Les milieux politiques libyens estiment que l'impartialité du président turc à l'égard de la décision du parlement libyen de remplacer Dbeibé favorise le nouveau premier ministre

La neutralité d'Erdogan donne le feu vert à la formation du gouvernement de Fathi Bashagha

PHOTO/REUTERS - Fathi Bashagha, nommé nouveau premier ministre par la Chambre des représentants

La Chambre des représentants de Libye a défié l'exécutif de Dbeibé il y a quelques jours en nommant Fathi Bashagha comme nouveau premier ministre du pays. Cette décision a provoqué le mécontentement du leader jusqu'alors politique et il s'en est pris à l'institution.  

Le président turc Erdogan ne s'est pas prononcé en faveur de l'un ou l'autre camp, bien qu'il ait exprimé son rejet de la formation d'un gouvernement parallèle. Cette neutralité a conduit certains milieux politiques libyens à penser qu'il soutient Bashagha dans la mise en place de son nouveau cabinet.   

Cela favorise également l'isolement de Dbeibé, dont le refus de céder le pouvoir n'a reçu aucun soutien international. Sur un vol de retour de Dubaï après sa visite officielle aux EAU, le président turc a déclaré que "les relations avec Fathi Bashagha sont bonnes. D'autre part, ils sont également bons avec "Dbeibé".  

Il a également fait une mention spéciale de la tentative d'assassinat de l'ancien premier ministre libyen, la qualifiant de triste événement. Ces déclarations confirment la neutralité de la position de la Turquie sur la controverse entourant le changement de pouvoir en Libye. Préserver les bonnes relations avec la Libye est l'un des principaux objectifs d'Erdogan, quelle que soit la personne à la tête du gouvernement.   

El presidente de Turquía, Recep Tayyip Erdogan

Depuis son entrée en fonction, M. Dbeibé a entretenu des relations solides avec la Turquie et signé de nombreux accords avec des entreprises turques. Les analystes estiment qu'Ankara cherche à "exploiter le climat de calme qui règne dans la région pour nouer des relations solides".  

Plusieurs réunions entre la Libye et la Turquie ont eu lieu ces derniers mois. Une délégation parlementaire libyenne s'est rendue sur le territoire turc et a rencontré plusieurs responsables. L'ambassadeur turc à Tripoli, Kanaan Yilmaz, a visité la région orientale à la fin du mois de janvier.  

Des pays comme la Russie et l'Égypte soutiennent la décision du parlement de former un nouveau gouvernement. Les États-Unis et l'Occident, pour leur part, restent généralement neutres sur ce changement. Le fait d'avoir l'approbation du Kremlin reflète le triomphe de Bashagha, étant donné la position de Moscou. 

Il a également réussi à rétablir les relations entre la Libye et la France, ce qui a conduit la Turquie à favoriser Dbeibé dans sa candidature à la formation d'un gouvernement provisoire en février 2020. En ce qui concerne le Royaume-Uni, M. Bashagha a vivement critiqué la Grande-Bretagne en décembre dernier, l'accusant de " soutenir un gouvernement corrompu ". 

Una imagen tomada el 20 de febrero de 2016 muestra una vista general de una reunión del primer ministro libio designado, Fayez al-Sarraj, para presentar un programa de su nuevo gobierno de unidad nacional, ante el Parlamento en la ciudad de Tobruk

Les scandales de corruption commencent à se répandre et des mandats d'arrêt sont lancés contre trois ministres. Le ministre de l'éducation, le ministre de la santé et le ministre de la culture ont été arrêtés. Les adversaires de Dbeibé ont lancé des accusations contre lui.   

Le Parlement libyen et le Conseil suprême de l'État soutiennent le changement de gouvernement. Toutefois, Khaled al-Mashri, chef du Conseil, a déclaré que "la décision du Parlement d'élire un nouveau Premier ministre avant la tenue d'une session officielle du Conseil suprême est une démarche inappropriée" qui ne contribue pas à établir des "ponts de confiance" entre les deux chambres.   

Les propos d'Al-Mashri ont été utilisés par les partisans de Dbeibé pour promouvoir l'idée que le Conseil suprême de l'État avait retiré son soutien au gouvernement de Bashagha. Les déclarations du président de l'assemblée ont indiqué un désaccord avec la procédure d'élection. 

Le Conseil suprême a accordé un vote de confiance à Dbeibé pour former un gouvernement de transition jusqu'à la tenue des élections. Al-Mashri a affirmé que le texte accompagnant cette décision contenait dans l'un de ses articles que "le mandat de l'Unité Nationale sera jusqu'au 24 décembre 2021 au plus tard". Il a également fait valoir que la nomination de M. Bashagha était fondée sur un consensus entre le Conseil et la Chambre des représentants.