Après les récentes élections turques, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis restent proches de Recep Tayyip Erdogan

L'influence croissante de la Turquie dans le Golfe

PHOTO/REUTERS - El presidente turco, Recep Tayyip Erdogan
photo_camera PHOTO/REUTERS - Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse à Istanbul, Turquie, le 3 février 2020.

La situation économique de la Turquie est actuellement délicate. L'inflation a grimpé à 44 % et la livre turque a perdu 90 % de sa valeur au cours de la dernière décennie, atteignant son plus bas niveau après la victoire électorale du président Recep Tayyip Erdogan. 

Erdogan a nommé Mehmet Simsek au poste de ministre du Trésor et des Finances. Le bilan de Simsek est remarquable et il promet de restaurer la "prévisibilité" de l'économie turque. Les investisseurs et les analystes étrangers ont interprété la nomination de Simsek comme une indication qu'Erdogan pourrait modifier sa position sur la baisse des taux d'intérêt, qui a provoqué une hausse de l'inflation et un exode des capitaux étrangers. 

Dans cette optique, Erdogan considère les pays du Golfe comme des partenaires importants dans divers domaines, tels que le commerce, l'économie, l'énergie et la défense. Trois facteurs principaux influencent la décision de la Turquie de renforcer son rapprochement avec les pays du Golfe : la stabilité économique et les opportunités commerciales, la sécurité et l'influence régionale, ainsi que la normalisation et la réconciliation diplomatiques.

AFP PHOTO/SERVICIO DE PRENSA DE LA PRESIDENCIA TURCA - El pasado mes de abril, el presidente turco dio una muestra de apaciguamiento con el príncipe heredero saudí durante una visita a Arabia Saudí, la primera en cinco años
AFP PHOTO/SERVICIO DE PRENSA DE LA PRESIDENCIA TURCA - En avril dernier, le président turc a fait preuve d'apaisement avec le prince héritier saoudien lors d'une visite en Arabie saoudite, la première en cinq ans

La stabilité économique et les opportunités commerciales sont des points importants. Trois jours après les résultats du vote en Turquie, les Émirats arabes unis ont ratifié un accord commercial de 40 milliards de dollars sur cinq ans. L'Arabie saoudite a également commencé à conclure des accords économiques avec la Turquie, la compagnie pétrolière Saudi Aramco ayant rencontré dans la capitale turque 80 entrepreneurs pour discuter de projets potentiels d'une valeur de 50 milliards de dollars.

Sécurité et influence régionale. Les conflits en Syrie, en Libye, au Yémen et en Irak, ainsi que la menace de l'Iran et de ses mandataires dans la lutte contre le terrorisme font partie des intérêts communs de la Turquie et des États du Golfe au Moyen-Orient.                 

Normalisation diplomatique et réconciliation. Afin de sortir de son isolement régional et d'attirer les fonds du Golfe dont elle a tant besoin, la Turquie a entrepris de rétablir ses relations avec ses anciens adversaires régionaux, notamment l'Arabie saoudite, l'Égypte et les Émirats arabes unis.

La sécurité maritime est un domaine dans lequel la Turquie pourrait jouer un rôle bénéfique dans le Golfe. La région du Golfe est une source cruciale d'approvisionnement en pétrole et de commerce au niveau mondial, mais elle est également confrontée à des défis tels que la piraterie, le terrorisme et le sabotage. La récente saisie par l'Iran de pétroliers commerciaux dans les eaux du Golfe a alimenté les craintes d'un conflit potentiel avec les États-Unis et leurs alliés. Trente-huit pays font partie d'une alliance maritime dirigée par les États-Unis dans le Golfe. Cette initiative, dirigée par les États-Unis et soutenue par l'Arabie saoudite, vise à prévenir les agressions iraniennes contre les navires commerciaux, à contrôler le trafic d'armes et à lutter contre la piraterie. Malgré cela, certains États du Golfe, dont les Émirats arabes unis, ont abandonné ou suspendu leur participation à la force navale en raison de leur mécontentement à l'égard de la protection américaine ou de leurs inquiétudes quant à une éventuelle provocation iranienne, un fait qui n'a pas été mentionné par les conseillers à la sécurité nationale des deux pays lors de leur réunion à Washington vendredi.

PHOTO/MURAT CETINMUHURDAR/PRESIDENTIAL PRESS OFFICE/HANDOUT VIA REUTERS – Recep Tayyip Erdogan
PHOTO/MURAT CETINMUHURDAR/PRESIDENTIAL PRESS OFFICE/HANDOUT VIA REUTERS – Recep Tayyip Erdogan

La Turquie dispose d'une marine importante et moderne, capable de patrouiller dans les eaux du Golfe et de dissuader toute agression ou perturbation. Le pays eurasien entretient également de bonnes relations avec la plupart des États du Golfe et peut jouer le rôle de médiateur ou de facilitateur entre eux et l'Iran. Ali Bakir, chercheur spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient, a déclaré que "si la tendance actuelle au désengagement des États-Unis de la région se poursuit et que la position régionale croissante de la Turquie se maintient, Ankara pourrait avoir l'occasion de renforcer sa position dans le Golfe".

Le leadership d'Erdogan dans le Golfe devrait renforcer sa position, car il cherche à diversifier ses alliés économiques, à sauvegarder ses intérêts en matière de sécurité et à projeter sa puissance dans une région instable. Toutefois, la Turquie devra également gérer les relations complexes entre les différents acteurs et ne pas se laisser entraîner dans des conflits ou des rivalités qui pourraient nuire aux intérêts ou à la stabilité du pays.

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