Maroc-France : un nouveau partenariat pour plus de coopétition

- Le Maroc, face au défi économique, vise la réussite industrielle
- Les chiffres clés du partenariat franco-marocain
- Maroc/France : une ambition africaine forte
- Les trois convictions d'un partenariat équilibré, intelligent et exceptionnel
- Les cinq conditions pour une industrie marocaine de premier plan
- « Made with Morocco » : une solution aux multiples exigences
La rencontre d'affaires franco-marocaine, organisée à l'Université internationale de Rabat, a réuni des entrepreneurs et des chefs d'entreprise marocains et français opérant dans les secteurs de l'industrie, de la finance et de la transition écologique.
A l'ouverture de cet événement de haut niveau, la ministre marocaine de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, et son homologue français, Antoine Armand, ont abordé les questions d'actualité de l'économie nationale des deux pays, en présentant les données et les réformes menées de part et d'autre.

La co-industrialisation et le « Made with Morocco » ont été les principaux centres d'intérêt pour le développement de l'industrie dans les deux économies. Mohamed Bachiri, président du Groupe Maroc Renault, et Vincent Caro, président de Safran Nacelles, ont mis l'accent sur les forces, les faiblesses et les opportunités de ces secteurs de collaboration.
Le Maroc, face au défi économique, vise la réussite industrielle
La ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a souligné la conviction et la détermination du Maroc pour la décarbonisation de l'industrie nationale, la transition écologique, les énergies propres et renouvelables en tant que piliers de la croissance et de l'émergence économique nécessaires à tout développement durable et inclusif ; énumérant les réalisations du Royaume marocain :
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Le Maroc va au-delà d'une stratégie économique, pour être moral et responsable ; car le Maroc a investi massivement dans les énergies solaires et éoliennes, avec des projets phares tels que le plus grand complexe solaire du monde et les parcs éoliens de Tarfaya. Aujourd'hui, les énergies renouvelables représentent plus de 5 300 MW de capacité, dont 52 % seront installés d'ici 2030.
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La ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca illustre parfaitement la qualité d'une mobilité durable et efficace, tout comme les réseaux de tramway de Casablanca, Rabat et Agadir.
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Le Maroc a su maintenir une croissance positive et résiliente face aux chocs externes et aux crises mondiales successives, avec un taux de croissance moyen de 3,7 % au cours des 20 dernières années ; ce qui témoigne de la solidité de notre économie et de notre capacité à naviguer dans un environnement incertain sous la vision éclairée du roi Mohammed VI.
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La croissance de 4,3 % réalisée depuis 2021 témoigne non seulement de la résilience, mais aussi de la reprise économique en cours ; la diversification de l'économie, l'investissement dans la technologie, l'agriculture intelligente et les industries manufacturières de pointe telles que l'automobile, l'aéronautique et les batteries électriques. La généralisation de la protection sociale, qui marque un tournant historique pour
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le Maroc et répond à des défis sociaux majeurs en fournissant un filet de sécurité pour les plus vulnérables et en réduisant les inégalités grâce à l'aide sociale directe, qui bénéficie directement à 3,9 millions de familles dans le besoin, en plus des subventions au logement.

Fettah Alaoui, a soutenu que « la première priorité est l'être humain, avec la construction d'un véritable Etat social ; c'est pourquoi le Maroc a adopté des réformes structurelles majeures dans les secteurs de l'éducation et de la santé ; plaçant le Maroc sur la voie d'une plus grande justice sociale et d'une plus grande équité ».
Les chiffres clés du partenariat franco-marocain
Cette dynamique positive démontre non seulement le dynamisme des relations économiques, mais aussi notre volonté commune d'aller plus loin : intensifier les projets, notamment dans les secteurs d'avenir tels que les technologies de l'information, la mobilité durable, la grande industrie et la santé.
✍️ Signature de conventions portant sur différents secteurs lors de la Rencontre Entrepreneuriale Maroc 🇲🇦- France 🇫🇷. Des signatures qui abondent dans le sens d’un partenariat économique Maroc-France plus fort, innovant et gagnant- gagnant. pic.twitter.com/fAEv5b51Fk
— CGEM (@CGEM_MA) October 29, 2024
- Les échanges commerciaux entre le Maroc et la France ont atteint 163 milliards de dirhams en 2023, soit 2,8 % de plus qu'en 2022 et 24 % de plus qu'en 2019.
- La France est le deuxième partenaire commercial du Maroc, avec des investissements s'élevant à 14 milliards de dirhams en 2023, tandis que les investissements marocains en France ont atteint un niveau record de 15 milliards de dirhams la même année, soit une augmentation de 28 % par rapport à l'année précédente.
- Près de 1 300 entreprises françaises sont implantées au Maroc.
- La France est le premier partenaire dans des secteurs clés tels que l'automobile, l'aéronautique, l'énergie et les infrastructures.
- La France est le premier employeur étranger avec 150 000 emplois dans les secteurs de l'automobile, de l'aéronautique et de la santé.

Maroc/France : une ambition africaine forte
« Nous sommes convaincus que l'avenir de nos nations passe aussi par le continent africain. Avec la France, nous avons une occasion unique de construire ensemble un nouveau modèle de coopération économique fondé sur la coopétition, c'est-à-dire la coopération tout en maintenant une saine concurrence », a déclaré la ministre marocaine des Finances.
Selon elle, le continent africain représente un potentiel extraordinaire pour les entreprises marocaines et françaises ; d'ici 2050, l'Afrique comptera plus de 2 milliards d'habitants avec une classe moyenne en pleine expansion, des besoins croissants en infrastructures, en énergie, en mobilité, en éducation et en santé. Les deux pays peuvent répondre à ces défis en mutualisant leurs efforts et en valorisant leurs expertises.

« Ces dimensions font de notre partenariat exemplaire une coopération économique gagnant-gagnant, un modèle de référence pour la construction et le renforcement de l'espace euro-africain sur des bases solides et durables », a conclu Nadia Fettah.
Les trois convictions d'un partenariat équilibré, intelligent et exceptionnel
Antoine Armand, ministre français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, a présenté les trois convictions qui marquent l'évolution du partenariat franco-marocain :
- Un partenariat d'exception dans tous les sens du terme, grâce à l'histoire et aux liens qui unissent les deux pays, les deux communautés, les deux familles, les deux nations, et grâce aux domaines économique, industriel, écologique, fiscal, éducatif, agricole, énergétique, de l'enseignement supérieur, de l'innovation, etc.
- Grâce à la détermination et à la vision du roi Mohammed VI, le pays a réalisé de grands progrès économiques, faisant du Maroc l'un des pays les plus stables, les plus solides, les plus développés du continent et l'un des principaux connecteurs entre l'Afrique et l'Europe. Comme la France, le Maroc a mené plusieurs réformes afin de soutenir l'emploi et ceux qui le créent, ainsi que d'accompagner les investisseurs qui contribuent à la croissance et génèrent de la prospérité.
- Les accords signés lors de cette visite sont le reflet d'un partenariat exceptionnel et résolument tourné vers l'avenir ; ils accompagnent l'ensemble des PME et des ETI qui ont des opportunités dans les deux pays. L'investissement et la formation sont la clé du succès industriel, en particulier dans des secteurs pertinents tels que les énergies renouvelables et l'hydrogène, avec une stratégie nationale française et marocaine à mettre en œuvre aujourd'hui pour être compétitif demain.

Les cinq conditions pour une industrie marocaine de premier plan
Mohamed Bachiri, président de Renault Groupe Maroc Industries, a rappelé que le PIB a triplé au cours des 25 dernières années, ce qui témoigne du développement et de la croissance des différents secteurs industriels. Au cours de cette année, l'un des deux secteurs qui n'existaient pas il y a 20 ans (aéronautique et automobile), à savoir l'industrie automobile, est devenu la première industrie exportatrice du Maroc depuis 2014, dépassant le phosphate (à l'exception de l'année du COVID) pour être la plateforme industrielle automobile la plus performante du sud de la Méditerranée.
Bachiri a mentionné que le Maroc est le premier producteur de voitures en Afrique ; rappelant le message du roi Mohammed VI dans la première édition de la Journée nationale de l'industrie en mars 2023 axée sur la souveraineté industrielle comme base du développement économique national du pays.

Le président du Groupe Maroc Industries a expliqué les 5 axes thématiques de la vision royale pour l'industrie nationale :
- La mise à niveau pour créer un écosystème TEC plus orienté vers l'Industrie 4.0, car c'est l'industrie du futur qui soutiendra la compétitivité. Le marché de l'industrie 4.0 au Maroc est évalué à environ 1,5 milliard de dollars, avec un taux de croissance de 12 % par an.
- Une intégration profonde pour créer plus de valeur localement. Le Maroc dispose d'importantes matières premières industrielles. C'est pourquoi nous devons travailler ensemble pour consolider cette intégration et renforcer la compétitivité des différentes industries.
- Régionalisation des investissements en prenant l'exemple des provinces du sud avec la façade atlantique et le port de Dakhla, corridor avec certains pays du Sahel, comme une excellente opportunité pour développer des plateformes logistiques d'affaires et sortir de l'axe El Jadida-Tanger.
- L'industrie à faible émission de carbone pour l'efficacité énergétique. Il ne suffit pas d'avoir de l'énergie propre, il faut l'utiliser à bon escient pour que les industriels puissent optimiser leur consommation d'énergie, en privilégiant les technologies vertes.
- Les marchés publics, en annonçant des projets très importants, notamment l'hydrogène vert, le transport ferroviaire, les infrastructures et la couverture santé généralisée. Il faut vraiment créer une banque de projets au niveau national pour intégrer les PME à tous les niveaux.

« Made with Morocco » : une solution aux multiples exigences
Vincent Caro, président de Safran Nacelles, a souligné que le « Made with Morocco » peut se résumer en 4 points principaux :
- Le niveau de technologie mis en place aujourd'hui au Maroc a initié la robotisation et l'automatisation, la numérisation de l'ensemble du processus transactionnel pour atteindre un meilleur niveau pour les nouveaux projets pilotes avec des équipes marocaines travaillant dans les usines françaises.
- L'écosystème : penser à des processus spéciaux venant au Maroc pour développer un écosystème complet intégrant la technologie afin de bénéficier à l'ensemble de l'industrie à la fois pour le présent et pour l'avenir de l'entreprise française.
- Le capital humain : nous avons pu nous développer grâce à un excellent niveau de formation initiale pour les opérateurs, les techniciens et les ingénieurs, et nous allons plus loin en développant des instituts de formation spécialisés dans les métiers de la maintenance aéronautique ; tout cela pour soutenir et développer nos compétences et les mettre au service de l'évolution des carrières.
- La décarbonisation est essentielle dans l'aéronautique, dans le processus de fabrication, en réduisant drastiquement la consommation d'énergie grâce à la centrale photovoltaïque de Nouaceur. Safran, avec 1 200 personnes, a une consommation d'électricité propre de 35 % et se considère aujourd'hui capable d'atteindre 100 %.