Nouveaux pourparlers entre les ministres des AE du Koweït et de l'Iran concernant les tensions autour des frontières maritimes dans le Golfe

Le ministre des Affaires étrangères (AE) du Koweït, Cheikh Salem Al-Sabah, a rencontré son homologue iranien, Hossein Amirabdollahian, en marge de la réunion interministérielle du Mouvement des non-alignés (MNA) qui s’est tenue à Bakou, Azerbaïdjan, le 3 juillet 2023.
Lors des pourparlers, Téhéran et Koweït ont affirmé l'importance de renforcer la coopération pour maintenir la sécurité, la sûreté et la stabilité de la région, soulignant la nécessité de préserver le dialogue entre eux, note le journal Asharq Al-Awsat. En effet, la relation entre les deux États est fragile depuis que l’Iran a laissé entendre qu'il était prêt à commencer le forage d’un gisement de gaz contesté dans le Golfe Persique : le champ de Dorra ou Arash pour les Iraniens.

Depuis sa découverte au milieu des années 1960, ce champ appartient à la zone neutre partitionnée (PNZ) établie par le Koweït et l’Arabie saoudite, couvrant la zone frontalière terrestre et offshore et dans laquelle tous les gisements d'hydrocarbures seraient exploités conjointement par leurs compagnies pétrolières nationales. Le champ de Dorra n’est toujours pas exploité aujourd’hui, bien que Riyad et Koweït aient tenté de négocier un plan d’exploitation de ses gisements gaziers tout au long des années 2000. Les négociations ont été interrompues en 2013 en raison de désaccords concernant les tracés des gazoducs et le partage de la production de gaz.
Selon un rapport du Middle East Institute, le rejet du plan initial par le Koweït ainsi que la suspension de la production de pétrole des champs PNZ dans les années 2014-2015 semblent indiquer un manque de confiance entre les deux pays. Malgré la reprise de la production des champs fin 2019 et la volonté de développer une relation de confiance, le Koweït et de l’Arabie saoudite ne partagent pas la même philosophie opérationnelle, suggérant ainsi la possibilité réelle d’une impasse pour le futur.
Quelle est la place de l’Iran dans ce différend ? Si les frontières maritimes ont été définies entre le Koweït et l’Arabie saoudite, la limite orientale de la zone, délimitant le Koweït et l'Iran et l'Arabie saoudite et l'Iran, n'a pas été convenue. En outre, les limites du champ gazier de Dorra n’ont pas encore été délimitées et pourraient éventuellement s’étendre vers l’est. Dès lors, il s’étendrait vers les eaux maritimes iraniennes, laissant donc la possibilité à l’Iran de revendiquer une partie du champ gazier.

L'année dernière, le Koweït et l'Arabie saoudite ont signé un accord pour développer le champ, malgré les objections de Téhéran qui a qualifié l'accord « d’illégal ». Koweït a également souligné que le champ de Dorra est une richesse naturelle partagée entre le Koweït et l'Arabie saoudite et qu'aucune autre partie n'y a de droits tant que la démarcation des frontières maritimes n'est pas résolue.
Parallèlement, la huitième conférence de l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a débuté mercredi à Vienne où le ministre koweïtien du Pétrole Saad al-Barrak a affirmé que le Koweït et l'Arabie saoudite avaient un accord pour le développement du champ de Dorra. Il a déclaré à Asharq News que les frontières doivent être délimitées, tout en exhortant l'Iran à entrer « dans la démarcation des frontières internationales, et après cela, quiconque a un droit l'obtiendra selon les règles du droit international ». Al-Barrak y a également catégoriquement rejeter « les activités prévues par l'Iran autour des locaux du champ gazier offshore de Dorra ».
L'Iran et le Koweït ont une histoire de pourparlers infructueux sur leur zone frontalière maritime contestée, qui est riche en gaz naturel. À ce jour, l'Arabie saoudite et le Koweït ont renouvelé leurs appels à Téhéran afin d’entamer des négociations pour délimiter la frontière orientale. L’Iran n’a pas encore répondu à ces appels.