Les putschistes nigériens forment un gouvernement au mépris de la CEDEAO

Le Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP), qui s'est autoproclamé Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) et qui a pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État militaire contre le président légitime Mohammed Bazoum, a défié la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui est profondément préoccupée par la situation désastreuse du pays nigérian.
La junte militaire au pouvoir au Niger, dirigée par le général Abdourahamane Tchiani, a formé un nouveau gouvernement de transition composé de 21 nouveaux ministres, après avoir récemment nommé l'économiste Mahamane Lamine Zeine au poste de Premier ministre du pays.
Le CNSP a paraphé mercredi le décret de formation d'un nouvel exécutif en principe provisoire avec 21 nouveaux ministres, dont six militaires et deux ministres d'État et un ministre délégué, selon l'agence de presse officielle nigérienne ANP. Le Premier ministre Mahamane Lamine Zeine, qui sera également ministre de l'Économie et des Finances en raison de sa formation d'économiste, est à la tête de l'exécutif.

Salifou Mody prend en charge le ministère de la Défense et Mohammed Toumba celui de l'Intérieur, ce qui n'est pas anodin puisqu'il s'agit de deux personnalités très importantes au sein de la junte militaire qui gouverne le pays depuis le coup d'État. Le colonel-major Amadou Abdramane, porte-parole du CNSP, sera chargé de la Jeunesse et des Sports. Les autres ministères occupés par les militaires sont ceux de la Santé, des Transports, de l'Eau, de l'Assainissement et de l'Environnement.
Ce mouvement stratégique avec la nomination du gouvernement de transition intervient avant le sommet des dirigeants de la CEDEAO qui se tiendra jeudi à Abuja (Nigeria) pour étudier la situation au Niger après l'expiration dimanche dernier de l'ultimatum donné par l'organe supranational aux putschistes pour rétablir l'ordre constitutionnel sous la menace d'une éventuelle action militaire. "Les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest tiendront un nouveau sommet extraordinaire sur la situation politique en République du Niger", a déclaré la CEDEAO dans un récent communiqué officiel.

Opposition à la condamnation internationale
Le projet de coup d'État va également à l'encontre de la condamnation internationale du coup d'État qui a renversé le gouvernement démocratiquement élu dirigé par Mohammed Bazoum, le président de la zone troublée du Sahel qui était plus en phase avec l'Occident et qui s'efforçait d'éradiquer les gangs criminels et terroristes dans la région. La plupart des pays de la région sont gouvernés par des juntes militaires, installées au pouvoir dans certains cas à la suite de coups d'État, comme au Mali et au Burkina Faso, ce qui a suscité une vive inquiétude au sein de la communauté internationale, qui a demandé la restitution de l'exécutif déchu et le retour à l'ordre démocratique, y compris des pays concernés tels que la France, l'ancienne métropole coloniale du Niger, et les États-Unis.
Ainsi, les avertissements extérieurs n'ont pas empêché les putschistes nigériens de poursuivre leur plan et de nommer un gouvernement, aggravant la situation préoccupante d'un pays en proie à l'instabilité politique et à la pauvreté.
Le CNSP assume donc provisoirement les pouvoirs exécutif et législatif, son président, le général Abdourahamane Tchiani, exerçant désormais les fonctions de chef de l'Etat.
La situation est tendue car la junte militaire au pouvoir au Niger n'a pas bougé d'un iota depuis le coup d'Etat. En effet, à la veille du sommet de la CEDEAO de jeudi, une délégation conjointe composée de représentants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, des Nations unies et de l'Union africaine a été empêchée d'entrer au Niger mardi, selon un communiqué officiel. La CEDEAO a indiqué que cette mission a été annulée à la suite d'une lettre envoyée par les autorités militaires du Niger, qui ont indiqué qu'elles ne recevraient pas cette délégation tripartite.