Poutine et Biden s'entretiennent au téléphone alors que les tensions en Ukraine augmentent

Malgré les efforts diplomatiques, la crise en Ukraine se poursuit sans relâche. Selon les rapports des services de renseignement américains, une invasion russe est plus proche que jamais. Trois responsables de l'administration de Joe Bien ont déclaré à Nick Schifrin de PBS que Washington pense que le président russe Vladimir Poutine a décidé d'envahir l'Ukraine et a déjà communiqué cette décision aux militaires.

Les États-Unis s'attendent à ce que l'invasion commence la semaine prochaine. Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, prévient que l'agression pourrait même commencer "pendant les Jeux olympiques". L'administration Biden prévoit "une campagne horrible et sanglante" qui commencerait par deux jours de bombardements aériens et de guerre électronique et se terminerait par une invasion visant à changer le régime de Kiev.

Dans ce contexte, Washington a demandé à tous ses ressortissants en Ukraine de quitter le pays dans les 48 heures. "Ceux qui resteront prendront un risque sans avoir la garantie qu'il y aura une autre occasion de partir", a averti M. Sullivan.

En janvier dernier, les États-Unis avaient déjà ordonné l'évacuation du personnel non essentiel de leur ambassade à Kiev, mais ils ont désormais inclus le corps diplomatique. La grande majorité, soit quelque 200 employés américains, sera déplacée à l'extrême ouest de l'Ukraine, près de la frontière polonaise, afin de maintenir une délégation dans le pays, selon l'Associated Press. 

Washington a également décidé d'envoyer 3 000 soldats supplémentaires en Pologne, qui s'ajouteront aux 8 500 soldats déjà en attente d'un éventuel déploiement en Europe. Elle a également envoyé une nouvelle cargaison d'armes à l'Ukraine. Le ministre ukrainien de la Défense, Alexeï Reznikov, a annoncé sur son compte Twitter que la livraison de 130 tonnes comprenait des grenades, des missiles antichars Javelin et des munitions. 

D'autres pays comme la Norvège, la Lettonie, l'Estonie, Israël, le Japon, la Corée du Sud et le Royaume-Uni ont emboîté le pas aux États-Unis et ont demandé à leurs citoyens de quitter l'Ukraine immédiatement. Certains ont également commencé à évacuer certains de leurs diplomates.

Selon la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, la délégation diplomatique russe en Ukraine continue d'assurer ses fonctions de base. Toutefois, l'agence de presse russe, RIA, a indiqué que certains diplomates russes ont commencé à quitter le pays.

Les tentatives de trouver une solution politique à la crise persistent malgré les graves indications fournies par les rapports américains. M. Biden et le président français Emmanuel Macron doivent s'entretenir par téléphone avec M. Poutine pour discuter des développements actuels. Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, la partie américaine a demandé cette conversation. 

Poutine et Biden se sont entretenus au téléphone à deux reprises en décembre, mais aucun accord n'a été conclu. Auparavant, les deux dirigeants s'étaient rencontrés à Genève en juin de l'année dernière.

M. Poutine s'entretiendra avec M. Biden samedi soir, tandis que la conversation avec M. Macron aura lieu vers midi. Cette semaine, le président français s'est rendu à Moscou et s'est entretenu avec Poutine pendant cinq heures. Il s'est ensuite rendu à Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodimir Zelensky.

Depuis que Washington a commencé à mettre en garde contre une éventuelle agression contre l'Ukraine à la fin de l'année dernière, Moscou a toujours nié ces accusations. Lors de multiples réunions et appels, les responsables russes ont répété qu'il n'y avait aucun projet d'invasion de l'Ukraine. 

Lors de la dernière réunion entre la Russie et l'Occident, incarnée par les ministres de la défense russe et britannique Sergey Shoigu et Ben Wallace, Shoigu l'a réaffirmé une nouvelle fois. Il a également souligné que la tension croissante dans la région n'est pas la faute de Moscou. "Pour notre part, nous voudrions également offrir une contribution pour réduire cette tension et cesser de remplir l'Ukraine d'armes. Cela vient de tous les côtés, cela se fait publiquement, de manière révélatrice", a déclaré M. Shoigu.

Commentant les dernières affirmations américaines concernant une "invasion imminente", le ministère russe des affaires étrangères a déclaré qu'une "attaque médiatique coordonnée" contre Moscou était en cours. Le porte-parole du Kremlin a condamné ces déclarations comme étant "vides et sans fondement".

Kiev appelle au "calme" face aux derniers développements. "En ce moment, il est extrêmement important de rester calme, de se consolider à l'extérieur du pays, d'éviter les actes qui déstabilisent la situation et sèment la panique", a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué. Selon des sources locales, le gouvernement ukrainien a également déployé des troupes de l'est pour renforcer la capacité de défense de la capitale.

Toutefois, l'Ukraine a également exhorté la Russie à fournir des explications détaillées sur ses activités à la frontière en faisant appel au Document de Vienne sur la réduction des risques. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kuleba, a rappelé que, selon ce document, Moscou "doit faire rapport sur les zones exactes de son activité militaire". "La Russie a 48 heures pour répondre", a-t-il ajouté.

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra