De nombreux États membres de l'UE craignent que les événements en Afghanistan ne débordent sur l'Europe

Réfugiés afghans : le conflit en Afghanistan va se propager à l'Europe

AP/RAHMAT GUL - Islam Qala frontière avec l'Iran, dans la province occidentale de Herat

Le "bâton" du conflit en Afghanistan passe des mains des États-Unis à celles de l'Europe, mais dans ce cas, les deux puissances semblent ne pas être dans la même équipe. Le retrait des troupes américaines dans le pays et l'avancée des talibans constitueront un défi pour les pays européens qui devront accueillir les "réfugiés" afghans quittant le pays dans l'espoir de survivre. Les efforts déployés par les États-Unis pour aider les Afghans qui fuient leur pays semblent insuffisants, et c'est l'UE qui sera la prochaine responsable de l'accueil de ces réfugiés afghans.

Les États-Unis et l'Union européenne face au conflit en Afghanistan

Après l'annonce du retrait des troupes américaines, les États-Unis se sont engagés à accorder l'asile et une assistance aux Afghans qui ont aidé l'armée à combattre les talibans. Le gouvernement américain traite déjà des milliers de demandes de visa émanant d'interprètes, de chauffeurs et d'autres Afghans qui ont aidé ses soldats et qui souhaitent s'installer aux États-Unis avec leur famille, et a pour objectif de les aider à quitter l'Afghanistan avant la fin du mois d'août.

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Selon EFE, le département d'État a annoncé un nouveau programme, appelé "Priorité 2", qui inclut les employés des contractants américains, le personnel des ambassades locales ou des bases militaires américaines, ainsi que les interprètes du gouvernement américain, des troupes américaines ou des troupes de l'OTAN. Il est également ouvert aux Afghans qui ont travaillé comme journalistes ou autres employés d'un média américain, ainsi qu'aux travailleurs humanitaires d'organisations non gouvernementales américaines.

Toutefois, ce programme comporte des limites : les Afghans qui souhaitent quitter le pays pour entamer la procédure d'asile doivent le faire par eux-mêmes, sans l'aide des États-Unis. Bien que le programme ait été étendu pour accueillir des réfugiés d'Afghanistan en raison de la violence des talibans, il n'est pas certain que ces efforts soient suffisants pour mettre les citoyens afghans en sécurité. La question est la suivante : qu'adviendra-t-il des civils afghans restants qui souffrent de l'occupation terroriste et doivent fuir le pays ?

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L'Europe "entre en jeu" dans le conflit afghan

Certains pays, comme la Turquie et l'Iran, ont accueilli des réfugiés, mais leur séjour dans ces pays a une date d'expiration. S'ils sont expulsés, ils doivent demander l'asile dans d'autres pays qui ne les expulsent pas.

Six États membres de l'UE ont averti l'exécutif de l'Union de ne pas interrompre les expulsions de demandeurs d'asile afghans déboutés qui arrivent en Europe, malgré les gains importants réalisés par les militants talibans dans leur pays. Le ministre grec des migrations, Notis Mitarachi, a déclaré : "L'Union européenne n'est pas préparée et n'a pas la capacité de faire face à une autre crise migratoire majeure", ajoutant que "ce serait un appel pour que davantage de personnes viennent dans l'Union européenne". L'Autriche, la Belgique et le Danemark ont soutenu Mitarachi dans sa proposition d'expulser les migrants. Cependant, toutes les positions de l'UE ne sont pas aussi rigides : l'Allemagne et les Pays-Bas ont finalement décidé de ne pas expulser les réfugiés afghans pendant la durée de la guerre.

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Depuis 2015, environ 570 000 Afghans ont demandé l'asile dans l'UE, et 44 000 pour la seule année 2020. De nombreux États membres de l'UE craignent que l'évolution de la situation en Afghanistan ne déclenche une répétition de la crise migratoire européenne de 2015/16, lorsque l'arrivée chaotique de plus d'un million de personnes en provenance du Moyen-Orient a perturbé les systèmes de sécurité et de protection sociale, notamment dans des pays comme la Grèce.

En revanche, selon EuroEFE, "la Commission européenne ne craint pas que la situation compliquée en Afghanistan, où les talibans ont capturé plusieurs capitales provinciales en moins d'une semaine, déclenche une nouvelle crise migratoire de l'ampleur de celle de 2015 dans le sillage de la crise syrienne, et considère que le scénario dans le pays asiatique est difficile, mais pas désespéré".

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La Commission a confirmé la réception de la lettre des six pays, ajoutant qu'elle répondrait dès qu'elle serait prête. À la question de savoir si la Commission considère l'Afghanistan comme un pays sûr vers lequel les demandeurs d'asile peuvent être renvoyés, un porte-parole de la Commission a répondu qu'il appartient aux États membres de porter ce jugement. La question devrait être abordée lors d'une réunion de crise des ministres de l'intérieur de l'UE le 18 août, dont l'origine est principalement de discuter d'une augmentation des franchissements illégaux de frontières du Belarus vers la Lituanie, la Pologne et la Lettonie.

L'UE craint toutefois, dans une plus large mesure, une détérioration rapide de la crise humanitaire que le pays connaissait déjà avant la récente offensive des talibans, avec quelque 18,4 millions de personnes (45 % de la population) ayant besoin d'une aide humanitaire d'ici début 2021.