Le parlement libyen met fin au mandat du gouvernement Dbeibe

Il reconnaît l'exécutif d'Oussama Hammad comme le seul gouvernement "légitime" du pays jusqu'à l'élection d'un nouveau cabinet "unifié" 
El presidente del Parlamento de Libia, Aguilah Saleh- PHOTO/AFP
Aguilah Saleh, présidente du Parlement libyen - PHOTO/AFP
  1. Le GNU rejette la décision du parlement, Haftar la soutient 

Le parlement libyen, basé dans l'est du pays, a annoncé unilatéralement la fin du mandat du Gouvernement intérimaire d'union nationale (GUN), une décision qui pourrait aggraver les luttes de pouvoir dans la nation arabe. 

Le parlement, situé dans la ville de Benghazi, a voté à l'unanimité la fin du mandat du GNU, dirigé par Abdul Hamid Dbeibe, déclarant son rival, le gouvernement de stabilité nationale, dirigé par Osama Hammad, comme le seul gouvernement "légitime" du pays jusqu'à ce qu'un nouveau cabinet "unifié" soit élu. 

En outre, le président du parlement, Abdullah Bleihaq, a ajouté que la chambre avait également voté à l'unanimité la nomination du président Aguilah Saleh en tant que haut commandant de l'armée, conformément à la déclaration constitutionnelle.  

Depuis mars 2022, il y a deux gouvernements en Libye. Seul le gouvernement d'union nationale, basé à Tripoli, est reconnu internationalement. Depuis la capitale libyenne, l'exécutif dirigé par Dbeibe administre toute la partie occidentale du pays. 

Le second exécutif, dirigé par Hammad, a été nommé par le parlement et est basé à Benghazi, d'où il contrôle tout l'est de la Libye et les villes du sud.  

Abdul Hamid Dbeibe, chef du gouvernement intérimaire d'unité nationale (GUN) - PHOTO/FILE

Depuis le début de l'année 2022, le parlement de Benghazi a exprimé sa méfiance à l'égard du gouvernement dirigé par Dbeibe à Tripoli, raison pour laquelle il a nommé l'autre gouvernement, qui n'a pas encore pu assumer ses fonctions dans la capitale libyenne en raison du refus de Dbeibe de céder le pouvoir jusqu'aux élections présidentielles et législatives, reportées à partir de décembre 2021. 

Saleh a expliqué que le mandat d'un gouvernement ne devait pas durer plus d'un an et qu'il pouvait être prolongé d'un an, ce qui signifie que le GNU a perdu sa légitimité il y a plus de cinq ans.

C'est pourquoi Saleh a appelé à travailler à la formation d'une autorité unifiée qui luttera pour l'intégrité territoriale, parviendra à une répartition équitable des richesses et à l'égalité des droits entre les régions, et mettra fin à la crise qui frappe le pays depuis des décennies. 

AFP/MAHMUD TURKIA - Celebraciones que conmemoran el décimo aniversario de la revolución de 2011 en Trípoli, Libia 17 de febrero de 2021
Célébrations marquant le dixième anniversaire de la révolution de 2011 à Tripoli, en Libye - AFP/MAHMUD TURKIA

"Le parlement cherche à former une autorité unifiée capable de gouverner et de réaliser la justice", a souligné Saleh, notant que la capitale, Tripoli, est tombée sous le contrôle de gangs armés. 

En ce qui concerne les consultations relatives à l'unification du pouvoir, une réunion tripartite entre les chefs de la Chambre des représentants, du Conseil suprême de l'État et du Conseil présidentiel s'est tenue au Caire avec l'aide de la Ligue arabe. 

A cet égard, Saleh a annoncé un accord pour "former un gouvernement unifié" et la tenue d'une autre réunion dans le but d'élaborer un mécanisme pour le sélectionner. 

PHOTO/ARCHIVO - Aguila Saleh, presidente de la Cámara de Representantes de Libia
Aguila Saleh, président de la Chambre des représentants de Libye - PHOTO/FILE 

Le vote du Parlement intervient après l'échec de la tentative du Conseil d'État de renouveler sa présidence, ainsi que les rumeurs selon lesquelles le président du Conseil présidentiel aurait l'intention de renverser le gouverneur de la Banque centrale libyenne, Al-Siddiq Al-Kabir, ce qui entraverait l'accès de la Libye aux marchés financiers internationaux. 

Le GNU rejette la décision du parlement, Haftar la soutient 

Comme prévu, Dbeibe n'a pas reconnu la décision du parlement de mettre fin au mandat de son gouvernement, considérant le gouvernement d'Oussama Hammad comme une "autorité parallèle qui ne jouit pas de la reconnaissance internationale". Depuis Tripoli, le GNU a déjà annoncé son rejet des récents résultats de la Chambre des représentants, réitérant son intention de rester au pouvoir jusqu'à la tenue d'élections présidentielles et législatives. 

"Les décisions de la Chambre des représentants, qui ne changent en rien la réalité, sont des déclarations et des positions émises par un parti politique qui se bat pour prolonger ses années au pouvoir, et non par une autorité législative représentant l'ensemble de la nation libyenne", a ajouté le GNU dans un communiqué. 

REUTERS/ESAM OMRAN AL-FETORI - El general Jalifa Haftar, al mando del Ejército Nacional Libio
Le général Khalifa Haftar, commandant de l'armée nationale libyenne - REUTERS/ESAM OMRAN AL-FETORI 

Pour sa part, le commandant de l'armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, acteur clé de la scène politique libyenne, a salué la décision du Parlement, tandis que le gouvernement de Hammad a appelé toutes les autorités à la mettre en œuvre, demandant également aux pays et aux organisations de la soutenir et de diriger leurs ambassades vers Benghazi plutôt que vers Tripoli.  

Cette situation accentue la division en Libye et fait craindre une nouvelle escalade de la violence dans le pays, qui aggraverait la crise politique. Pendant ce temps, les citoyens libyens attendent les élections présidentielles et parlementaires tant attendues, reportées à décembre 2021.