Outre l'accusation de fraude présumée, il y a l'accusation d'être un danger pour la sécurité nationale

Nouvelles accusations contre le magnat de Hong Kong et le militant Jimmy Lai

AFP/ANTHONY WALLACE - Lai a été inculpé en vertu d'une nouvelle loi sur la sécurité nationale le 11 décembre 2020

Jimmy Lai, magnat des médias et militant pour la démocratie à Hong Kong, a été accusé de collusion avec les forces étrangères et de mise en danger de la sécurité nationale en vertu de la loi controversée sur la sécurité nationale. Il est le plus ancien accusé depuis l'adoption de la loi en juin dernier.

"Après une enquête plus approfondie du département de la sécurité intérieure de la police, l'homme de 73 ans est accusé de "collusion avec un pays étranger ou des éléments extérieurs pour mettre en danger la sécurité nationale", a déclaré la police vendredi dans un communiqué.

Lai s'est fréquemment rendu à Washington, où il a rencontré de hauts fonctionnaires, dont le secrétaire d'État Mike Pompeo et l'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, afin de recueillir des soutiens pour sa cause, ce qui a conduit Pékin à l'accuser de "trahison".

Au début de ce mois, il s'est vu refuser la libération sous caution à la suite de son arrestation dans le cadre d'une autre affaire, dans laquelle il faisait l'objet d'une enquête pour fraude liée au bail de l'immeuble où se trouve l'un de ses médias, Apple Daily, un des principaux journaux de l'opposition à la Chine et à ses alliés locaux. Il a donc reçu la nouvelle derrière les barreaux. 

Son arrestation dans cette affaire et la descente de police au siège des médias ont déclenché une vague de protestations de la part de gouvernements étrangers, dont le Royaume-Uni, qui ont accusé la Chine de réprimer la liberté de la presse dans la ville. "C'est une preuve supplémentaire que la loi sur la sécurité nationale est utilisée comme prétexte pour faire taire l'opposition", a déclaré James Slack, porte-parole du Premier ministre Boris Johnson. 

Les nouvelles accusations portées contre Lai s'inscrivent dans un contexte de répression accrue contre les forces d'opposition, qui a conduit à la révocation de législateurs et à l'emprisonnement d'éminents militants pro-démocratie tels que Joshua Wong. 

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La controverse autour de la loi sur la sécurité nationale

Cette loi a été fortement critiquée par les pays occidentaux et les groupes de défense des droits de l'homme, car elle est considérée comme un outil permettant de faire taire les voix dissidentes, car elle est définie de manière vague. Pour leur part, les autorités de Hong Kong ont déclaré qu'il était nécessaire de garantir la sécurité nationale, surtout après les manifestations qui ont secoué la ville l'année dernière. La réglementation stricte prévoit même la prison à vie pour les crimes qui y sont énumérés.

Lai a rejoint la liste des personnes accusées en vertu des nouvelles règles. Parmi eux figure Tong Ying Kit, un jeune homme de 23 ans accusé de terrorisme et de sécession pour avoir conduit une moto contre un groupe de policiers alors qu'il agitait un drapeau pour l'indépendance en juillet dernier. Deuxièmement, un autre jeune homme de 19 ans, accusé de sécession pour ses commentaires sur les réseaux sociaux et actuellement sous enquête pour avoir profané le drapeau chinois. Ma Chun Man, 30 ans, complète la liste, accusé d'incitation à la sécession. 

Le 30 juin de cette année, malgré des protestations massives, la Chine a adopté cette loi, qui représente un danger pour les droits fondamentaux des citoyens de Hong Kong. 

Cette loi est une conséquence des protestations contre la loi d'extradition, qui aurait permis aux personnes arrêtées à Hong Kong d'être jugées en Chine, à l'instigation du chef du gouvernement local, Carrie Lam, qui a finalement refusé de l'adopter après la vague de protestations. Cette réforme visait à mettre fin à la législation actuelle, qui empêche Hong Kong d'extrader des criminels vers d'autres pays, dont la Chine, même s'il s'agit du même pays. De nombreux citoyens ont vu dans cette situation un prétexte pour céder le pouvoir à Pékin. 

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Un pays, deux systèmes  

L'accord signé entre la Chine et le Royaume-Uni en 1997 pour le transfert de Hong Kong contenait un certain nombre de conditions garantissant à la ville un statut spécial. La loi fondamentale sera en vigueur jusqu'en 2047, date à laquelle Hong Kong perdra ce statut.

La loi garantit des droits tels que la liberté de la presse, de réunion et d'expression. Elle permet également aux citoyens d'élire la moitié de l'Assemblée législative, et le pouvoir judiciaire dispose d'une certaine indépendance. C'est pourquoi les manifestants pro-démocratie craignent que la législation adoptée ne réduise leurs droits.