L'industrie de la défense turque se rend en masse au salon FEINDEF 2025 à Madrid
- La France et les États-Unis suivent la Turquie en nombre
- L'industrie britannique espère de meilleures opportunités
L'industrie de la défense et de l'aérospatiale turque est en tête de la présence internationale au salon FEINDEF 2025 qui ouvre aujourd'hui, 12 mai, ses portes aux pays alliés ou amis de l'Espagne. Une trentaine d'entreprises représentant un large groupe d'entreprises apportent un haut degré d'autonomie stratégique aux forces armées d'Ankara, qui comptent plus de 210 000 militaires.
L'arrivée turque à Madrid n'est qu'un exemple du vaste tissu industriel militaire et de la capacité croissante de développement et de production du secteur dans les domaines terrestre, naval, aérospatial et électronique. Elle est également le fruit de la bonne réputation acquise par ses systèmes d'armes, ses plateformes et ses matériaux, dont les exportations sont encouragées par le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan.
Mais la raison principale de cette arrivée massive au salon FEINDEF 2025 réside dans un autre facteur. Le ministère espagnol de la Défense, dirigé par Margarita Robles, a sélectionné le réacteur monomoteur turc Hürjet pour remplacer les Northrop/CASA F-5M, des avions de l'escadre 23 de l'école de pilotage de Talavera la Real (Badajoz) qui, après plus de 50 ans de service, servent encore à la formation des pilotes de chasse et d'attaque espagnols.
Airbus Espagne et Turkish Aerospace, principal contractant du Hürjet pour l'armée de l'air turque, ont conclu un accord initial pour achever le développement final de l'avion d'entraînement. Il s'agit d'une transaction à double sens, dans laquelle l'Espagne transfère à la Turquie les six avions de transport A400M qu'elle a achetés en surplus à Airbus. Le salon de Madrid est donc le lieu où les autorités et les dirigeants turcs et espagnols vont finaliser les derniers détails des contrats et des plans industriels respectifs.
Regroupées sous le pavillon national turc, les entreprises qui exposent leurs produits à Madrid sont venues à l'initiative du ministère turc de la Défense, dirigé depuis juin 2023 par le général Yasar Güler. Le pavillon accueille Roketsan, spécialisé dans les missiles, les munitions guidées, les roquettes et les systèmes d'armes ; Havelsan, centré sur les systèmes de commandement, de contrôle, de simulation, de robotique et de cybersécurité ; Nurol Makina, qui produit des véhicules blindés 4x4 ; Nero Industries, Yilmaz Makina... et jusqu'à une trentaine d'autres.
La quatrième édition du Salon international de la défense et de la sécurité en Espagne a débuté dans un contexte national et international très attendu en raison de la situation mondiale, de l'augmentation générale des budgets de défense et, bien sûr, du nombre élevé de pays et d'exposants présents. Ils sont répartis dans quatre pavillons couverts totalisant 66 690 m², un espace « complet avant même la fin de l'année 2024 », confirment les organisateurs, ce qui représente une augmentation de 67 % par rapport aux 40 000 m² de l'édition 2023.
La France et les États-Unis suivent la Turquie en nombre
Avec un total de 600 entreprises et institutions participantes, les pays tiers présents sont près de 35, qui viennent avec « 187 exposants internationaux », assure l'organisation, ce qui représente 30 % du total. Ces chiffres sont supérieurs à ceux de 2023, où « environ 500 exposants de 25 pays » étaient présents, selon un communiqué publié il y a deux ans par le ministère de la Défense.
L'industrie de la défense française est la deuxième en nombre à FEINDEF. En raison de leur importance à l'échelle européenne et mondiale, près de 30 entreprises françaises ont répondu présent, notamment dans les domaines terrestre, électronique et logistique, comme Hutchinson Defense, fabricant de roues et de véhicules spéciaux ; Exail, spécialisée dans la navigation, le positionnement et la robotique ; et Renault Trucks Emergency & Defense.
Après Ankara et Paris, le troisième pays le plus représenté est les États-Unis. Une douzaine d'entreprises sont présentes, parmi lesquelles la grande société industrielle Lockheed Martin, Bombardier Defense et General Atomics, toutes trois ayant des intérêts importants dans les secteurs naval et aéronautique espagnols.
L'Italie, le Portugal et l'Allemagne sont représentés par une dizaine d'entreprises. Le consortium industriel Eurofighter GmbH, qui dirige les améliorations de la production et du soutien du chasseur Eurofighter Typhoon, participe pour la première fois. Basée près de Munich, cette société est constituée par Airbus Defence and Space, la britannique BAE Systems et l'italienne Leonardo.
Sous l'égide de Berlin, Rheinmetall, la puissante entreprise qui a finalisé en août 2023 l'acquisition de la société espagnole Expal, spécialisée dans la production de munitions et d'explosifs et leur démilitarisation, est également présente. Du côté italien, le grand groupe Leonardo et Iveco étaient également présents. Soliani, qui ne manque pas le rendez-vous depuis la première édition de FEINDEF, présente ses blindages légers et ses écrans de protection contre les fuites radioélectriques, électromagnétiques et les écoutes indésirables.
L'industrie de la défense portugaise a également répondu à l'appel avec plus d'une dizaine d'entreprises, dont EEA Aircraft, Tecno Lanema et Optimal Group, spécialisée dans les systèmes de protection balistique. La présence de la République tchèque est importante depuis FEINDEF 2019, avec un pavillon national qui accueille huit sociétés de son secteur de la défense.
L'industrie britannique espère de meilleures opportunités
Des pays comme la Belgique, la Colombie, le Danemark, la Finlande, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne et la Suède sont représentés par moins d'une demi-douzaine d'industries, mais les plus importantes sont présentes : la belge FN, la finlandaise Patria, la norvégienne Kongsberg et la suédoise Saab. Dans ce groupe, on peut inclure l'Union des Émirats arabes unis, parmi les entreprises duquel figure Edge, le groupe industriel public qui promeut les activités de défense et de sécurité dans ce pays du Golfe.
Le faible écho de FEINDEF 2025 parmi les entreprises du Royaume-Uni, l'une des cinq nations ayant le secteur industriel militaire le plus important au monde, est frappant. Le Brexit a conduit ADS, le groupe britannique des entreprises de défense, de l'aérospatiale et de la sécurité, à concentrer ses efforts dans les régions du monde où il a identifié les meilleures opportunités, ce qui ne semble pas être le cas de l'Espagne.
Avec des exportations qui s'élèveront à 45,88 milliards d'euros (38,8 milliards de livres sterling) en 2023, Londres considère l'Espagne comme un « marché marginal en matière de défense et de sécurité », précise un fin connaisseur des relations bilatérales hispano-britanniques. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles seules cinq entreprises se sont rendues au salon espagnol, parmi lesquelles NMS UK, filiale britannique de Nurol Makina (Turquie).
Dans le contexte international actuel, où les investissements dans les systèmes d'armement et les technologies à double usage ont connu une augmentation notable, on peut s'attendre à ce que le prochain sommet Royaume-Uni-UE aboutisse à un accord permettant à l'industrie britannique d'accéder, avec certaines restrictions, à certains programmes européens de défense.
L'absence de l'industrie brésilienne à FEINDEF 2025 est quelque peu compensée par la présence de deux entreprises ukrainiennes. L'une est Praktica, spécialisée dans la fabrication de véhicules de combat et de transport blindés à roues. L'autre est Sich, qui produit des tourniquets brevetés permettant d'arrêter d'urgence les hémorragies graves aux extrémités.
Bien sûr, certains pays ne sont représentés que par une seule entreprise, comme c'est le cas de l'Australie, de la Bulgarie, de la Croatie, de la Slovaquie, de la Slovénie, de la Hongrie, de la Lituanie, de la Roumanie et de la Suisse. C'est également le cas des États-Unis, du Chili et du Pérou, ainsi que de l'Inde, du Japon et de Taïwan.
