Le parti de Netanyahou consolide sa position de principale force politique du pays, bien qu'il ne parvienne pas à obtenir suffisamment de sièges pour former un gouvernement

L'ombre d'une cinquième élection plane sur Israël

AFP/ EMMANUEL DUNAND - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (C), chef du parti Likoud, d'autres membres du parti sur scène devant des partisans au siège de campagne du parti à Jérusalem, tôt le 24 mars 2021,

Israël, avec sa gueule de bois électorale, n'a toujours pas de bloc gagnant clair. Avec 97 % des votes comptés et un taux de participation de 67 %, le plus bas depuis les élections de 2013, le bloc de Netanyahou formé par le Likoud, le Shas, le Judaïsme unifié de la Torah et le Parti religieux, aurait obtenu 59 sièges avec Yamina, soit deux de moins que la majorité. 

Le Likoud, le parti de l'actuel Premier ministre Benjamin Netanyahou, est devenu le plus grand parti du pays, lors de la quatrième élection en moins de deux ans, avec 30 sièges. Alors que son principal adversaire, Yesh Atid, dirigé par Yair Lapid, et dont la plupart des votes ont déjà été comptés, a remporté 18 sièges, ce qui en fait la deuxième force politique en Israël. 
 

Le bloc anti-Netanyahou, un groupe hétéroclite de factions de gauche, de droite et du centre, n'a pas non plus obtenu la majorité. La grande surprise vient du parti Raam (Liste arabe unie), qui semblait initialement ne pas dépasser le seuil électoral de 3,25 %, mais les résultats actuels lui donnent cinq sièges, tandis que la Liste commune en a six.

La commission électorale centrale a avancé que les résultats préliminaires des bureaux de vote seraient annoncés plus tard dans la journée. Mais il faut encore attendre que le Comité commence à compter quelque 450 000 doubles enveloppes, c'est-à-dire les bulletins de vote des diplomates, des militaires et des citoyens infectés par le coronavirus et mis en quarantaine. Les résultats ne seront donc définitifs que vendredi après-midi.
 

Ces élections sont marquées par l'entrée au Parlement du sionisme religieux, un groupe suprémaciste juif, fortement raciste et anti-arabe, qui pourrait détenir la clé pour former un gouvernement. De même, l'attention est également portée sur ce que pourraient faire le parti de Yamina, le parti de droite radicale de Naftali Bennett, et le parti islamiste Liste arabe unie, dirigé par Mansour Abbas, qui n'ont pas encore déclaré leur soutien à l'un des deux blocs.

Bien que le vainqueur soit encore imprévisible, Netanyahou a osé ratifier sa victoire sur Twitter où il a écrit "une victoire gigantesque". Mais à 2h30 du matin, et suite à l'évolution de la situation, le premier ministre a encouragé à former "un gouvernement de droite stable" et à "éviter une cinquième élection", dans un discours presque sans audience et d'une durée de 10 minutes seulement. 

Pour sa part, le chef de l'opposition Yair Lapid a averti que "Netanyahou n'a pas 61 sièges, mais le bloc du changement oui", dans un discours devant des militants de son parti Yesh Atid. Il a également appelé les partis du bloc anti-Netanyahou et a promis de coordonner ensemble leurs prochaines étapes.
 

Israël se trouve une fois de plus à la croisée des chemins, où la formation d'un gouvernement sera basée sur des pactes avec un amalgame de partis où, pour l'instant, aucun bloc ne dispose d'une majorité claire. Netanyahou dépend dans une large mesure de ses "partenaires naturels", les ultra-orthodoxes, ainsi que de la décision que pourrait prendre son ancien partenaire, Bennett. L'ombre d'une cinquième élection plane déjà sur la société israélienne, qui constate une fois de plus que la formation d'un gouvernement sera un parcours du combattant. 

L'aspect le plus remarquable des résultats est peut-être la montée de l'extrême droite juive du Parti sioniste religieux, qui entre en force avec six sièges essentiels pour forger une majorité. La croissance démographique des juifs ultra-orthodoxes et ultrareligieux a entraîné une augmentation de la présence de ces partis au Parlement, contrairement au vote arabe, qui continue de baisser.