Lors de l'interview sur La Sexta, le Président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a justifié et expliqué le changement de position sur le Sahara occidental

Pedro Sánchez : "L'Espagne doit faire partie de cette solution constructive pour le Sahara"

El primer ministro marroquí, Aziz Akhannouch (dcha.), se reúne con su homólogo español, Pedro Sánchez (izq.), en Rabat, el 2 de febrero de 2023 - PHOTO/AFP
PHOTO/AFP - Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch (à droite) rencontre son homologue espagnol Pedro Sánchez (à gauche) à Rabat, le 2 février 2023.

Les relations entre Rabat et Madrid sont en bonne santé, en partie grâce aux décisions du gouvernement actuel. Le travail de l'Espagne sur le dossier humanitaire au Sahara occidental est essentiel. Comme le montrent les chiffres auxquels Sánchez s'est référé, l'Espagne est le premier donateur d'aide humanitaire au peuple sahraoui.

De même, il a été catégorique face aux spéculations de l'intervieweur Jordi Évole concernant la qualification de "monarchie absolutiste" lorsqu'il a fait référence à la royauté marocaine. Le président a répondu : "Je ne vais pas entrer dans cette caractérisation de la monarchie marocaine que vous faites", a-t-il déclaré. "Je ne suis pas d'accord. En tant que président, je pense qu'il est important de le dire clairement", a-t-il ajouté.

FOTO/ARCHIVO - Pedro Sánchez, presidente de España
FOTO/ARCHIVO - Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol

Les accords entre l'Espagne et le Maroc tiennent compte des préoccupations économiques et sociales des deux peuples. Les accords commerciaux, l'autonomie du Sahara occidental, la coopération bilatérale en matière de sécurité dans la lutte contre le terrorisme et la régularisation de l'immigration sont les quatre pieds de la table qui contiennent les fruits des relations hispano-marocaines.

"Notre relation avec le Royaume du Maroc est stratégique dans tous les sens du terme", Pedro Sánchez

L'un des principaux attraits du PSOE est la possibilité de former l'une des alliances géopolitiques les plus importantes avec le Royaume : construire la passerelle entre l'Afrique et l'Europe. Étant donné que l'Algérie n'entretient pas de bonnes relations avec ses voisins européens, Madrid et Rabat voient tous deux comment une amélioration des relations et, surtout, comment une continuité prolongée de ces relations pourrait faire de l'alliance hispano-marocaine l'une des plus importantes.

 

"Le Maroc est important pour nous en termes de commerce, d'accès économique à un continent important de la taille de l'Afrique, de sécurité, de lutte contre le terrorisme et de politique d'immigration, sans aucun doute", a souligné Sánchez.

L'initiative marocaine d'autonomie est "la base la plus sérieuse, la plus réaliste et la plus crédible pour résoudre le conflit", selon le Président du gouvernement.  "Je suis devant un fait accompli : il n'y a pas eu de progrès depuis 50 ans que dure ce conflit", a-t-il déclaré. "Par conséquent, si la communauté internationale, les États-Unis et les principales nations européennes disent que nous devons chercher d'autres moyens de résoudre ce conflit dans le cadre des résolutions de l'ONU et du Conseil de sécurité de l'ONU, nous devons nous y conformer", a-t-il conclu.

AFP/FADEL SENNA - Puesto fronterizo entre Marruecos y Mauritania en Guerguerat, situado en el Sáhara Occidental
AFP/FADEL SENNA - Poste frontière entre le Maroc et la Mauritanie à Guerguerat, Sahara occidental

Muhammad al-Tayyar, chercheur en études stratégiques et de sécurité, a estimé que "le Parti socialiste a fait sauter tout ce qui avait été construit par les partisans du Polisario". Selon lui, les partis espagnols "ont été convaincus du rôle du Maroc et ne peuvent pas être soumis au chantage du dossier du Sahara", a-t-il déclaré dans une interview accordée à The Arab Weekly. Pour inverser le changement de position sur le conflit du Sahara, l'Algérie et le Front Polisario demandent à Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti Populaire (PP), de traduire en "actes" son refus de soutenir la proposition de Pedro Sánchez d'une autonomie marocaine pour le Sahara.

The Independent a également rapporté que "des sources proches du régime algérien appellent Feijóo à prendre des mesures pour inverser un changement de position sur le conflit du Sahara marocain".

PHOTO/ARCHIVO - presidente del Partido Popular, Alberto Núñez Feijóo
PHOTO/ARCHIVO - Alberto Núñez Feijóo, président du Partido Popular (Parti populaire)

Alberto Núñez Feijóo, a refusé de répondre aux questions sur la possible annulation de la décision du gouvernement de soutenir l'initiative marocaine pour l'autonomie au Sahara en vue des élections imminentes le mois prochain et son refus de révéler toutes ses cartes dans le dossier des relations bilatérales. "Seuls Sánchez et Albares (ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération du Royaume d'Espagne) peuvent dire ce que nous avons fait", a-t-il soutenu lundi dernier dans une interview avec la station de radio espagnole Cadena Ser.

"Je ne sais pas ce qu'a fait mon gouvernement",  Alberto Núñez Feijóo

Sánchez a nié que le changement de position de l'Espagne soit lié à une série de chantages avec des objectifs stratégiques de la part des services secrets marocains, comme l'ont évoqué les partis d'opposition en Espagne. Il a souligné qu'il avait "pleine confiance dans le fait qu'il gagnera les élections avec les voix et les sièges nécessaires pour former sa majorité, qui ne sera pas absolue", et a ajouté que "nous aurons une majorité progressiste avec Yolanda Díaz".

PHOTO/FILE - Yolanda Díaz
PHOTO/ARCHIVO - Yolanda Díaz, candidate du parti de coalition SUMAR

Agustín Santos Maravir, ambassadeur d'Espagne à l'ONU, est connu pour son soutien au Maroc sur la question du Sahara et la proposition d'autonomie pour résoudre ce différend. Yolanda Diaz, candidate du parti de coalition SUMAR, a contrarié le Polisario et l'Algérie en plaçant Maravir en deuxième position sur la liste SUMAR. Le Front Polisario et ses partisans en Espagne, selon les médias espagnols, ont été "choqués" par cette élection.