Le Premier ministre libanais démissionne après l'explosion du port de Beyrouth

Le Premier ministre libanais Hassan Diab a démissionné lundi. L'explosion dans le port de Beyrouth, qui a fait au moins 160 morts et rouvert de vieilles blessures dans la société libanaise, a intensifié les protestations appelant à une refonte complète du système politique libanais, dominé par des dynasties familiales qui se sont succédées au pouvoir ces 15 dernières années.
Lors de son discours, il a déclaré que cette tragédie était le résultat d'une "corruption endémique" et a demandé que les responsables de ce désastre soient traduits en justice. Le ministre de la santé Hamad Hasan avait annoncé plusieurs heures auparavant que le Premier ministre avait l'intention de démissionner. La colère et l'indignation ont déclenché une vague de démissions, dont celle du ministre de la justice, des finances et de la jeunesse, ainsi que des titulaires des portefeuilles de l'information et de l'environnement.
"J'annonce aujourd'hui la démission de ce gouvernement", a déclaré M. Diab dans un message à la nation dans lequel il parle de la lutte contre les corrompus et de la nécessité d'avoir un Exécutif du salut national. "Les systèmes de corruption sont plus importants que l'État" au Liban", a déclaré M. Diab, dont le cabinet a été formé en décembre 2019 en réponse à la vague de protestations qui a éclaté dans le pays en octobre contre le système de gouvernement corrompu et sectaire.
"Certaines personnes n'ont pas bien lu la révolution libanaise du 17 octobre, elle était contre eux mais ils ne l'ont pas comprise", a-t-il ajouté. Le Premier ministre démissionnaire a déclaré que son gouvernement, qualifié de technocrate, avait fait "tout ce qu'il pouvait pour sauver le pays", mais qu'il y avait "une grande barrière" au changement.
"Ils devraient avoir honte car leur corruption a duré sept ans", a-t-il déclaré, ajoutant que la catastrophe portuaire s'est depuis lors installée. Entre-temps, la violence s'est à nouveau répandue dans la capitale du pays. Les affrontements entre les manifestants et la police se poursuivent pour le troisième jour consécutif. Selon l'agence de presse EFE, des dizaines de personnes ont jeté des pierres et allumé des feux, auxquels les agents de sécurité ont répondu en lançant des gaz lacrymogènes.
L'explosion a été causée par près de 3 000 tonnes de nitrate d'ammonium qui avaient été stockées dans le port depuis 2014 sans précautions adéquates, comme l'a admis Diab le jour de l'incident. On ne sait pas encore ce qui a provoqué l'explosion de la cargaison, mais plusieurs personnes responsables de son stockage font l'objet d'une enquête.