Soudan : la dernière phase du dialogue politique suscite des espoirs pour l'avenir du pays

La crise politique et sociale que connaît le Soudan depuis le coup d'État d'octobre 2021 pourrait être considérablement atténuée grâce aux efforts du mécanisme trilatéral parrainé par la Mission intégrée d'assistance à la transition des Nations unies au Soudan (UNITAMS), l'Union africaine (UA) et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). L'initiative, qui vise à encourager un processus de dialogue politique pour faciliter une transition démocratique, entre dans sa phase finale avec l'accord des acteurs politiques soudanais.
Cette phase a débuté dimanche dernier au Friendship Hall de Khartoum dans un climat d'optimisme local et international et en présence de représentants de la société civile, d'universitaires, de membres du secteur privé, de chefs religieux, de membres du public, de jeunes et de groupes de défense des droits des femmes.
The Trilateral Mechanism and the Joint Coordination Committee held a series of meetings this week to prepare the next phase of the political process. AU-IGAD-UN are providing expertise and support to broad consultations on five issues starting with a conference on dismantling. pic.twitter.com/gy3hi0tLmj
— UN Integrated Transition Assistance Mission Sudan (@UNITAMS) January 5, 2023
Selon un communiqué du mécanisme trilatéral, les pourparlers de quatre jours porteront sur cinq questions clés afin de parvenir à "une feuille de route pour la reprise du processus de démantèlement du régime d'Omar Al-Bashir", le dictateur qui a contrôlé le pays pendant près de 30 ans.
Grâce à cette initiative - qui compte également sur la médiation de pays occidentaux et arabes tels que les États-Unis, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis - les différentes factions politiques du Soudan ont signé début décembre un accord-cadre politique qui ouvre la voie à la stabilité politique tant attendue dans le pays. Comme l'IGAD l'a noté dans un communiqué de presse, cet accord "est un premier pas essentiel vers le rétablissement d'une période de transition durable et la formation d'un gouvernement civil, démocratique et responsable".
SRSG @volkerperthes remarks on the Framework Political Agreement "It is my hope that the principles in the document will be translated into action. The transitional authorities need to commit to respect & protect the rights & freedoms of all Sudanese"
— UN Integrated Transition Assistance Mission Sudan (@UNITAMS) December 5, 2022
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Or, lors de cette dernière étape, les représentants politiques soudanais doivent discuter de la justice, de la sécurité, des réformes et du démantèlement des éléments liés au régime d'Al-Bashir, évincé en avril 2019 après de fortes manifestations antigouvernementales. "Les groupes de travail et les conférences à venir devraient aboutir à des feuilles de route sur chacune des questions à prendre en compte dans l'accord politique final", indique un communiqué de l'UNITAMS.

Abdel Fattah Al-Burhan, chef de l'armée et président du Conseil souverain de transition, s'est engagé avec son vice-président, Mohamed Hamdan Dagalo Hemetti, à rester attaché à la transition démocratique et aux accords conclus en décembre dernier.
"Nous vous assurons à tous et au peuple soudanais que nous ne vous décevrons pas et que nous ne reviendrons pas sur le chemin que nous avons emprunté pour nous conduire à une transition démocratique", a déclaré Al-Burhan, le chef du coup d'État d'octobre 2020 qui a mis fin au gouvernement de transition dirigé par Abdalla Hamdok, aggravant la crise politique, sociale et économique du pays. Selon Sudan Tribune, Al-Burhan a remercié les "partenaires régionaux et internationaux qui soutiennent ce processus" et a notamment souligné les efforts du mécanisme trilatéral.

Al-Burhan a également assuré que les forces armées s'appuieraient "tôt ou tard" sur un gouvernement civil élu. "Les forces armées s'engagent à se retirer [de la politique] et à travailler avec leurs partenaires politiques et civils pour jeter les bases du rôle de l'armée dans les sociétés démocratiques", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse, selon The National News.
L'accord paraphé début décembre prévoit le retrait des militaires de la vie politique, ainsi que la nomination d'un premier ministre civil chargé de conduire le pays dans une transition de 24 mois menant à des élections libres et équitables.
Malgré les déclarations d'Al-Burhan, l'accord conclu en décembre et l'avenir du pays suscitent encore beaucoup de scepticisme. De nombreux citoyens continuent d'exiger que les militaires quittent le pouvoir immédiatement et soient traduits en justice pour la mort d'au moins 120 personnes lors des manifestations qui ont suivi le coup d'État.

S'adressant à The National News, Amjad Fareid Eltayeb, chef de cabinet adjoint d'Abdalla Hamdok, déclare que l'accord signé en décembre et les négociations ultérieures aboutiront à un "accord d'élite qui manque de soutien public" qui n'empêchera pas de futurs coups d'État dans le pays.
Le Soudan est en proie à l'instabilité depuis le coup d'État d'octobre 2021. En outre, depuis lors, la situation économique et sociale s'est considérablement détériorée car, à la suite du coup d'État militaire, les partenaires internationaux du Soudan, tels que les États-Unis et l'Union européenne, ont suspendu les millions de dollars d'aide au pays. À ce scénario critique, il faut ajouter la crise humanitaire provoquée par les sécheresses et la hausse des prix, ainsi que les nouveaux épisodes de violence ethnique et tribale qui ont fait des centaines de morts et des milliers de déplacés dans diverses régions du pays.