Poutine affirme que l'Occident lui a déclaré la guerre lors du défilé militaire du Jour de la Victoire

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré mardi que son pays se trouvait au milieu d'une "véritable guerre" déclarée par l'Occident, qu'il a accusé d'avoir oublié les leçons de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'Allemagne nazie cherchait également à obtenir l'hégémonie mondiale.
"Une véritable guerre a de nouveau été déclenchée contre notre patrie. Mais nous résistons au terrorisme international, nous défendrons les habitants du Donbas et nous assurerons notre sécurité", a déclaré Poutine sur la place Rouge lors du défilé militaire du Jour de la Victoire.
Some of the usual logical acrobatics here as Putin opens his commemoration speech on the Red Square saying Europe was attacked by Nazi forces and now "civilisation" has once again been attacked. pic.twitter.com/moiaHRiUsd
— Polina Ivanova (@polinaivanovva) May 9, 2023
Accompagné de vétérans nonagénaires de la guerre mondiale, mais isolé du reste du monde, Poutine a profité de la date la plus importante du calendrier russe pour haranguer les troupes qui se battent en Ukraine, dont la victoire est plus que douteuse à ce stade de la campagne.
Poutine a assuré qu'"il n'y a rien de plus important aujourd'hui" pour le Kremlin que "l'opération militaire spéciale", dont dépendent, a-t-il admis, la sécurité et l'avenir du pays.
Le défilé a d'ailleurs été précédé d'un nouveau bombardement nocturne sur Kiev, quelques heures avant l'arrivée dans la ville de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Good to be back in Kyiv.
Where the values we hold dear are defended everyday.
So it is such a fitting place to celebrate the day of Europe.
I welcome President @ZelenskyyUa's decision to make 9 May Europe Day also here in Ukraine. pic.twitter.com/MEGOEfgyIq— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) May 9, 2023
LA GUERRE DE L'OUEST
Du haut de sa chaire située à côté du mausolée de Lénine, il a de nouveau donné une leçon d'histoire à l'Occident, l'avertissant que, comme avec Hitler, "l'ambition démesurée, l'arrogance et la permissivité conduisent inévitablement à la tragédie".
"Nous considérons que toute idéologie suprématiste est par nature répugnante, criminelle et mortelle. Au lieu de cela, les élites mondialistes continuent à défendre leur exclusivité, à monter les gens les uns contre les autres et à diviser les sociétés, à provoquer des conflits sanglants et des coups d'État, à semer la haine, la russophobie et un nationalisme agressif", a-t-il souligné.
No other tanks except for T-34 were present on the Red Square in Moscow. Russian soon will need T-34s too pic.twitter.com/LJMvFSdOz5
— Giorgi Revishvili (@revishvilig) May 9, 2023
Il a accusé les puissances occidentales d'"imposer leur volonté, leurs droits, leurs règles" et, en réalité, de forger "un système de pillage, de violence et d'oppression" dans lequel elles détruisent également "les valeurs traditionnelles qui font de l'homme un homme".
Il a déclaré qu'"ils semblent avoir oublié à quoi a conduit la folle aspiration des nazis à dominer le monde, qui a détruit ce mal monstrueux et absolu (...) et qui n'a épargné aucune vie au nom de la libération des peuples d'Europe", faisant allusion à l'Armée rouge.
Il a également accusé certains pays "revanchards", dans une allusion claire à la Pologne et aux pays baltes, de préparer une "nouvelle marche contre la Russie", dont le but serait de provoquer sa désintégration.
L'ISOLEMENT DU KREMLIN
Afin d'éviter l'isolement total du chef du Kremlin, les dirigeants de plusieurs anciennes républiques soviétiques ont été invités à la dernière minute, ce qui porte le total à sept dirigeants, dont le plus important est le principal allié de la Russie en Ukraine, le Biélorusse Alexandre Loukachenko.
Poutine a également adressé ses vœux aux peuples ukrainien, moldave et géorgien, mais pas à leurs dirigeants, avec lesquels il est en désaccord.
Depuis le 60e anniversaire de la victoire (2005), où le président américain George W. Bush avait assisté au défilé, la liste des invités s'est réduite au point que les dirigeants occidentaux ont disparu.
Well... This is rather unexpected. Lukashenko arrives in Moscow just in time for the Victory Day Parade tomorrow. #lukashenko #Belarus #Russia #Putin #Kremlin #Moscow pic.twitter.com/4A7600Kv4P
— Natalka (@NatalkaKyiv) May 8, 2023
Le dirigeant russe n'a pas hésité à faire allusion dans son discours à l'Ukraine qui, selon lui, vit une "catastrophe", mais pas à cause de l'intervention militaire lancée par la Russie en février 2022.
"Elle est l'otage d'un coup d'État, du régime criminel qui en découle et de ses maîtres occidentaux. Elle est une monnaie d'échange dans la réalisation de leurs plans cruels et lucratifs", a-t-il déclaré.
LA TERREUR À L'ARRIÈRE
Quelque 10 000 soldats, dont plus d'un demi-millier de combattants ukrainiens, ont défilé sur la place pavée, mais la journée a été marquée par des mesures de sécurité strictes, en raison des craintes de sabotage de la part des Ukrainiens.
La Russie a présenté les chars (T-72, T-34 et T-14), les batteries antiaériennes S-400 et les missiles de croisière Iskander qui terrorisent le pays voisin, ainsi que les fusées intercontinentales Yars, mais l'exercice militaire musclé de cette année ne comportait pas de parade aérienne.
Russia’s army is the most powerful in the world, - putin.
— Maria Drutska 🇺🇦 (@maria_drutska) May 9, 2023
“Historical parade” with T-34 on the Red Square in Moscow. pic.twitter.com/H4KRXYiZsw
Le régiment immoral, la marche traditionnelle avec les portraits des soldats tombés au combat, un événement auquel Poutine participe toujours, a également été annulé en raison du risque trop élevé, et plus de vingt villes de la partie européenne de la Russie ont suspendu les défilés.
Dans un geste sans précédent, le Kremlin a fermé la Place Rouge au public pendant deux semaines, une décision prise avant que deux drones prétendument ukrainiens n'endommagent la semaine dernière le dôme du palais du Kremlin, où se trouve le bureau de Poutine.