Abdul Hamid Dbeibé a promis de rédiger une nouvelle loi visant à mettre fin à la crise politique du pays

Le premier ministre libyen promet une nouvelle loi électorale

PHOTO/AP - Le Premier ministre désigné Abdul Hamid Mohammed Dbeibé, lors d'une conférence de presse, jeudi 25 février 2021, à Tripoli, en Libye.

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision libyenne Al-Ahrar TV, Dbeibé a manifesté son intention de présenter un nouveau projet de loi à la Chambre des représentants de Libye. Une fois approuvé, il sera transféré au Conseil présidentiel pour ratification.

La loi électorale vise à résoudre la grave crise politique et économique que traverse le pays africain depuis 2011. En 2011, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour manifester contre le régime dictatorial de Kadhafi. Ce soulèvement, soutenu par l'OTAN, s'est terminé par le déclenchement d'une guerre civile acharnée.

Le premier ministre a fait ces remarques un jour après avoir survécu à une tentative d'assassinat. L'incident a eu lieu jeudi dernier alors que Dbeibé rentrait chez lui dans le centre de Tripoli. Certains médias arabes ont rapporté des images montrant les dégâts causés au véhicule dans lequel se trouvait le dirigeant libyen. 

Les divisions politiques se sont aggravées après que la Chambre des représentants a désigné Fathi Bashagha comme nouveau Premier ministre par intérim. Cette décision n'a pas été accueillie favorablement par Dbeibé, qui estime que "la sélection d'un nouveau gouvernement par le Parlement est une nouvelle tentative d'entrer à Tripoli par la force".

Dans le même temps, il affirme qu'il ne cédera ses pouvoirs qu'à un candidat démocratiquement élu par les citoyens. Outre Bashagha, le parlement libyen a également retenu Khaled al-Bibas comme candidat au poste de premier ministre. Tous deux ont une longue carrière professionnelle. Bashagha a été ministre de l'Intérieur entre 2018 et 2020, et al-Bibas était président d'une grande entreprise technologique libyenne.

La nomination de Bashagha a été entourée de controverses. Al-Bibas a accusé Aqila Saleh, le chef du parlement, de mentir et de manipuler les candidats, car sa candidature aurait été retirée juste avant la tenue du vote. Abdullah Bliheg, porte-parole de la Chambre des représentants, a affirmé que la nomination avait "le consentement unanime des personnes présentes".

Les deux candidats ont formulé les principaux objectifs de leurs programmes politiques devant la Chambre des représentants. La Chambre des représentants cherche également à mettre en place un comité pour la formation de la Magna Carta et d'une loi électorale forte. Des sources proches de Bashagha ont révélé que l'exécutif sera rebaptisé Gouvernement de solidarité nationale (GNS).

Dbeibé est catégorique : il ne soutiendra pas l'émergence de nouvelles étapes dans le processus de transition. Il ne permettra pas non plus la création d'une autorité parallèle et continue d'accuser Saleh d'essayer de diviser à nouveau le pays en mettant fin à son mandat.

En mars 2021, la Libye est parvenue à former un gouvernement d'unité après un long processus de pourparlers, à la suite d'une opposition entre le Gouvernement d'entente nationale de Fayez al-Sarraj et l'Armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. L'objectif était d'unifier les administrations belligérantes, l'une sous la direction d'al-Sarraj basée à Tripoli et l'autre sous la direction de Haftar soutenu par le gouvernement oriental de Tobrouk, qui a mené une guerre civile pendant plusieurs années. 

Les plans visant à trouver un règlement ont été mis à mal, mais l'exécutif a pu se remettre de cette évolution. Le Forum de dialogue politique libyen (FDPL) et l'ONU ont confié à Dbeibé la tâche de mettre fin aux combats qui ravageaient le territoire.

Le leader politique devait occuper le poste de premier ministre par intérim jusqu'à la tenue d'élections en décembre 2021. Cependant, ces scrutins n'ont pas eu lieu, la Haute Commission électorale nationale (HNEC) ayant pris la décision de les reporter en raison de divergences entre les pouvoirs politique et judiciaire.

La crainte réside désormais dans la possibilité de nouveaux affrontements entre les partisans de Dbeibé et le parlement. Le désir de changement de la part des citoyens libyens est plus qu'évident et tout ce qu'ils veulent, c'est un gouvernement qui assure le redressement de leur pays.