Les putschistes nomment l'économiste Mahamane Lamine Zeine au poste de Premier ministre

Les États-Unis ne parviennent pas à trouver une solution à la crise du Niger

Manifestantes se reúnen en apoyo de los soldados golpistas en la capital Niamey, Níger 30 de julio de 2023. Los carteles dicen: Larga vida a Níger, larga vida a Rusia, Francia debe irse
REUTERS/ BALIMA BOUREIMA
​REUTERS/ BALIMA BOUREIMA - Afin d'accroître la pression sur les nouvelles autorités, les États-Unis ont suspendu plus de 100 millions de dollars d'aide au pays

Près de deux semaines après le coup d'État au Niger, les États-Unis redoublent d'efforts pour trouver une solution à la crise dans ce pays, qui s'étend à toute la région. À cette fin, la secrétaire d'État adjointe Victoria Nuland s'est rendue à Niamey pour rencontrer les nouveaux chefs militaires du Niger. Selon Mme Nuland, les discussions avec les membres de la junte militaire ont été "extrêmement franches et parfois très difficiles", de sorte qu'aucun progrès n'a été réalisé dans l'immédiat pour stabiliser la situation dans le pays.

Comme l'a souligné Nuland, les États-Unis ont tenté de faire pression sur les nouvelles autorités nigériennes pour parvenir à "une solution négociée", bien que la délégation nigérienne, dirigée par le général de brigade Moussa Salaou Barmou, se soit montrée "très ferme" quant à la manière dont elle souhaitait procéder.

Au cours de la réunion, Nuland a présenté une "série d'options" sur la manière d'inverser la situation après le coup d'État, en précisant les conséquences si le pouvoir n'est pas rendu au président Mohamed Bazoum et si les autorités renforcent leurs relations avec le groupe Wagner, comme l'ont fait d'autres pays de la région, tels que le Mali. 

Un autre objectif de la visite de Nuland dans la capitale nigériane était de rencontrer le président Bazoum, actuellement détenu par les putschistes. Depuis le soulèvement militaire, la communauté internationale a fait pression sur la junte pour qu'elle libère Bazoum, qui a été élu démocratiquement lors des élections de 2021 et qui est un proche allié de l'Occident. Toutefois, selon la secrétaire d'État adjointe, sa demande de rencontrer Bazoum n'a pas été acceptée. Sa demande de rencontrer le nouvel homme fort du pays, le général Abdourahamane Tchiani, a également été rejetée.

Bien que le voyage de Nuland à Niamey se soit terminé sans progrès, le département d'État se montre optimiste, assurant que "l'opportunité reste ouverte" et soulignant l'importance de la diplomatie. En revanche, Washington continue d'exiger la réintégration de Bazoum et de condamner les actions de la nouvelle junte militaire. Afin d'accroître la pression sur les nouvelles autorités, les États-Unis ont suspendu plus de 100 millions de dollars d'aide au pays ainsi que des programmes de formation antiterroriste au Niger.

La junte militaire nomme un nouveau premier ministre et ferme l'espace aérien

Alors que la région et la communauté internationale font pression sur les nouveaux chefs militaires du Niger pour qu'ils rendent le pouvoir à Bazoum, la junte militaire continue de restructurer les institutions du pays. Le chef du coup d'État, Abdourahamane Tchiani, a nommé l'économiste et ancien ministre des Finances Mahamane Lamine Zeine au poste de Premier ministre du Niger. Le lieutenant-colonel Habibou Assoumane a également été nommé nouveau commandant de la Garde présidentielle du Niger, l'organe à l'origine du soulèvement contre Bazoum.

Une autre mesure prise par les nouvelles autorités au cours des dernières heures a été de fermer l'espace aérien afin d'éviter une intervention militaire de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L'ultimatum donné par le bloc africain aux putschistes pour qu'ils ramènent Bazoum au pouvoir a expiré dimanche. La CEDEAO a même évoqué la possibilité d'une intervention militaire dans le pays, un plan que tous les pays de la CEDEAO et de la région ne soutiennent pas.  

PHOTO/FILE - CEDEAO
PHOTO/FILE - CEDEAO

Le Mali et le Burkina Faso, tous deux dirigés par des juntes militaires pro-russes arrivées au pouvoir à la suite de coups d'État, ont exprimé leur soutien aux nouvelles autorités du pays, affirmant que toute intervention au Niger serait considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre. La Guinée et l'Algérie voisine, qui n'est pas membre de la CEDEAO, se sont également prononcées contre le recours à la force, rapporte AP. Par ailleurs, le Sénat nigérian a rejeté le plan d'invasion, exhortant le président Bola Tinubu, leader actuel de la CEDEAO, à rechercher d'autres options n'impliquant pas le recours à la force. En revanche, des pays comme le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont exprimé leur soutien à la CEDEAO pour rétablir l'ordre au Niger.  

Las fuerzas de seguridad de Níger se preparan para dispersar a los manifestantes pro-junta reunidos frente a la embajada francesa, en Niamey, la capital de Níger, el 30 de julio de 2023
REUTERS/SOULEYMANE AG ANARA
REUTERS/SOULEYMANE AG ANARA - La CEDEAO a même évoqué la possibilité d'une intervention militaire dans le pays, un plan que tous les pays de la CEDEAO et de la région ne soutiennent pas

Dans le but de trouver une solution à la crise actuelle au Niger, les dirigeants de la CEDEAO se réuniront jeudi prochain lors d'un nouveau sommet extraordinaire afin d'examiner les derniers développements dans le pays.

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra.