Les deux dirigeants ont discuté des relations avec la France et de la réconciliation des pays du Golfe avec le Qatar

La Turquie et le Liban se rencontrent par surprise à Istanbul

REUTERS/SATISH KUMAR - Le Premier ministre libanais Saad Hariri s'exprime lors du Forum d'investissement Émirats arabes unis-Liban à Abu Dhabi, Émirats arabes unis, le 7 octobre 2019

Istanbul a reçu une visite surprise du Premier ministre libanais Saad Hariri, selon le département des communications du président turc. La rencontre entre les deux dirigeants a eu lieu au Palais de Vahiddin. Les deux hommes ont discuté de questions importantes pour la région, telles que les relations entre Ankara et Paris, et la récente déclaration d'Al-Ula, qui rétablit les relations entre plusieurs pays du Golfe et le Qatar.

Les relations étroites entre le Liban et la France, comme en témoigne la présence de Macron après l'explosion dans le port de Beyrouth, pourraient être un point d'appui pour Ankara dans la normalisation des relations avec la France et, en particulier, avec le président français. Au milieu de cette semaine, le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a annoncé un accord avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian, pour tenter de rapprocher les positions et d'atténuer les accusations.

Atalayar_Emmanuel Macron, presidente Francia, Michel Aoun, presidente Líbano

La Turquie est également fermement engagée à soutenir le Liban dans la reconstruction de sa zone portuaire, ce que la France s'est également montrée disposée à faire, afin que Hariri puisse servir d'intermédiaire dans le rapprochement entre Paris et Ankara. Tout comme avec la France, Erdogan entend aplanir les divergences avec l'Union européenne, poussées par la crise économique dont souffre le pays et que les sanctions de Bruxelles, mais aussi des Etats-Unis, risquent d'aggraver.

L'autre question dont les dirigeants ont discuté en profondeur, a été la récente réconciliation entre l'Arabie Saoudite, les Emirats, Bahreïn et l'Egypte avec le Qatar, qui était maintenu dans un blocus par terre, mer et air depuis 2017. Comme le Liban et la France, la Turquie est l'un des principaux alliés du Qatar. L'intérêt d'Ankara pour la région du Golfe est donc important et constitue un moyen pour le Liban d'y accéder facilement.

M. Erdogan s'est félicité de l'accord conclu lors du dernier sommet du Conseil de coopération du Golfe en Arabie Saoudite, qui a permis de rétablir les relations avec Doha et d'apaiser une atmosphère qui s'était fortement détériorée au cours des trois dernières années. Erdogan a également voulu ajouter que cet accord serait le prétexte parfait pour renforcer ses relations avec les pays du Golfe, et que leur économie pourrait ainsi gagner un peu d'oxygène.

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En effet, le Qatar est venu à la rescousse de la Turquie en décembre, en prenant 10% de la Bourse d'Istanbul, en plus d'acquérir des participations dans d'autres types d'infrastructures et d'entreprises, fournissant ainsi une certaine liquidité aux caisses turques affaiblies. Un patch que l'opposition et les économistes ont fortement critiqué.

Enfin, la Turquie a également exprimé l'importance de la stabilité politique au Liban, car il y a eu de multiples changements de gouvernement au cours des dernières années, dont certains ont impliqué Hariri. L'explosion dans le port de Beyrouth n'a fait qu'accélérer et aggraver l'instabilité du pays, qui est un sujet de préoccupation à Ankara, et a des répercussions sur l'économie libanaise, tout aussi meurtrie.