Le Maroc obtient le statut de partenaire de dialogue sectoriel avec l’ASEAN
Mardi 18 juillet, le ministère des Affaires étrangères du Maroc a annoncé dans un communiqué de presse que le pays avait reçu l’accord de principe pour l’obtention du statut de partenaire de dialogue sectoriel auprès de l’ASEAN. Cette décision a été prise lors de la 56ème réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’ASEAN, qui s’est tenue les 11 et 12 juillet dernier à Jakarta en Indonésie.
Premier pays africain à bénéficier de ce statut, le Maroc vise à travers ce partenariat à hisser sa coopération avec les pays membres de l’ASEAN à un niveau supérieur, afin de contribuer à la paix régionale, la stabilité, le développement et la prospérité dans les deux régions. L’une des questions de sécurité principales soulevée lors de la réunion des 11 et 12 juillet est celle de la mer Orientale (mer de l’Est en Chine ou mer du Sud en Corée). Selon le Courrier du Vietnam, les ministres se sont dit préoccupés par les activités de récupération des terres et les incidents graves dans la région, facteurs contribuant à éroder la confiance et augmentant les tensions.
Le partenariat de dialogue sectoriel définit les bases et les perspectives d’une coopération multiforme entre l'ASEAN et le Maroc dans des secteurs identifiés par les deux parties. En février 2018, le Maroc avait proposé un plan d’action de coopération ciblant les domaines de coopération d’intérêt commun de nature à contribuer à la vision de l’ASEAN à l’horizon 2025. Il a été actualisé en février 2023 afin de pouvoir y inclure les derniers développements notamment liés à la pandémie de Covid-19.
Rabat a fait part de sa volonté à partager son expérience et son expertise avec les autres membres de l’ASEAN dans des domaines où la réputation du Royaume est connue à l’échelle internationale comme l’agriculture, la sécurité alimentaire, la pêche, la lutte contre la pollution marine, le commerce, la promotion des investissements, le tourisme et l’éducation.
Ces domaines de coopération sont d’autant plus indispensables qu’une grande majorité des États membres de l’ASEAN connaissent une fragile stabilisation politique, voire alarmante pour certains, selon une carte d’Asialyst. En outre, l’Asie du Sud-Est connaît d’importants épisodes de piraterie maritime et de terrorisme.
Selon le communiqué, ce partenariat « représente une opportunité de coopération substantielle basée sur une démarche gagnant-gagnant qui est au cœur de la politique de coopération Sud-Sud que prône le Maroc ». Ce rapprochement s’inscrit dans la stratégie de diversification des partenariats du Royaume, notamment dans le continent asiatique, voulue par le Roi du Maroc.
Créée en 1967, l’ASEAN comprend dix pays que sont Brunei Darussalam, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Thaïlande, Singapour et Vietnam. Il s’agit d’une organisation politique, économique et culturelle, originellement conçu pour faire face à la menace communiste sur fond de guerre du Vietnam (1955-1975). Aujourd’hui, l’ASEAN est la troisième puissance économique au niveau de l’Asie. Elle s’est inspirée de l’Organisation des Nations Unies pour formuler ses principes que sont le respect mutuel de l’indépendance, la souveraineté, l’égalité, l’intégrité territoriale et l’identité nationale. Cet attachement au principe de souveraineté rend la coopération sécuritaire délicate au sein de l’organisation, à l’exception des questions de la mer de Chine orientale et du Timor-Leste.
Depuis 2016, le Maroc adhère au Traité d’Amitié et de Coopération (TAC) qui avait été signé à Bali en février 1976 par les membres fondateurs de l’ASEAN. Depuis cette date, Rabat a renforcé sa présence dans d’autres organismes régionaux de l’Asie du Sud-Est, notamment ceux liés institutionnellement à l’ASEAN comme la Mekong River Commission (MRC).
Ainsi, cet accord entre l'ASEAN et le Maroc marque une étape importante pour l’État arabe, renforçant la coopération entre les régions et ouvrant de nouvelles voies pour les échanges économiques, sociaux et culturels.
