La gastronomie née au milieu de la guerre unit les frontières

L'ancien directeur du tourisme du Mexique en Espagne et au Portugal (mission diplomatique de 2000 à 2003), vice-ministre du Tourisme du Mexique dans le gouvernement du président Calderón et secrétaire du Tourisme de l'État de Guanajuato (considéré comme "de la plus haute distinction" dans le tourisme mondial), a annoncé à ce correspondant l'existence du phénomène du mouvement touristique international à travers la table, qui nous invite à créer un espace de conversation afin de délibérer et de parvenir à des accords.  

Dans cette situation d'un monde convulsif, la cuisine et la cuisinière gagnent en force, nous invitant à nous asseoir autour d'une table pour dialoguer : "Une rhétorique à évaluer en ce moment". "Partager une table, prévue à cet effet (manger ensemble), atténuerait l'acrimonie des conflits internationaux".  C'est ainsi que Fernando Olivera Rocha a répondu à la question posée par ce correspondant sur la relation étroite entre la cuisine et les longues campagnes de guerre. 

Le 7e championnat du monde de tapas de la ville de Valladolid a réuni 16 chefs du monde entier, l'Inde étant le pays invité et la France le pays observateur, le Mexique se distinguant par son originalité. 

Pour Fernando Olivera Rocha, qui a occupé au sein du gouvernement fédéral les postes de sous-secrétaire aux Opérations touristiques et de directeur général du Développement des produits touristiques et de la Culture touristique, ce phénomène peut être envisagé sous deux angles. D'une part, la croissance du tourisme gastronomique dans la sphère internationale, où un touriste sur quatre voyage pour manger, étant donné que le plaisir du palais génère des ponts et des liens interculturels.  

Et l'autre perspective, basée sur la conception d'un monde interconnecté à travers la réciprocité gastronomique, avec des histoires de plats au milieu des conflits armés et où, aujourd'hui, cela pourrait ralentir l'expédition des produits. Le maintien de l'harmonie générée entre les cultures n'empêchera peut-être pas une guerre, mais il peut aider les parties en conflit à s'asseoir autour d'une table et à discuter avec plus de sérénité. L'importance du secteur agroalimentaire au niveau international a permis d'exporter le modèle du concours de Valladolid dans des pays comme le Mexique, où la première édition du concours national de tapas a eu lieu dans la ville de Querétaro.  

Dans le même ordre d'idées, Olivera Rocha, actuellement responsable du conseil externe pour plusieurs États mexicains, dont Querétaro, a eu un impact positif sur l'industrie touristique mondiale grâce à son engagement et à son enthousiasme. 

Il est certain que les conflits pourraient générer une plus grande tension dans les aéroports, dans le cadre d'une surveillance stricte, avec le risque que les produits ne passent pas, c'est-à-dire que les échanges entre les pays seraient affectés dans l'exportation et l'importation d'ingrédients et, par conséquent, limiteraient les possibilités de transfert économique et social. "Dans notre cas, heureusement, nous avons pu apporter tous les ingrédients avec lesquels le Mexique a participé au championnat du monde de Valladolid : maïs créole nixtamisé, champignons sauvages, langue de bœuf, sauce tomate verte avec xoconostle et escamoles (œufs de fourmis), ainsi que des germes de coriandre".  

Olivera Rocha a également affirmé que les conflits armés ont donné lieu aux préparations culinaires les plus uniques au cours de l'histoire, de sorte que, pour approvisionner les troupes en conflit, la cuisine doit être pratique, riche en protéines, en glucides et en vitamines, et pouvoir être consommée rapidement. 

Il a également souhaité dédier quelques mots à son pays, le Mexique, qui s'efforce depuis dix ans de promouvoir la tapa, "une minuscule invention culinaire qui fait de la passion un art et une fusion entre légende et innovation", et à David Quevedo, vainqueur du championnat du monde 2021, qui a coordonné un programme du ministère du tourisme de Guanajuato avec 230 cuisiniers traditionnels de différents villages otomí et chichimeca. Les figues de Barbarie, le yucca, l'agave, les graines et les racines ont tous contribué à l'amour de Quevedo pour la cuisine. Le chef David Quevedo s'est imprégné des connaissances de la cuisine du Mexique central pour apporter la tapa gagnante (la catrina, qui tient un taco cérémoniel) en Espagne en 2021. Le chef David Quevedo s'est inspiré de la figure aztèque Mictecacihuatl, déesse de la mort, "ce qui est lié à l'attachement des Mexicains au début et à la fin de la vie et à la tradition otomi du sceau familial qui se transmet de génération en génération", comme l'a souligné Olivera Rocha. 

Kapoor Sanjeev, le plus grand chef indien, est engagé dans la diplomatie gastronomique

Après avoir interviewé cette figure de proue du tourisme international, notre correspondant a pu s'entretenir avec le meilleur et emblématique chef de la cuisine indienne, Kapoor Sanjeev, qui a fait l'éloge du rôle important que jouent les événements mondiaux de ce type, "parce qu'ils contribuent à améliorer les relations entre les pays". L'Organisation des Nations unies (ONU) l'a choisi comme ambassadeur de l'Inde pour sa campagne "clean cookstoves" (fourneaux propres). 

L'offre culinaire, tout comme la religion, la culture et la race, sont des symboles de l'union des peuples. La gastronomie, science et art, étudie la relation entre l'alimentation et l'environnement et constitue un lien entre les peuples. La coopération autour d'une table a un impact sur les bonnes relations entre les nations. Ce chef philanthrope, reconnu par son gouvernement comme "le meilleur chef de toute l'Inde", a une association dont le programme de repas sert des déjeuners à plus de 2,3 millions d'écoliers dans les États indiens. 

Dans un message adressé aux citoyens du monde, le chef Kapoor Sanjeev, qui jouit d'une grande influence diplomatique, a évoqué sur un ton ému le sort d'un enfant au milieu d'une Inde troublée, exhortant les gouvernements à prendre d'autres mesures que l'exode des réfugiés. "Cela me brise le cœur de me rappeler les images de mes parents, qui souffrent en ce moment même : le déplacement de la société civile de leurs maisons", a-t-il déclaré.

Pour Kapoor Sanjeev, face à des éléments qui contribuent à briser le monde, l'art aide à arrondir les angles. La cuisine touche les cinq sens, ce qui rapproche les êtres humains. Les préparations culinaires dans les zones de combat ont, d'une part, le soutien de chefs comme José Andrés avec sa fondation World Central Kitchen, qui fournit et ravitaille les citoyens victimes des conflits, et d'autre part, comme Kapoor Sanjeev, qui a soutenu qu'il collabore lui-même dans la période post-conflit au début de la reprise, à travers l'exploitation des ressources agricoles, source d'alimentation pour ces pays en guerre. "Le retour à l'économie qui les fait vivre est le moyen de les aider à travers les organisations que je représente", a-t-il déclaré. 

Enfin, Sanjeev a tenu à préciser que la résolution d'un conflit doit être pacifique. "L'agression conduit à plus d'agression", a-t-il déclaré.  

Carmen Chamorro García, directrice du CIP/ACPE et diplômée du SEI en relations internationales.