L'ONU envoie 29 millions d'euros d'aide humanitaire pour le conflit au Tigré

La décision des Nations unies de débloquer un total de 29 millions d'euros d'aide humanitaire au Tigré, l'État du nord de l'Éthiopie, a été rendue publique jeudi 17 décembre. Cette aide est principalement destinée aux civils vivant dans la région, mais aussi aux réfugiés qui ont fui au Soudan, pays limitrophe du Tigré.
Cette aide est destinée à couvrir le conflit qui a eu lieu dans le nord de l'Ethiopie le mois dernier et qui oppose le gouvernement éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui gouvernait la région.
Le 4 novembre dernier, un affrontement armé a éclaté entre les deux parties et a déjà laissé 2,3 millions d'enfants sans abri et sans accès à l'aide humanitaire. Mais aussi plus de 50.000 réfugiés sur le sol soudanais. Ces chiffres sont difficiles à mesurer car le gouvernement éthiopien, dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed, a depuis lors coupé les télécommunications et a sévèrement restreint l'entrée des journalistes dans la région.
C'est ainsi que l'aide des Nations unies à la région sera mise en œuvre, après qu'un accord ait été conclu avec le gouvernement éthiopien le 2 décembre pour garantir que l'aide qu'il fournira atteindra le Tigré en toute sécurité et sans aucune restriction.
La majeure partie de l'aide sera destinée à la région du Tigré, soit un total de 20 millions d'euros, provenant du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF) et du Fonds humanitaire des Nations unies. Le reste ira aux milliers de réfugiés au Soudan. 9 millions d'euros provenant des mêmes fonds de l'ONU.
Depuis 1991, le gouvernement éthiopien est aux mains du groupe ethnique Tigré. Tout cela a changé en 2018, lorsque le groupe ethnique majoritaire du pays a pris le pouvoir. Venant de la région d'Oromia, et après différentes protestations depuis 2015, ils ont réussi à obtenir la démission du président du Tigré, ce qui a permis à l'actuel premier ministre Ahmed d'accéder à la présidence du pays.
De telle sorte que différentes frictions se sont produites entre la région du Tigré et le gouvernement central mais tout a explosé lors des dernières élections fédérales. En août, les élections parlementaires et régionales du pays devaient avoir lieu. Toutefois, il a été décidé de les retarder jusqu'à ce que la pandémie de COVID-19 soit sous contrôle.
Ainsi, le 10 juin, la Chambre haute du Parlement a accepté de prolonger toutes les fonctions publiques jusqu'aux élections, qui se tiendraient entre neuf mois et un an après que COVID-19 ne soit plus considéré comme une menace.
Le TPLF a dénoncé le fait qu'Ahmed voulait s'accrocher au pouvoir et a décidé de poursuivre les élections régionales au Tigré. Ces élections n'ont pas été validées par le gouvernement central d'Ahmed et pour le gouvernement du Tigré, cela signifie que toute "décision de suspendre ou de mettre tout autre obstacle aux élections au Tigré, sera une déclaration de guerre", selon Europa Press.
Ainsi, les choses sont devenues plus tendues lorsque le gouvernement éthiopien a accusé le Front populaire pour la libération du Tigré d'être responsable de l'assaut d'une base militaire fédérale près de Mekele, la capitale régionale. Cela a créé un précédent pour une offensive militaire contre le Tigré.
Les conséquences du conflit se font jour progressivement, et les Nations unies ne sont pas les seules à être prêtes à envoyer de l'aide humanitaire. L'Union européenne (UE) avait prévu d'envoyer 90 millions d'euros mais a finalement décidé de reporter la livraison jusqu'à ce que l'Éthiopie remplisse les conditions fixées par l'UE, qui comprennent le rétablissement des communications dans la région du Tigré. Une préoccupation générale qui se reflète dans les déclarations du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, affirmant que de graves abus et violations des libertés fondamentales sont commis.