La ville malienne a été durement touchée par l'action des radicaux

Tombouctou souffre du blocus djihadiste

La alianza yihadista Grupo de Apoyo al Islam y a los Musulmanes (GSIM), vinculada a Al Qaeda, anunció a principios de agosto en una serie de mensajes que declaraba "la guerra en la región de Tombuctú" y bloqueaba la antigua ciudad de Tombuctú
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PHOTO/AFP - L'alliance djihadiste liée à Al-Qaïda, le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans (GSIM), a annoncé début août dans une série de messages qu'elle déclarait "la guerre dans la région de Tombouctou" et qu'elle bloquait l'ancienne ville de Tombouctou

Les habitants de Tombouctou ont cru à une nouvelle intimidation lorsque les djihadistes ont annoncé le blocus de cette ville malienne. Aujourd'hui, ils vivent presque coupés du monde et subissent la dure réalité, avec un commerce en berne et des inquiétudes pour leur sécurité

"Nous pensions qu'il s'agissait de messages de pure forme, destinés à semer la psychose", explique Abdul Aziz Mohamed Yehiya, un représentant de la société civile. "Mais ce que nous vivons aujourd'hui est exactement la même chose qu'un blocus"

Le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans (GSIM), une alliance djihadiste affiliée au réseau Al-Qaïda qui lutte depuis des années contre l'État malien, a annoncé dans des messages au mois d'août qu'il déclarait "la guerre dans la région de Tombouctou"

Un commandant local de l'organisation, Talha Abu Hind, a averti que les camions en provenance d'Algérie, de Mauritanie et d'autres pays ne seraient plus autorisés à entrer dans la région. Ceux qui le feraient seraient "attaqués et brûlés"

Les témoignages recueillis sur place et par téléphone par l'AFP racontent ce qu'est devenu le quotidien des dizaines de milliers d'habitants de cette ville à l'histoire et au patrimoine multiséculaires, où les camions n'entrent plus, où l'on risque sa vie en sortant de chez soi, où les produits de première nécessité manquent, quand tombe un obus de temps en temps

Certains habitants parlent à visage découvert, d'autres demandent l'anonymat. 

Un habitant qui est récemment rentré à Tombouctou en moto raconte qu'il était pratiquement le seul sur la route. "Je n'ai vu que des djihadistes lourdement armés avec des mitrailleuses de 12,7 mm sur des motos", dit-il. 

La route étant très dangereuse, le fleuve Niger, au sud, constituait une bonne alternative pour le transport des marchandises et des personnes. 

Mais cette option a pris fin le 7 septembre avec l'attaque d'un ferry, attribuée à des djihadistes, au cours de laquelle des dizaines de civils ont été tués. La navigation a été suspendue jusqu'à nouvel ordre, a déclaré un responsable de la compagnie fluviale. 

"Insoutenable" 

Quant au transport aérien, Sky Mali, la seule compagnie travaillant avec Tombouctou, a annulé ses vols après un tir d'obus sur le périmètre de l'aéroport

Les djihadistes ont étendu leur influence dans les zones rurales autour des villes, non pas tant pour s'en emparer que pour accroître la pression sur l'État

La junte militaire, confrontée à des problèmes de sécurité dans la plupart des régions du pays, minimise les effets du blocus, qu'elle ne qualifie pas de blocus. 

À cet égard, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga a loué la résilience des habitants lors d'une réunion au début du mois avec des représentants de Tombouctou. 

"Pendant un moment, il faut tout sacrifier pour inverser la tendance. Et cela se fait dans la douleur"

Pendant ce temps, le commerce à Tombouctou languit

"Il n'y a que des camions garés qui ne peuvent même pas circuler. En ce moment, pas un seul camion n'entre à Tombouctou", affirme Umar Baraka, président d'une association de jeunes. 

"Nous sommes en crise", et il y a une pénurie de sucre, de lait et d'huile, ajoute Baba Mohamed, un commerçant. "Si les choses continuent ainsi, beaucoup de magasins devront fermer", ajoute-t-il avec inquiétude. 

Le manque de produits se traduit également par la spéculation

"Le litre d'essence coûte 1 250 francs (2 dollars), alors qu'il coûtait 700 francs auparavant", explique Oumar Baraka. 

"La situation est intenable, les habitants de Tombouctou souffrent", déplore Abdul Aziz Mohamed Yehiya, une figure de la société civile. 

A tout cela s'ajoute le problème fondamental de la sécurité, notamment avec le retrait de la mission de l'ONU sur ordre de la junte militaire qui gouverne le Mali. 

Depuis le début de son retrait, les djihadistes ont accentué la pression. Jeudi, l'armée malienne a annoncé que deux personnes avaient été tuées dans un tir d'obus djihadiste sur la ville. 

"Les gens avaient l'habitude de sortir pour s'amuser. Mais c'est en train de disparaître, à cause des obus qui tombent au milieu de la rue. Les gens ont très peur", explique un voisin.