Le Maroc souffre de stéréotypes qui nuisent à son image

La couverture médiatique du Maroc doit aller au-delà des représentations simplistes et reconnaître le pays comme un acteur régional influent, un allié stratégique et fiable pour l'Espagne. C'est un pays caractérisé par sa richesse culturelle, mais qui souffre de représentations stéréotypées et superficielles dans les médias occidentaux.
Ces réflexions ont été tirées d'une rencontre internationale sur le journalisme, qui s'est tenue ces derniers jours dans la ville de Dakhla, sous le nom de « La complémentarité entre le journalisme de qualité et l'éducation aux médias », et qui a réuni des journalistes, des chercheurs, des experts et des universitaires venus de pays arabes, africains, européens et latino-américains.
Les fausses informations affectent le tissu social d'un pays
La représentation biaisée ou stéréotypée de certaines cultures perpétue les préjugés. En donnant la parole à différentes perspectives, nous contribuerons à promouvoir la compréhension et le respect mutuels afin d'identifier les préjugés et les messages cachés qui nuisent à l'image d'un pays comme le Maroc
À cet égard, Salem Al-Jahouri (expert universitaire d'Oman) a fait valoir que le dialogue interculturel est un processus de compréhension qui conduit à la paix entre les peuples, et que « nous ne devons pas rester prisonniers des clichés, mais au contraire protéger les valeurs communes ».

Le journalisme de qualité joue également un rôle crucial dans l'éradication des discours discriminatoires, haineux ou incitant à la violence. Dans ce contexte, Fanou Bissan Ignace, rédacteur en chef au Bénin, a fait référence aux chartes et codes de qualité (documents qui définissent les principes et les règles) dans les médias africains, soulignant comme éléments clés de la qualité de l'information : le respect de la dignité et de la vie privée, la transparence, la correction des erreurs, la bonne utilisation de l'IA, la protection de l'indépendance des médias et la promotion d'une éthique importante.
Dans cet espace de dialogue et d'échange d'expériences, les conclusions tirées sur les liens culturels, sociaux et professionnels entre le Maroc et l'Espagne mettent l'accent sur l'éthique et les bonnes pratiques, en tant que piliers de la communication pour renforcer les liens bilatéraux entre les deux nations.

Omar Cepeda Castro, journaliste, chroniqueur et présentateur d'actualités internationales, a partagé son expérience au Mexique, évoquant l'idée que les stéréotypes sont les singularités de l'être humain qui ont causé le plus de dégâts au cours de l'histoire. Il est donc nécessaire de créer des plateformes ou des mécanismes de rétroaction qui permettent la continuité systématique de l'interconnexion entre des pays comme le Maroc et le Mexique. « L'Amérique latine et le Maroc renforcent les ponts qui relient les cultures et les opportunités ».
Pour sa part, Álvaro Frutos, avocat espagnol, expert en gestion des risques, relations institutionnelles, communication et enseignement, a mis sur la table l'existence de discours publics vides, dans lesquels l'IA n'est pas le problème, mais plutôt un nouveau modèle de non-pensée. Selon ses propres termes, « l'UE est paralysée, l'Amérique latine est loin du tableau des décisions et l'Afrique est une menace pour le bloc européen, à travers la diffusion d'un discours qui génère des attitudes xénophobes à l'égard du phénomène migratoire ». De nombreux mouvements politiques ont profité de cette situation de confusion pour instrumentaliser des causes humaines telles que la migration.

Selon l'expert Frutos, toutes les cultures et toutes les sociétés devraient converger vers la Méditerranée, « et les jeunes générations ne doivent jamais oublier que le monde n'a pas commencé avec Google ».
Dans ce contexte, les professionnels doivent exercer leur plume dans le respect des valeurs, des principes et des normes du véritable professionnalisme, tels que l'objectivité, l'indépendance et l'intégrité, en évitant l'utilisation abusive du « scoop », le manque de capacité de vérification et de recherche, le recours à des sources non fiables et la préférence pour le sensationnalisme et l'exagération dans la recherche d'une large visibilité.
Odette Cheinfora Konaté, directrice de l'Institut de journalisme, a souligné l'idée de l'éducation aux médias face à la socialisation de l'individu par les médias, d'où la nécessité urgente d'éduquer les citoyens et de s'éduquer soi-même, ainsi que d'acquérir des compétences qui étudient les changements sociaux. L'accès à la profession de journaliste peut se faire simplement avec un smartphone et une connexion Internet.

Le bruit couvre le sens
Le journaliste chilien Francisco Martorell Camarella a salué le développement de débats comme celui-ci, où émerge l'idée de transition, car les faits coexistent ou sont ensevelis par les fausses nouvelles, motivées par des intérêts politiques, voire par des algorithmes qui fabriquent des mensonges. « Le rôle du journaliste est d'informer et d'être un facilitateur de ses propres critères » L'infodémie résiste à la vérité qui se désagrège en poussière informative.
En pleine incertitude mondiale et en constante évolution, où nous assistons à un changement d'ordre mondial, les médias sont confrontés à un défi sans précédent : diffuser des informations qui seront lues dans les plus brefs délais, parfois sans vérifier les sources, parallèlement à la prolifération des pseudo-informations sur les réseaux sociaux, qui ne cesse de s'accroître.

La diffusion d'informations trompeuses génère confusion et méfiance. Tout cela menace l'avenir de la profession, sans oublier la concurrence déloyale exercée par les grandes plateformes mondiales et l'ingérence des réseaux sociaux qui nuisent au bon fonctionnement du professionnel.
L'expert malien Abubakar Abdelwahidou Maiga a encouragé les participants à découvrir l'expérience du Mali, qui est le fil conducteur de tout le continent. Il a dénoncé le manque de suivi et de couverture médiatique des conflits tels que celui du Sahel, sans oublier que l'insécurité sur le terrain ralentit la confirmation des informations.
La surinformation favorise les autorités quant au succès d'une action gouvernementale. La désinformation existe déjà et constitue une source de revenus permettant de détourner l'attention de la question du conflit. « Au Mali, il existe un journalisme qui exerce une hégémonie dans la transmission rapide de l'information afin de pouvoir mettre en place de nouveaux modèles et de nouvelles valeurs qui ouvrent la voie à la consécration des fausses vérités des guerres».
Carmen Chamorro, membre de la direction du CIP/ACPE et diplômée en relations internationales et tourisme mondial de la SEI