Le Maroc et l'Inde renforcent leur partenariat stratégique
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a récemment eu un entretien téléphonique avec son homologue indien, Subramaniam Jaishankar. Cet appel, qui intervient peu avant la réunion des BRICS en Afrique du Sud, vise à renforcer le partenariat stratégique entre les deux nations.
Les deux ministres se sont engagés à dynamiser les relations bilatérales dans divers domaines, en explorant les moyens de renforcer la collaboration "à un niveau encore plus ambitieux", selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.
Comme le rappelle Morocco World News, les origines de la bonne volonté entre Rabat et New Delhi remontent à la visite historique du Roi Mohammed VI en Inde en novembre 2015. Depuis, les liens entre les deux pays se sont approfondis dans plusieurs domaines, notamment l'économie, la politique, la culture et la diplomatie. Cette récente conversation entre Bourita et Jaishankar a également mis l'accent sur la coopération dans d'autres domaines tels que le commerce, l'investissement, la science et la technologie, afin d'obtenir des résultats bénéfiques pour les deux nations.
Outre les questions bilatérales, Bourita et Jaishankar ont abordé "les questions régionales et internationales d'intérêt commun, notamment les relations du Royaume avec les BRICS", ainsi que la position du Maroc sur la scène mondiale et ses engagements vis-à-vis de ses partenaires internationaux, selon la note publiée par le ministère marocain.
En ce qui concerne les BRICS - le bloc formé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud - le ministère indien des Affaires étrangères a officiellement reconnu le caractère unilatéral des invitations envoyées par l'Afrique du Sud pour la prochaine réunion BRICS-Afrique prévue le 24 août à Johannesburg. Selon le ministère, le Premier ministre Narendra Modi participera à la réunion, à laquelle prendront la parole d'autres participants, tous "invités par l'Afrique du Sud". M. Modi assistera également au 15e sommet des BRICS qui se tiendra en Afrique du Sud du 22 au 24 août.
En ce qui concerne la réunion BRICS-Afrique, une source du ministère marocain des affaires étrangères a souligné que l'initiative de la réunion est venue unilatéralement du gouvernement sud-africain. La même source a souligné que le Maroc n'avait jamais anticipé une réponse positive à l'invitation au sommet, quel que soit le niveau d'engagement.
Le responsable a assuré que le Maroc entretient des relations bilatérales et prometteuses avec les quatre autres membres du groupe, dont trois ont des accords de partenariat stratégique avec le Royaume. Cependant, Rabat n'a pas officiellement demandé à rejoindre le groupe des BRICS.
Les tensions entre le Maroc et l'Afrique du Sud ne nuisent pas aux liens entre Rabat et le reste des BRICS
Mohamed Lakrini, professeur marocain de relations internationales et de droit international, explique à Al-Arab que l'Inde comprend pourquoi le Maroc refuse de participer aux réunions des BRICS. "Le problème est lié à la position de l'Afrique du Sud vis-à-vis du Maroc et non au bloc dans son ensemble", explique-t-il. Les tensions entre l'Afrique du Sud et le Maroc découlent des déclarations anti-marocaines de Pretoria, ainsi que de son point de vue sur le Sahara occidental.
Sherifa Lemoire, professeur de sciences politiques à Rabat, déclare aux médias arabophones que "la tentative de l'Afrique du Sud de provoquer le Maroc à travers le sommet des BRICS a échoué". À cet égard, il convient de noter qu'un jour seulement après que le Maroc a annoncé qu'il ne participerait pas aux sessions des BRICS, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a réitéré le soutien de son pays au "peuple sahraoui pour réaliser son indépendance et sa sécession du Royaume du Maroc", ce qui confirme que Pretoria n'est pas un acteur neutre et que son point de vue sur la question est en contradiction avec la souveraineté et l'intégrité territoriale du Royaume, légitimant ainsi la décision de Rabat de ne pas participer au sommet des BRICS.
Selon les analystes, la décision du Maroc de rejeter l'invitation de l'Afrique du Sud ne signifie pas que le Royaume a une position négative à l'égard des BRICS ou des membres du groupe, car la plupart d'entre eux entretiennent des relations étroites avec le Maroc.
Au contraire, "le Maroc peut être considéré comme le plus apte parmi les pays africains à rejoindre le groupe et à bénéficier d'une économie diversifiée et compétitive", souligne Muhammad Mamouni Alawi d'Al-Arab. "Rabat pourra assister aux prochaines réunions des BRICS dans n'importe lequel des quatre autres pays qui composent le groupe (Brésil, Russie, Inde ou Chine)", ajoute-t-il.