Les putschistes nigériens autorisent les négociations avec la CEDEAO
Mahamane Lamine Zeine, Premier ministre du Niger nommé par la junte militaire au pouvoir après le coup d'État contre le gouvernement légitime de Mohammed Bazoum, a annoncé que le chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) autoproclamé, Abdourahamane Tchiani, avait autorisé l'ouverture de négociations avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Le Premier ministre nigérian a envoyé un message clair : "Nous sommes optimistes quant à l'ouverture des discussions avec la CEDEAO dans les prochains jours". Et ce, bien que la CEDEAO ait annoncé des sanctions sévères, critiquées par la junte militaire au pouvoir, qui les a qualifiées d'"inhumaines, illégales et dégradantes". Dans une déclaration lue à la télévision nationale, le colonel-major Amadou Abdramane, porte-parole du CNSP, a déclaré que le peuple nigérien était "profondément affecté par les sanctions illégales, inhumaines et dégradantes imposées par la CEDEAO, qui reviennent à priver le pays même de médicaments, de nourriture et d'électricité".
La situation nationale est difficile car le Niger souffre d'une extrême pauvreté et d'une instabilité politique qui secoue à nouveau une région déjà troublée comme le Sahel, où diverses organisations criminelles et terroristes exercent leur influence, créant de graves problèmes de sécurité. Plusieurs pays occidentaux, des États-Unis à la France (ancienne puissance coloniale présente au Niger), ont condamné le coup d'État contre le gouvernement légitime nigérien, et d'autres régimes de pays de la région du Sahel, tels que le Mali et le Burkina Faso, qui ont également subi des coups d'État et entretiennent des liens politiques et économiques étroits avec la Russie, ont exprimé leur ferme soutien au nouveau gouvernement nigérien.
Cette annonce d'intention de négocier intervient peu de temps après que la junte militaire a annoncé l'inculpation du président légitime et démocratiquement élu, Mohammed Bazoum, et de ses collaborateurs, pour haute trahison et atteinte à la sûreté de l'État.
Le communiqué officiel indique également que la junte militaire condamne "la campagne mensongère visant à faire échouer tous les efforts de négociation pour justifier une intervention militaire" contre le Niger. Une intervention militaire a été exclue par l'Occident.
Le 30 juillet, quatre jours après le coup d'État, les dirigeants de la CEDEAO ont décidé d'imposer des sanctions financières au Niger et ont donné aux putschistes sept jours pour rétablir l'ordre constitutionnel dans le pays, sous peine d'une intervention militaire pour ramener Bazoum au pouvoir. Le 10 août, un autre sommet de la CEDEAO a suivi, au cours duquel les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest ont convenu de "l'activation immédiate" de leurs forces en attente afin de rétablir l'ordre constitutionnel au Niger à la suite du coup d'État.
L'organe supranational africain a pris cette décision lors d'un sommet extraordinaire à Abuja, après l'expiration de l'ultimatum précédent. La CEDEAO, en plus d'imposer des sanctions à Niamey, a menacé d'utiliser la force si le pouvoir n'était pas rendu à Bazoum, une demande ignorée par la nouvelle junte militaire, qui a même annoncé un nouvel exécutif dirigé par l'économiste Mahamane Lamine Zeine.