Sommet des BRICS à Rio de Janeiro en 2025 : un nouvel élan pour la multipolarité ?

La réunion des BRICS des 6 et 7 juillet 2025 s'est déroulée dans un contexte international tendu, marqué par le ralentissement de la croissance économique en Occident, le conflit prolongé en Ukraine, les tensions au Moyen-Orient et une reprise industrielle en Asie. Le sommet s'est tenu à un moment où les États membres des BRICS cherchent à renforcer leur rôle dans l'architecture mondiale, mais il a également été marqué par l'absence physique de deux dirigeants clés : Xi Jinping était absent pour la première fois depuis 2012, et Vladimir Poutine n'a participé que par Internet.
Parmi les participants figuraient Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil (hôte et président en exercice des BRICS), Narendra Modi, Premier ministre de l'Inde, Cyril Ramaphosa, président de l'Afrique du Sud, Prabowo Subianto, président de l'Indonésie (admis comme membre le 6 janvier 2025), et Mohammed ben Zayed Al Nahyane, président des Émirats arabes unis.
Cette réunion s'annonce comme un tournant, susceptible d'accélérer le processus de dédollarisation et la consolidation d'un ordre économique multipolaire.

Principaux résultats
La déclaration finale, longue et prudente, compte 31 pages et aborde les réformes des institutions mondiales (ONU, FMI, Banque mondiale), la coopération en matière de santé, le changement climatique, l'IA et les infrastructures logistiques.
Des positions réservées ont été exprimées à l'égard des États-Unis et d'Israël, et un langage diplomatique a été privilégié en ce qui concerne les sanctions et les conflits régionaux, même si l'attaque militaire contre l'Iran a été condamnée et un soutien générique au multilatéralisme a été exprimé.
Promotion de l'utilisation des monnaies nationales dans le commerce intérieur au détriment du dollar, avec un soutien au développement de la plateforme BRICS Pay et à la mise en place d'infrastructures financières propres, consolidation de la Banque BRICS (NDB).
Initiatives visant à réglementer l'IA et à protéger les données, en soulignant la nécessité de protéger les données contre toute utilisation non autorisée dans le cadre de la formation à l'IA. Compte tenu de la complexité et de la nouveauté du sujet, la question de la mise en place d'un cadre juridique contraignant en la matière continuera d'être examinée.
Dans le domaine de la coordination énergétique et des ressources stratégiques, la réunion s'est tenue dans un contexte de volatilité du marché pétrolier et de nouveaux partenariats énergétiques. La réduction de la dépendance vis-à-vis du dollar américain dans les transactions énergétiques et la création de chaînes d'approvisionnement au sein des BRICS ont été discutées. Les tensions géopolitiques (sanctions contre la Russie et l'Iran) rendent nécessaire une accélération de la coordination énergétique.
Le sommet a confirmé que les partenariats technologiques et industriels deviennent un pilier stratégique du bloc, qui aspire à moyen terme à l'autonomie technologique au sein des BRICS, à la création d'un marché intérieur intégré et à la transformation du bloc en un acteur industriel et technologique mondial de premier plan.
Contrairement à 2024, année qui a vu la plus grande expansion des BRICS, aucune décision définitive n'a été prise à Rio concernant l'adhésion de nouveaux membres. Il a été décidé de poursuivre les discussions sur l'adhésion de l'Arabie saoudite jusqu'au sommet des BRICS de 2026. En outre, il a été décidé de créer un groupe de travail BRICS sur l'élargissement afin d'établir : des critères économiques et politiques d'adhésion ; des procédures d'évaluation des candidatures ; et un calendrier réaliste pour la prochaine vague d'élargissement. En conclusion, l'expansion des BRICS ne s'est pas arrêtée, mais est entrée dans une période de consolidation interne après la grande expansion de 2024.

Conclusions et implications pratiques
La réunion des BRICS de 2025 consolidera la tendance à la diversification des relations économiques et financières mondiales, offrant aux États membres et aux partenaires une alternative à l'hégémonie du dollar.
Grâce à des accords sur l'énergie et les ressources, les BRICS réduiront l'exposition de leurs membres aux sanctions imposées par les États-Unis et l'Union européenne, en particulier dans le contexte des conflits actuels.
La coordination des BRICS pourrait affaiblir l'influence du FMI et de la Banque mondiale, tandis que la NDB pourrait devenir un pivot pour le financement de projets d'infrastructure dans le Sud global.
La Chine et l'Inde renforceront leur influence en tant que leaders du Sud global, en influençant les flux d'investissement et en établissant des normes technologiques.
Le sommet reflète la consolidation des BRICS en tant que pôle alternatif mais prudent, sans mesures radicales. Cet événement marque le passage de la rhétorique idéologique à des mesures pratiques visant à construire une autonomie économique, financière et technologique.
Les États-Unis et l'Union européenne ont exprimé leur inquiétude face à l'accélération du processus de dédollarisation, craignant une perte d'influence financière mondiale et le déplacement des flux commerciaux vers les plateformes des BRICS.

L'expansion des BRICS et leurs initiatives de dédollarisation pourraient affecter l'accès de l'UE à des ressources essentielles et aux marchés émergents, ce qui nécessitera des ajustements des stratégies énergétiques et industrielles européennes afin de contrer l'influence croissante du bloc BRICS sur les marchés mondiaux.
Pour la Roumanie, il est important de suivre de près les orientations définies lors du sommet des BRICS, car l'expansion et la consolidation de ce groupe peuvent entraîner des changements sur les marchés de l'énergie, des matières premières et du commerce mondial, affectant indirectement les économies européennes.
Dans le même temps, l'évolution des BRICS peut offrir des possibilités de coopération spécifique dans des domaines tels que les infrastructures, l'énergie et le commerce, et l'adaptation des stratégies nationales à ces réalités peut contribuer à réduire les vulnérabilités et à diversifier les partenariats économiques internationaux.
En conclusion, même si les BRICS ne peuvent pas modifier unilatéralement l'ordre économique mondial, la cohésion des intérêts des États membres peut progressivement entraîner des changements dans les flux économiques et financiers mondiaux.
Général (à la retraite) Corneliu Pivariu. Membre du Conseil consultatif de l'IFIMES et fondateur et ancien directeur général d'INGEPO Consulting