La Russie intensifie le siège des principales villes ukrainiennes

La Russie intensifie son offensive sur l'Ukraine mercredi, alors qu'elle entre dans la première semaine de son invasion. Sept jours de guerre. Face à l'échec initial de l'opération, l'armée russe est passée au siège des principales enclaves du pays, intensifiant les attaques aériennes sur les villes de Mariupol, Kherson, Kharkov et la capitale, Kiev. Ces attaques ont coûté la vie à au moins 2 000 civils et déplacé quelque 900 000 personnes.
La ville portuaire de Mariupol, baignée par la mer d'Azov et proche du Donbass, résiste au siège intensif et aux bombardements continus, mais elle pourrait tomber aux mains des Russes dans les prochaines heures. Il s'agit d'une enclave cruciale qui permettrait à Moscou d'établir un corridor entre les régions contrôlées par les séparatistes pro-russes et la péninsule de Crimée, encerclant ainsi les forces ukrainiennes.
Kherson, proche de la péninsule de Crimée et d'Odessa, serait également sur le point d'être occupée par les troupes russes après avoir subi une batterie de frappes aériennes contre des cibles civiles. Pendant ce temps, dans la deuxième ville d'Ukraine, Kharkov, les forces ukrainiennes résistent aux bombardements aveugles de l'armée russe, qui ont coûté hier la vie à sept civils dans une attaque contre le bâtiment du gouverneur.
????? #Ukraine Llega Polonia para su transporte por tierra a Ucrania la ayuda ofrecida por el gobierno de Dinamarca a las Fuerzas Armadas Ucranianas
— Atalayar (@Atalayar_) March 2, 2022
?Dinamarca ha proporcionado 2.700 sistemas de armas anti-tanque y anti-aéreo, M72 LAW y Stinger entre ellos pic.twitter.com/sV2HhFl3kZ
Malgré une forte résistance, le scénario à Kiev ne semble pas plus favorable. Le bombardement de la tour de télévision et de radio, qui a fait cinq morts et a également touché Babi Yar, le mémorial des victimes de l'Holocauste commémorant les plus de 33 000 victimes juives assassinées par les nazis en 1941, a été suivi d'une nouvelle vague de frappes aériennes dévastatrices.
La situation dans la capitale s'aggrave alors qu'un convoi militaire russe de 60 kilomètres s'approche par le nord. Un manque de carburant et de fournitures aurait retardé l'opération, qui visait à lancer une incursion terrestre dans le centre névralgique du pays. Pendant ce temps, dans plusieurs villages, des chaînes humaines ont été vues en train de retenir, ou de tenter de retenir, l'arrivée des troupes russes.
Les négociations devraient reprendre mercredi dans la ville biélorusse de Gomel, près de la frontière ukrainienne. Les délégations ukrainienne et russe ont tenu lundi leurs premiers entretiens depuis le début de l'invasion, mais aucun progrès significatif n'a été enregistré. La réunion aurait servi à jauger les positions et à prendre le pouls des négociateurs, qui voient comment le moindre changement dans le contrôle territorial pourrait bouleverser toute table de dialogue.

Le manque d'entente entre les parties a conduit au retour des équipes de négociation respectives dans les capitales pour les consultations traditionnelles. Les positions semblent claires : la maxime du Kremlin est de forcer l'Ukraine à renoncer à l'adhésion à l'OTAN et de neutraliser le pays, tandis que Kiev exige la fin de l'agression pour entamer des discussions, mais maintient la défense de sa souveraineté.
Le président russe Vladimir Poutine semble prêt à s'emparer des villes les plus importantes du pays et à les utiliser comme monnaie d'échange à la table des négociations. La chute de Kiev serait un tournant, tout comme la continuité du gouvernement actuel dirigé par Volodymir Zelensky, qui joue le rôle d'homme d'État. Le président ukrainien ne semble pas non plus prêt à quitter le pays, et sa présence encourage la résistance ukrainienne.
Poutine veut atteindre tous ses objectifs, qui comprennent pour l'instant la "dénazification" et la "démilitarisation" de l'Ukraine, ce qui est interprété comme la suppression de l'exécutif et son remplacement par un gouvernement fantoche, conforme aux diktats de Moscou, ainsi que la réduction des capacités de défense du pays. Zelenski, lui, estime qu'il faut mettre fin à l'agression incessante pour pouvoir négocier. Un dialogue dès le départ dans lequel Kiev n'accepterait aucune des demandes de la Russie.

Le soutien majoritairement étranger reçu par l'Ukraine, avec Bruxelles et Washington comme promoteurs des représailles contre la Russie, a suscité des remous dans le cercle restreint de Poutine, qui ne s'attendait pas à une réaction aussi forte de l'Occident. L'asphyxie économique à laquelle il est soumis, et le statut de paria international contracté ce mercredi à l'Assemblée générale de l'ONU, où il a été presque unanimement condamné pour son agression, ont poussé Moscou dans ses retranchements.
Les déclarations du vétéran ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, le laissent entendre : "La troisième guerre mondiale serait nucléaire et dévastatrice. Le président américain Biden, un homme d'expérience, avait déclaré que "l'alternative à la guerre n'est que des sanctions". Lavrov a ainsi menacé de déployer une frappe nucléaire si Washington optait pour une intervention autre que les sanctions. Un scénario où la destruction mutuelle assurée dévasterait la planète.