L'Ukraine subit un bombardement massif de la part de la Russie et durcit la conscription

L'Ukraine a adopté jeudi une loi durcissant la conscription afin de mobiliser davantage d'hommes pour faire face à la poussée russe, qui a lancé une nouvelle attaque nocturne massive contre les infrastructures énergétiques.
"Dans la nuit, la Russie a tiré plus de 40 missiles et 40 drones sur l'Ukraine", touchant des "infrastructures essentielles", a déclaré le président Volodmir Zelenski sur le site de réseau social X.
"Certains missiles et drones Shahed ont été abattus avec succès. Malheureusement, seule une partie d'entre eux a été abattue", a déclaré Zelenski. L'armée de l'air ukrainienne a déclaré avoir réussi à abattre 39 drones et 18 missiles.
Zelenski, qui était en visite en Lituanie jeudi, a déclaré que des infrastructures avaient été touchées à Kiev, à Zaporiyia et Odessa dans le sud, à Lviv (ouest) et près de la frontière polonaise.
Les attaques russes ont fait quatre morts dans la ville méridionale de Mykolaiv, a déclaré l'armée ukrainienne, après un premier bilan de deux morts.
"L'ennemi a de nouveau attaqué nos infrastructures énergétiques", a déclaré le ministre ukrainien de l'énergie, Guerman Galushchenko, sur Telegram. Les attaques ont visé "des installations de production et des systèmes de transmission" dans les régions de Kiev, Kharkov (nord-est), Zaporiyia et Lviv, a-t-il précisé.
Une grande centrale thermique près de Kiev a été "complètement détruite", a déclaré un représentant de la société qui la gère à l'agence de presse Interfax-Ukraine.
Le ministère russe de la Défense a déclaré que "toutes les cibles ont été touchées" et a affirmé que le bombardement était une réponse aux attaques ukrainiennes de ces dernières semaines sur le territoire russe, en particulier contre les raffineries.
S'exprimant depuis la Lituanie, où il est arrivé jeudi, Zelenski a de nouveau appelé ses partenaires à contribuer au renforcement de la défense aérienne ukrainienne et à "consolider le soutien international [à Kiev] afin de vaincre le terrorisme russe".
Zelenski a annoncé la signature à Vilnius d'un accord de sécurité bilatéral de dix ans avec la Lettonie voisine.
"L'accord prévoit un soutien militaire annuel de la Lettonie à l'Ukraine équivalent à 0,25 % du PIB. La Lettonie s'engage à aider l'Ukraine pendant dix ans dans les domaines de la cyberdéfense, du déminage et des technologies sans pilote", a expliqué Zelenski sur les médias sociaux.

Une loi controversée
Le dirigeant ukrainien a été reçu à Vilnius par son homologue lituanien Gitanas Nauseda, avant d'assister à une réunion de l'Initiative des trois mers, qui rassemble 13 États membres de l'UE situés entre la mer Baltique, la mer Adriatique et la mer Noire.
Parallèlement, le parlement ukrainien a adopté jeudi un projet de loi durcissant la mobilisation militaire, alors que Kiev est confronté à une pénurie de soldats volontaires, plus de deux ans après le début de l'invasion russe en février 2022.
Le projet de loi durcit les sanctions pour les réfractaires et a suscité la controverse lorsque les députés ont supprimé à la dernière minute une disposition qui prévoyait la démobilisation des troupes ayant servi pendant 36 mois.
Cette décision est une pilule amère à avaler pour les soldats qui se battent sur le front depuis plus de deux ans.
" 99 % des hommes veulent se reposer ", a déclaré à l'AFP Yevgen, un parachutiste de 39 ans stationné dans la région de Donetsk, dans l'est du pays. "Il y a des militaires qui ne sont pas rentrés chez eux depuis un an. C'est très injuste".
L'armée ukrainienne est accablée par l'échec d'une contre-offensive lancée à la mi-2023 et par les retards dans l'acheminement de l'aide promise par les puissances occidentales, alors qu'elle tente de contenir les assauts des forces russes sur plusieurs positions de la ligne de front.
Pour ce faire, elle a besoin de munitions et de troupes, et peine à trouver des volontaires. Elle a donc commencé par élargir les conditions de mobilisation en abaissant l'âge des conscrits de 27 à 25 ans.
Cette réforme durcit les sanctions pour ceux qui tentent de se soustraire à la mobilisation, et facilite également l'enrôlement grâce à la création d'un registre numérique.