Le Sommet d’Addis Abeba a été le premier des trois qui renforceront les liens entre l’Union européenne et l’Union africaine pour 2020

La première pierre d’une nouvelle stratégie pour l’Afrique

PHOTO/ETIENNE ANSOTTE/COMISIÓN EUROPEA - La présidente de la Commission européenne

Addis Abeba, capitale éthiopienne, a accueilli le dixième Sommet Commission – Commission entre l’Union européenne et l’Union africaine. Le Collège des commissaires de l’UE s’y est réuni presque entièrement – la visite au cours de laquelle le plus grand nombre de membres de la Commission européenne ont été présents – avec leurs homologues africains, et c’est la première rencontre des trois qui est prévue cette année à différents niveaux politiques. Avec ce premier sommet d’Addis-Abeba, en plus d’aborder les défis auxquels sont confrontées les deux commissions, Von der Leyen cherchait à prendre le pouls de ses partenaires sur la proposition d’une nouvelle stratégie pour l’Afrique qui sera présentée début mars. Suite à la présentation de cette stratégie dans les jours à venir, un processus conjoint sera lancé pour établir les priorités partagées sur lesquelles il convient de mettre l’accent et qui seront abordées lors des deux autres rencontres prévues. Le second, qui aura lieu en mai à Kigali, au Rwanda, sera une rencontre au niveau ministériel. Le troisième sera le 6e sommet UE-AU d’octobre, cette fois sur le sol communautaire, à Bruxelles.

Ce sommet a porté sur quatre thèmes : l’investissement durable et la création d’emplois; le changement climatique et la numérisation; la paix et la gouvernance, et enfin la mobilité et les migrations. Les deux premiers aspects portent le signe distinctif de Von der Leyen, car ils sont également des domaines clés de son projet pour l’Union européenne elle-même. Depuis l’adoption de la stratégie commune Afrique-UE lors du sommet de Lisbonne en 2007, les relations entre l’UE et l’Afrique se sont considérablement consolidées. 

Relación comercial UE

Au-delà du contexte strictement commercial et économique entre l’UE et l’Afrique, l’Union européenne développe déjà certaines actions sur les thèmes abordés lors du sommet. Dans le domaine de l’investissement et de la création d’emplois, le Partenariat Afrique-Europe a été lancé en 2018 et, avec la mobilisation de plus de 4,6 milliards d’euros dans le cadre du plan d’investissement extérieur de l’UE, il est prévu de créer 10 millions d’emplois d’ici 2023, en accordant une attention particulière aux jeunes et aux femmes.

En ce qui concerne la sécurité et la bonne gouvernance, l’Union européenne effectue 10 missions de nature différente sur le continent africain. Les missions vont de la surveillance maritime à la formation du personnel militaire et des secteurs de la sécurité et de la défense. L’UE a également contribué au développement et à l’amélioration des processus électoraux dans plus d’une douzaine de pays et a fourni une aide juridique à plus de 70000 personnes. Pour renforcer la lutte contre le changement climatique, l’UE a investi plus de 2,5 milliards d’euros dans les énergies renouvelables en Afrique subsaharienne depuis 2014. Pour améliorer la numérisation de l’Afrique, tâche qui reste à accomplir, l’UE met en œuvre des projets tels que l’AfricaConnect, qui vise à améliorer la connectivité et l’accès à l’internet dans le domaine de l’éducation et de la recherche, et qu’il a reçu une nouvelle contribution de 30 millions d’euros en décembre dernier.

La présidente de la Commission européenne et le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ont évoqué dans leurs discours la nécessité d’un environnement sûr sur le continent, sans lequel les autres initiatives seraient gravement compromises. À cet égard, il a été fait mention de la campagne “Silence the guns”, à laquelle Von der Leyen s’est montré très intéressé et à laquelle il a offert tout son soutien à son homologue africain. Aucun d’entre eux n’a voulu négliger les possibilités commerciales qui s’ouvrent en Afrique, avec un grand nombre des pays qui connaissent la croissance la plus rapide au monde et que la nouvelle zone de libre-échange Afco-FTA stimulera de façon significative. Les autres thèmes abordés lors du sommet n’ont pas manqué non plus de mentionner les changements climatiques, les énergies durables ou les mouvements migratoires. Ils ont tous les deux souligné que ce n’était que le premier pas sur la voie d’un nouveau départ entre l’Afrique et l’Union européenne, qui se concrétiserait durant le reste de l’année. 
 

La presidenta de la Comisión Europea, Ursula von der Leyen, y el presidente de la Comisión de la Unión Africana, Moussa Faki, visitan el Monumento a los Héroes de la Unión Africana

Bien que les tables rondes aient été variées et aient porté sur des domaines d’urgence tels que le changement climatique, les principaux développements ont eu lieu à la fin de la journée dans le secteur sécuritaire, quelque chose qui provoque une profonde préoccupation face à la détérioration rapide de plusieurs régions. C’est là que se trouve l’un des principaux déficits de l’action extérieure européenne, l’Union européenne n’ayant pas la possibilité d’apporter du matériel létal dans le cadre de ses accords commerciaux avec les pays tiers, en réduisant cette question au domaine des exportations des États Membres. Moussa Faki lui-même a averti que pour lutter contre les terroristes, ils avaient aussi besoin d’armes. Afin de sauver dans une certaine mesure ce handicap, l’UE, sur la proposition de son prédécesseur, Federica Mogherini, a créé en 2018 le Fonds européen de soutien à la paix (European Peace Facility), qui a remplacé le Fonds de soutien à la paix pour l’Afrique. Avec les fonds de cet outil, qui peuvent atteindre 10 milliards d’euros et indépendants du budget communautaire, l’Union européenne se garde la possibilité, en plus des missions de formation et de formation qu’elle réalise déjà, fournir une aide globale qui comprend non seulement la formation, mais aussi des équipements et des moyens de soutien.

Le Haut Représentant actuel a examiné la possibilité d’accroître l’aide apportée par l’Union européenne par le biais de ce mécanisme afin de renforcer davantage, y compris par des moyens matériels, le secteur de la sécurité dans les régions qui en ont besoin. Mme Borrell a également insisté sur le fait que, malgré l’instabilité du Sahel face à la progression du terrorisme djihadiste, l’Union européenne n’est présente qu’au Mali et au Niger, alors que la situation au Burkina Faso s’est gravement détériorée.

La nouvelle stratégie pour l’Afrique devra être envisagée comme telle, et plus après avoir appris, a annoncé le commissaire pour la paix et la sécurité Smaïl Chergui de l’Union africaine, que celle-ci déploiera 3000 soldats au Sahel pour appuyer les actions de la Force conjointe du G5 Sahel et de la CEDEAO dans la région. Josep Borrell a également profité de la visite en Éthiopie pour rencontrer le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, après avoir annoncé la présence d’une mission d’observation électorale de l’UE lors des élections qui se tiendront cet été en Éthiopie. Le Haut Représentant de l’UE s’est également rendu au Soudan, une autre région où la sécurité est un élément essentiel pour l’avenir du pays.