La Turquie veut maintenir sa présence militaire en Libye malgré la pression internationale
La deuxième conférence, qui a débuté à Berlin le 23 juin, a montré que les autorités intérimaires et les acteurs extérieurs ont fait des progrès significatifs au cours de l'année écoulée pour résoudre le conflit libyen. Cependant, malgré la solidarité manifestée par les médiateurs internationaux sur la nécessité de retirer toutes les troupes étrangères et les mercenaires de Libye, cette question reste non résolue, ce qui ralentit le processus de réconciliation nationale ainsi que les préparatifs en cours pour les élections générales prévues le 24 décembre.
Bien que la ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition libyen, Najla al-Mangoush, ait exprimé au cours de la conférence l'espoir que les mercenaires des deux camps quittent le pays dans les jours à venir, les intentions de la Turquie de maintenir sa présence militaire en Libye constituent un obstacle insurmontable à la résolution du problème.
Dès le début de son implication dans le conflit libyen, la Turquie a maintenu, selon elle, l'approche la plus légitime et la plus avantageuse pour tous en soutenant le GNA basé à Tripoli. Au lieu de fournir des armes et des équipements militaires, les dirigeants turcs ont signé une série d'accords profitables avec le GNA, cimentant formellement la présence de son contingent militaire en Libye et initiant une révision des frontières maritimes en Méditerranée orientale en vue d'étendre la zone économique exclusive et de mener des explorations géologiques dans les eaux contestées.
Face à la tempête de critiques internationales sur la signature des accords controversés, Ankara a continué à insister sur son bien-fondé, invoquant la reconnaissance et la légitimité du GNA dans le monde entier. Ainsi, ni l'absence du vote de confiance légalement requis par le parlement du pays pour le GNA ni l'expiration de son mandat après la conclusion de l'accord de Skhirat n'ont amené Ankara à douter de la validité des accords conclus avec les autorités libyennes.
Le rejet de l'offensive de Khalifa Haftar sur Tripoli et le maintien du GNA au pouvoir, tous deux obtenus avec le soutien direct de la Turquie, ont fini par convaincre Ankara du rôle exceptionnel qu'elle a joué en Libye. En effet, sous le prétexte de protéger le gouvernement libyen dit officiel, les Turcs ont réussi à prendre pied en Afrique du Nord et à établir une zone d'influence en Méditerranée, portant ainsi un coup aux intérêts de rivaux régionaux comme l'Égypte et la Grèce.
Pour la Turquie, la nomination du gouvernement intérimaire d'unité nationale issu du Forum de dialogue politique des Nations unies n'a absolument rien changé. Les nouvelles autorités visant à mettre fin au double pouvoir et à l'inimitié entre les parties au conflit n'ont rien trouvé de mieux que de réaffirmer immédiatement leur attachement aux obligations découlant des accords antérieurs avec la Turquie. Les dirigeants du GNU ont affirmé que ces accords "correspondent pleinement aux intérêts de la Libye", dissipant les illusions sur l'impartialité de la nouvelle administration dirigée par le Premier ministre Abdul Hamid Dbeiba.
Tout en bénéficiant de la loyauté du GNU, la Turquie a continué à défendre sa présence militaire dans le pays d'Afrique du Nord dans le cadre des efforts internationaux de lutte contre l'ingérence étrangère. À cette fin, Ankara a commencé à promouvoir activement une approche différenciée du retrait de ses mercenaires et de ses troupes régulières de Libye. Les dirigeants turcs insistent sur le fait que leurs troupes régulières ont le droit de rester en Libye sur la base des accords existants avec le gouvernement libyen et que leur présence future doit être discutée séparément de celle des mercenaires. Dans le même temps, Ankara entend remplir ses obligations envers la communauté internationale en acceptant de retirer une partie de ses militants amenés de Syrie pour rejoindre les affrontements contre les troupes de Khalifa Haftar. Selon les rapports qui circulent, la Turquie n'a accepté de retirer que 300 de ses milliers de mercenaires actifs en Libye.
Les tentatives de la Turquie de prendre pied en Afrique du Nord risquent de saper le processus politique et d'aboutir à des résultats indésirables, étant donné que le retrait d'un contingent étranger était la principale condition de la trêve. En ce sens, les actions turques devraient également être traitées de manière appropriée par les puissances européennes et l'ONU, dont les efforts visent actuellement à établir une paix durable et à organiser des élections nationales.
Alaeddin Saleh est un journaliste libyen qui étudie et couvre depuis longtemps la Libye et le Moyen-Orient.