De l'Afrique à l'Amérique latine, où certains pays ont déjà retiré leurs ambassadeurs d'Israël, Téhéran et ses groupes mandataires s'efforcent d'étendre leur présence en contrant l'influence des États-Unis et d'Israël

L'influence de l'Iran et du Hamas en dehors du Moyen-Orient

PHOTO/FILE - El líder de Hamás, Ismail Haniyeh, y el ayatolá Ali Jamenei
PHOTO/FILE - Le leader du Hamas Ismail Haniyeh et l'ayatollah Ali Khamenei

Alors que l'offensive terrestre israélienne contre le Hamas progresse dans la bande de Gaza, la République islamique d'Iran mobilise ses groupes mandataires du Moyen-Orient au sein de ce que l'on appelle l'"axe de la résistance". Outre le Hamas - qui, après un mois de guerre, continue de lancer des missiles sur Israël - le Hezbollah, les Houthis du Yémen et les milices syriennes attaquent également le territoire israélien.

Alors que le groupe chiite libanais vise le nord d'Israël, l'une des régions les plus chaudes du pays, d'où des milliers de civils ont dû être évacués, les Houthis attaquent à l'aide de drones ou de missiles la ville d'Eilat, sur la côte de la mer Rouge.

Les attaques du Hezbollah ont tué trois civils et six soldats israéliens et ont rendu les communautés du nord d'Israël inhabitables pour le moment. En revanche, les attaques des Houthis contre Eilat n'ont pas atteint leur objectif et ont été interceptées. Toutefois, la ville israélienne, qui abrite un grand nombre de citoyens du sud contraints de quitter leur domicile, a fait l'objet d'une attaque directe de la part de la Syrie.  

Le pays de Bachar el-Assad, allié de l'Iran, abrite des milices soutenues par Téhéran qui ont tiré plusieurs roquettes sur le territoire israélien au cours de la guerre, lesquelles ont atterri sur des terres inhabitées. Toutefois, la récente attaque de drone sur Eilat a touché une école.

Outre la mobilisation de ses groupes mandataires au Moyen-Orient, la République islamique d'Iran étend également ses tentacules dans le monde entier afin de gagner en influence et d'établir un bloc anti-israélien.

À cet égard, comme le souligne Banafsheh Keynush du Middle East Institute, si la guerre entre Israël et le Hamas continue de s'intensifier à l'avenir, se transformant potentiellement en un conflit régional plus large, "l'impact pourrait s'étendre à tous les continents, étant donné les efforts conjoints déployés depuis des décennies par l'Iran et le Hamas pour contenir la puissance israélienne chaque fois que cela est possible et partout où cela est possible"

El líder supremo de Irán, el ayatolá Ali Jamenei.
PHOTO/ Oficina del Líder Supremo iraní/WANA (Agencia de Noticias de Asia Occidental)  via REUTERS
PHOTO/ Bureau du guide suprême iranien/WANA (West Asia News Agency) via REUTERS - Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

Ces efforts vont de l'Afrique à l'Amérique latine, où des pays comme la Colombie et le Chili ont déjà retiré leurs ambassadeurs d'Israël en raison de la guerre en cours. La Bolivie a suspendu ses relations avec Jérusalem.

Les pays d'Amérique du Sud qui ont pris ces mesures ont plusieurs points communs. Tous sont gouvernés par des exécutifs de gauche et entretiennent de bonnes relations avec l'Iran, en particulier la Bolivie. Téhéran a soutenu l'ancien président Evo Morales puis le parti socialiste du président Luis Arce.

"Téhéran associe la lutte du pays sud-américain contre l'oppression de classe et ethnique de ses communautés indigènes à ses propres enseignements révolutionnaires pour promouvoir une vision anti-impérialiste et pro-palestinienne", explique Keynush. 

PHOTO/FILE - Le président colombien Gustavo Petro

D'autre part, la Colombie et le Chili comptent tous deux d'importantes communautés arabes, tandis que l'activité du Hezbollah s'est accrue au cours de la dernière décennie. Bien que l'ancien président colombien Iván Duque ait expulsé des membres du groupe libanais et l'ait qualifié d'organisation terroriste, le virage à gauche de Gustavo Petro a modifié la position de Bogota.

Gustavo Petro s'est également montré très critique à l'égard de l'opération israélienne à Gaza, tout comme d'autres présidents tels que le Brésilien Lula da Silva, qui, en revanche, n'a pas attaqué la Russie avec autant de ferveur lors de son invasion de l'Ukraine.

En Amérique latine, l'Iran a soutenu la "marée rose" - un changement politique vers des gouvernements de gauche dans toute la région - pour contenir l'influence des États-Unis et d'Israël et a cherché à travailler avec des dirigeants de gauche et l'importante diaspora arabe", note M. Keynush. Keynush rappelle également qu'au fil des ans, des entreprises et des entités liées au Hezbollah ont été identifiées à plusieurs reprises en Amérique du sud

PHOTO/FILE - Partisans du Hezbollah

À cet égard, la zone des trois frontières entre le Paraguay, le Brésil et l'Argentine est particulièrement remarquable, où les sympathisants du Hezbollah et du Hamas ont développé leurs opérations et ont également été liés à la criminalité organisée.

En raison de cette situation, les 35 membres de l'Organisation des États américains ont désigné le Hamas comme organisation terroriste en 2021, mais Téhéran a continué à construire des réseaux par l'intermédiaire des communautés arabes locales de la région.

L'Afrique du nord est une autre région où la République islamique d'Iran et ses groupes s'efforcent d'accroître leur influence. Dans cette région, en particulier en Algérie et en Tunisie, le fort sentiment anti-israélien et la défense de la cause palestinienne ont été exploités. Alger, par exemple, a été accusée d'envoyer des drones iraniens au Front Polisario, un groupe qui entretient également des relations avec le Hezbollah.

PHOTO/FILE - Membre du Front Polisario

Pendant la guerre actuelle, la région a connu non seulement des manifestations anti-israéliennes, mais aussi des actes antisémites, comme l'incendie d'une synagogue à Tunis.

Par ailleurs, dans d'autres parties du continent africain, comme l'Afrique du sud, "le soutien de l'Iran aux mouvements anticoloniaux et anti-apartheid pourrait avoir encouragé Pretoria à collaborer avec le Hamas dans les années qui ont suivi", explique Keynush.

Tout cela montre que la guerre ne se limite pas au Moyen-Orient et que l'Iran est prêt à combattre Israël partout où il le peut. Par conséquent, de nombreux médias liés au régime iranien se font déjà l'écho de la tactique de Téhéran au niveau international, affirmant que l'Axe de la résistance est en train de "changer la carte géopolitique du monde"