ne sont pas dépendants des États-Unis.
Le déplacement de Pelosi en Asie, motivé par ses fortes convictions sur l'indépendance avec Taïwan, ne paie pas pour la Maison Blanche, qui a déjà mis en garde la Présidente de la Chambre contre le mauvais timing de sa tournée. "Ce n'est pas une bonne idée pour le moment", a résumé Joe Biden lors d'une conférence de presse. Enfin, même l'attitude de l'orateur sud-coréen peut être interprétée comme un "non" aux méthodes asiatiques de Pelosi, peut-être trop démodées pour la nouvelle configuration du Pacifique.

La Chine et les EAU ont des projets de coopération dans un certain nombre de domaines. S'il s'est attiré les remontrances du Congrès américain, en excluant par exemple les EAU du programme d'acquisition du chasseur F-35, le syndicat n'a pas freiné ses intentions de partenariat avec le géant asiatique. Les domaines de coopération comprennent l'armée, l'énergie, l'aérospatiale et l'aviation, ainsi que les nouvelles technologies de service. Au cours des dix dernières années, la Chine a réussi à conclure 50 accords avec les EAU. Rien qu'en 2019, 16 traités ont été signés par les deux autorités. Le plus important d'entre eux est l'accord de coopération économique et technique, qui a été élaboré par le comité économique mixte.
La Chine, pour sa part, est impatiente de mordre dans l'intéressant gâteau du marché du Conseil de coopération du Golfe, ce que Xi Jinping a assuré à Mohamed bin Zayed al Nahayan lors d'une rencontre en marge des Jeux olympiques d'hiver de 2022 à Pékin, selon des sources émiraties. Selon le quotidien émirati Al-arab, les deux dirigeants ont convenu d'accélérer les négociations en vue d'un accord de libre-échange.
Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra.