Bahija Simou, directrice des Archives royales du Maroc, affirme que le Maroc possède des documents prouvant sa souveraineté sur la région du Sahara oriental

Rivalité Maroc-Algérie : dépoussiérer les raisons d'un différend historique

Les nouvelles déclarations de la directrice des Archives Royales du Maroc, Bahija Simou, ne sont pas fortuites. Ni dans le temps, ni dans la forme. Le Maroc a longtemps soutenu que la France avait "extirpé" la région du Sahara oriental du territoire marocain pour la donner à l'Algérie. Aujourd'hui, avec la rumeur d'une possible reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara, les projecteurs se braquent à nouveau sur un événement historique qui pourrait chercher à faire pression sur les autorités françaises.

Pressions sur la France pour accélérer la reconnaissance du Sahara marocain

Ces derniers mois, les rumeurs se sont multipliées sur la possibilité pour la France de reconnaître le Sahara marocain. Les rumeurs ne sont pas encore devenues réalité, c'est pourquoi Rabat a fait un pas en avant en rappelant les origines du différend qui l'oppose à l'Algérie.

Ils espèrent que la France, l'un de leurs plus proches alliés historiques, fera le pas définitif, bien qu'elle ait traversé une période difficile dans leurs relations ces dernières années. Il s'agirait d'un coup de pouce important pour l'autorité marocaine sur la région sahraouie, après le soutien de pays tels que les États-Unis, l'Allemagne et l'Espagne, entre autres.

L'ajout de la puissance coloniale par excellence, qui a joué un rôle clé dans le partage des territoires - comme l'a rappelé Simou - porterait un coup définitif aux aspirations expansionnistes de l'Algérie, qui rêve toujours d'arracher des terres à son voisin marocain. Et ils veulent le faire en profitant de la mauvaise passe que traversent les relations diplomatiques entre Paris et Alger, qui n'est pas non plus au mieux de sa forme en matière de politique étrangère.

El ministro francés de Asuntos Exteriores, Stéphane Séjourné, y el jefe de la diplomacia marroquí, Nasser Bourita - PHOTO/@Marocdiplo_EN
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, et le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita - PHOTO/@Marocdiplo_EN

Profiter de la faiblesse de l'Algérie

Le Maroc veut profiter du vent favorable qui souffle sur l'Afrique du Nord pour consolider son leadership et laisser derrière lui la rivalité algérienne. Même les tentatives de rétablissement des relations entre les dirigeants français et algériens ne parviennent pas à masquer le fossé qui n'a pas encore été comblé entre les deux pays, comme en témoignent les "malentendus" constants entre Emmanuel Macron et Abdelmajdid Tebboune.

Ce dernier devait se rendre à Paris en mai 2023, mais, à la surprise générale, sa visite a été reportée. En réalité, le report sine die s'est avéré être plutôt une annulation. Aujourd'hui, Macron invite à nouveau son homologue algérien en France pour qu'il puisse enfin se rendre dans son pays, un an plus tard que prévu, mais rien ne semble garanti en ce qui concerne l'Algérie.

C'est précisément cette incertitude, couplée aux relations de plus en plus restaurées entre Rabat et Paris, qui invite le gouvernement d'Aziz Akhannouch à accroître la pression sur la France pour accélérer un processus qui marquerait un tournant pour son pays. Pour rapprocher cette reconnaissance, les Marocains ont choisi de se tourner vers les archives historiques et d'évoquer "l'extirpation" par la France d'une partie du Sahara.

Una imagen tomada desde la región marroquí de Oujda muestra a guardias fronterizos argelinos patrullando a lo largo de la frontera con Marruecos – PHOTO/FADEL SENNA/AFP
Une image prise dans la région marocaine d'Oujda montre des gardes-frontières algériens patrouillant le long de la frontière avec le Maroc - PHOTO/FADEL SENNA/AFP

Les racines historiques du Sahara oriental

Après l'indépendance du Maroc, la France a tenté de négocier cette question par l'intermédiaire de l'ambassadeur de France à Rabat, Alexandre Parodi. A l'époque, Paris avait l'intention de rendre Tindouf aux Marocains, mais le roi Mohammed V a rejeté la proposition, estimant qu'elle "trahirait les combattants algériens", selon Bahija Simou.

Il préféra donc attendre l'indépendance de l'Algérie pour négocier le partage du territoire, ce qui, selon le directeur des Archives royales marocaines, "reflète l'attachement historique du Maroc aux nobles principes de voisinage, de fraternité islamique et de liens fraternels entre les tribus marocaines et algériennes". C'est en 1961 que le roi Hassan II a signé avec Ferhat Abbas, chef du gouvernement provisoire de la République algérienne, un accord reconnaissant le problème de la frontière.

El presidente francés Emmanuel Macron se reúne con ciudadanos israelíes-franceses que han perdido a sus seres queridos, así como con familias de rehenes, en el aeropuerto Ben Gurion de Tel Aviv el 24 de octubre de 2023 - PHOTO/POOL/AFP/CHRISTOPHE ENA
Le président français Emmanuel Macron rencontre des citoyens israélo-français ayant perdu des proches, ainsi que des familles d'otages, à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, le 24 octobre 2023 - PHOTO/POOL/AFP/CHRISTOPHE ENA

Mais la guerre des sables, en 1963, met un terme aux efforts déployés pour conclure un accord concret qui mettrait fin aux escarmouches de l'époque. La médiation de la Ligue arabe et de l'Organisation de l'unité africaine a permis d'éviter l'escalade du conflit, mais malgré le traité signé en 1972 entre le Maroc et l'Algérie, le différend n'a pas été définitivement résolu.

Les vraies archives qui fournissent la "preuve irréfutable" de la souveraineté historique du Maroc sur le Sahara occidental

Mais la réalité, du moins telle que révélée par Simou à travers les archives royales, est qu'il existe des "preuves irréfutables" de la souveraineté historique du Maroc sur la région du Sahara occidental. Ces archives montrent que cette région était très attractive et provoquait des rivalités entre commerçants, tout en attirant un grand nombre d'explorateurs et de missionnaires.

Tous ces facteurs expliquent une situation qui s'est compliquée ces dernières années. Et si ce n'est pas la première fois que Bahija Simou soulève cette question, le moment est crucial pour faire évoluer la position de la France sur le Sahara. C'est maintenant au pays d'Emmanuel Macron de faire un geste et de franchir l'étape qui finira par certifier la proximité de la France avec le Maroc et le leadership incontesté du Maroc en Afrique du nord.