Le président égyptien reçoit son homologue algérien au Caire à la veille du 31e sommet de la Ligue arabe

La rencontre entre Tebboune et al-Sisi dynamise les relations entre l'Égypte et l'Algérie

photo_camera AFP PHOTO / HO / PRESIDENCIA EGIPCIA - El presidente egipcio Abdel Fattah al-Sisi (R) recibiendo a su homólogo argelino Abdelmadjid Tebboune a su llegada a la capital, El Cairo, el 24 de enero de 2022

Au milieu de profondes transformations régionales, le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'est rendu en Égypte pour un sommet de deux jours avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sisi. La transition instable en Libye, la crise politique en Tunisie et le différend sur le barrage de la Grande Renaissance sont quelques-uns des sujets abordés par les deux dirigeants lors d'une réunion organisée par Alger dans le but de recalibrer les relations avec Le Caire.

Pour son premier voyage de l'année, le dirigeant algérien a atterri lundi à l'aéroport international du Caire, où l'attendait l'ancien militaire qui a mené le coup d'État de 2013 contre le gouvernement de l'islamiste Mohamed Morsi. Mardi, Tebboune a de nouveau été reçu au palais Al-Ittihadiya, l'une des trois résidences présidentielles, qui a accueilli la première rencontre formelle entre les deux dirigeants.

La visite du président algérien s'inscrit dans un contexte de nécessité pour les deux parties, qui cherchent à recomposer leur action extérieure en eaux troubles. Une intense rivalité régionale avec le Maroc et un manque de soutien extérieur ont entraîné l'Algérie dans un territoire incertain, tandis que l'Égypte perd du terrain dans le golfe Persique au détriment d'autres acteurs comme la Turquie. Une situation propice au rapprochement.

Les relations entre les deux pays se sont ostensiblement améliorées depuis la démission de Bouteflika et l'arrivée consécutive de Tebboune à la présidence en décembre 2019. Avec un profil pro-gouvernemental et un programme timidement réformateur, le président algérien s'est avéré incapable d'étouffer les mobilisations de masse du Hirak et la crise interne. Toutefois, Tebboune a réussi à jeter des ponts avec l'Égypte, bien qu'il ait maintenu des positions opposées sur l'échiquier libyen.

Dbeibe Libia

La crise en Libye, qui partage une frontière avec les deux pays, semble avoir uni les agendas d'Alger et du Caire après plus de cinq ans de désaccords. Al-Sisi soutient le général Khalifa Haftar, tandis qu'Alger reste proche du gouvernement d'entente nationale de Fayez al-Sarraj. Toutefois, les pourparlers de Berlin, dont est issu l'accord transitoire, ont défini une feuille de route que les deux pays ont décidé d'approuver.

Dans une apparition commune à l'issue de la réunion, M. al-Sisi a souligné la nécessité de "faire pression pour mettre fin à la phase de transition et ne pas permettre que les aspirations du peuple libyen soient frustrées". Les élections en Libye, initialement prévues le 24 décembre, ont dû être reportées en raison de la présence de mercenaires étrangers, de candidatures controversées et de l'absence d'un cadre juridique unifié.

Pour le président égyptien, la crise ne peut être résolue que par la tenue immédiate des élections. Il a discuté de cette question avec son homologue algérien, qui a également estimé que le processus électoral était une étape nécessaire pour mettre fin à la crise politique en Libye. Il existe un consensus entre les deux pour maintenir l'unité et la souveraineté de la Libye et unifier ses institutions. Ils ont également convenu de "mettre fin à la présence de forces étrangères et de mercenaires" envoyés par la Russie et la Turquie.

En 2014, une guerre civile a éclaté qui a touché la région et a eu un impact direct sur les deux pays, entraînant l'émergence de groupes djihadistes-salafistes présents au Sahel. À cet égard, MM. al-Sisi et Tebboune ont tous deux mis l'accent sur leur partenariat stratégique visant à combattre "le terrorisme et toutes les formes de criminalité organisée au niveau régional, en particulier par le biais de la coopération et de la coordination dans le domaine militaire et du renseignement".

Tebboune Al-Sisi

Dans un communiqué ultérieur, la présidence égyptienne a noté une nouvelle approche commune entre Le Caire et Alger sur la question tunisienne. La crise politique dans ce pays d'Afrique du Nord, qui a débuté en juillet après le coup d'État constitutionnel du président Kaïs Saied, a reçu le soutien de ses voisins, notamment l'Algérie et l'Égypte. Ce soutien répond à des questions liées à la stabilité régionale.

Les deux derniers sujets abordés lors du sommet égypto-algérien ont été le barrage de la Grande Renaissance éthiopienne et la question palestinienne. L'Algérie s'est proposée comme intermédiaire dans le conflit qui oppose depuis dix ans l'Égypte, l'Éthiopie et le Soudan au sujet des ressources en eau. Le gouvernement éthiopien ne partage pas cette offre en raison de soupçons d'impartialité dus à sa récente proximité avec Le Caire. En ce sens, la présidence égyptienne a accueilli favorablement la proposition sur une question cruciale pour les aspirations du pays.

Sommet de la Ligue arabe

L'Algérie accueillera le 31e sommet de la Ligue arabe en mars, malgré les rumeurs d'un éventuel report. Bien qu'il n'y ait pas encore de date officielle, le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtan Lamamra, a annoncé que le sommet se tiendrait en même temps que Tebboune a suggéré la date du 19 mars pour le 60e anniversaire de l'indépendance du pays d'Afrique du Nord.

L'un des défis du sommet sera de réconcilier les parties palestiniennes divisées. Un défi où Alger entend jouer un rôle déterminant au détriment d'un modérateur historique comme l'Egypte, qui manque d'idées et de la légitimité d'antan. "Aucun pays ne comprend la question palestinienne aussi bien que l'Égypte et, bien entendu, le Caire sera le plus fervent partisan d'une réconciliation sérieuse et sincère entre les parties palestiniennes. Sur la question du conflit, aucun pays ne peut mettre en avant le processus de solution et beaucoup cherchent à faire échouer la réconciliation palestinienne", a déclaré la présidence égyptienne, qui soutiendra l'Algérie lors du sommet.

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