Face à l'offensive russe, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba, a appelé à accélérer les livraisons occidentales de "systèmes de défense aérienne supplémentaires, de drones de combat" et de "missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres"

La Russie cherche à épuiser l'Ukraine par des bombardements massifs

PHOTO/POOL/AFP/MIKHAIL KLIMENTYEV - Esta fotografía de grupo distribuida por la agencia estatal rusa Sputnik muestra al presidente de Rusia, Vladímir Putin, participando en una cumbre virtual de líderes del G20 en Moscú el 22 de noviembre de 2023
Cette photo de groupe distribuée par l'agence Sputnik montre le président russe Vladimir Poutine participant à un sommet virtuel des dirigeants du G20 à Moscou le 22 novembre 2023 - PHOTO/POOL/AFP/MIKHAIL KLIMENTYEV

Les bombardements massifs de la Russie sur les grandes villes ukrainiennes ces derniers jours visent, selon les experts, à épuiser la population et les défenses anti-aériennes de l'Ukraine, qui a de nouveau demandé à ses alliés occidentaux de lui fournir davantage d'armes. 

Une réunion entre l'OTAN et l'Ukraine sur cette question est prévue mercredi à la demande de Kiev, a annoncé l'Alliance. 

Selon le président ukrainien Volodimir Zelenski, la Russie a tiré près de 300 missiles et plus de 200 drones explosifs Shahed lors de deux attaques menées le 29 décembre et dans la nuit du 1er au 2 janvier, faisant une cinquantaine de morts. 

Un an après les attaques massives de Moscou contre les infrastructures énergétiques de l'Ukraine, cette campagne de mi-hiver a touché des installations civiles essentielles et des zones résidentielles, selon Kiev. Cependant, Moscou, comme à son habitude, affirme qu'elle n'a visé que des cibles militaires. 

Selon Mick Ryan, chercheur associé au Center for Strategic and International Studies (CSIS), l'un des premiers objectifs du Kremlin est de "tester" la défense antiaérienne de l'Ukraine, qui a été renforcée par le système américain Patriot et son équivalent franco-italien, le SAMP/T MAMBA. 

La Russie espère que "l'Ukraine sera à court d'intercepteurs avant que la Russie ne soit à court de missiles et de drones", a déclaré Ryan, un général australien à la retraite, sur le site de réseautage social X. 

La Russie a mobilisé son économie pour la guerre, tandis que les pays occidentaux tardent à fournir à l'Ukraine le nombre requis de missiles sol-air antiaériens, dont la fabrication est beaucoup plus complexe et coûteuse que celle de certains drones construits en partie à partir d'équipements civils. 

Selon le ministère britannique de la défense, la principale cible des attaques russes est l'industrie de la défense, que Kiev tente de renforcer face à la pénurie de livraisons d'armes occidentales. 

Pression psychologique

Les Russes "essaient maintenant d'attaquer le complexe militaro-industriel, les entreprises, pas l'infrastructure énergétique [comme ils l'ont fait l'hiver dernier] mais la production d'armes", explique à l'AFP l'analyste militaire Mykola Bielieskov, de l'Institut ukrainien d'études stratégiques. 

"Nous avons commencé à produire plus d'armes qu'auparavant", a déclaré à l'AFP Sergiy Zgurets, directeur du centre de recherche ukrainien Defense Express, en faisant référence aux munitions, aux drones, aux véhicules blindés et aux radars. 

Selon le commandant en chef de l'armée ukrainienne, la Russie a utilisé des drones, des missiles de croisière modernes, d'autres plus anciens et des missiles balistiques pour l'attaque des 1er et 2 janvier. 

L'Ukraine affirme également avoir abattu dix missiles hypersoniques Kinjal, malgré l'affirmation du Kremlin selon laquelle ils sont "invincibles". 

L'objectif des attaques russes est également, comme depuis le début de la guerre en février 2022, de saper le moral de la population. 

Les "victoires" russes sur le terrain sont locales et se font à un coût humain exorbitant", explique à l'AFP Tatiana Kastueva-Jean, de l'Institut français des relations internationales. 

Selon l'experte, le message de Poutine est le suivant : "Je ne céderai pas, vous souffrirez sans fin et mourrez si vous ne remplissez pas mes conditions". 

Tatiana Stanovaya, fondatrice de R. Politik, un centre d'analyse de la politique russe, pense que les dernières attaques russes sont des représailles au bombardement ukrainien de la ville russe de Belgorod qui a tué 25 personnes le 30 décembre. 

Selon l'analyste, le message de Poutine est le suivant : "L'Ukraine ne peut pas nous attaquer sans conséquences". 

Face à l'offensive russe, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba, a appelé à accélérer les livraisons occidentales de "systèmes de défense aérienne supplémentaires, de drones de combat" et de "missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres". 

Dans le même ordre d'idées, la Pologne a appelé mercredi à équiper l'Ukraine de missiles à longue portée pour répondre aux attaques russes. 

Kiev attend également des avions de chasse F-16 promis par plusieurs pays européens, qui peuvent participer à la défense antimissile air-air.