Les investissements étrangers au Maroc : un succès pour tous ou seulement pour certains ?

Sede del banco BMCI Group BNP Paribas en Casablanca, Marruecos - PHOTO/ATALAYAR
Groupe BMCI Siège de la banque BNP Paribas à Casablanca, Maroc - PHOTO/ATALAYAR
En 2023, le Maroc a reçu environ 19 milliards de Dh d'investissements directs étrangers (IDE), ce qui représente une baisse significative par rapport aux 31,4 milliards de Dh reçus en 2022.

Cette baisse de 40 % des flux d'IDE a été attribuée à plusieurs facteurs, notamment les défis économiques mondiaux, l'incertitude politique dans la région et la concurrence croissante d'autres marchés émergents qui ont commencé à attirer l'attention des investisseurs internationaux.

Malgré ce déclin, le gouvernement marocain a maintenu une approche optimiste, soulignant les efforts de diversification des sources d'investissement et de modernisation de l'économie du pays.

La economía de las grandes promesas

Malgré la baisse des flux d'IDE, le Maroc continue d'attirer des investissements dans des secteurs clés tels que les énergies renouvelables et l'industrie manufacturière de pointe.  
 

Au cours du premier semestre 2024, le pays a attiré 13,1 milliards de Dh, établissant un record pour cette période. En outre, des investissements supplémentaires d'environ 5 milliards de dollars sont prévus pour les infrastructures liées à la Coupe du monde 2030, qui devrait stimuler le tourisme et améliorer les infrastructures sportives et de transport.  
 
Cependant, ces chiffres cachent un défi fondamental : comment s'assurer que ces investissements profitent à l'ensemble de la population marocaine, plutôt que d'être concentrés dans quelques secteurs ou régions.

Techno Park en el centro de la ciudad de Tánger, Marruecos - PHOTO/ATALAYAR
Techno Park dans le centre ville de Tanger, Maroc - PHOTO/ATALAYAR

Le taux de chômage élevé chez les jeunes et les inégalités croissantes entre les zones urbaines et rurales sont des indicateurs inquiétants qui montrent que la croissance économique actuelle n'atteint peut-être pas tout le monde. Bien que le Maroc ait réussi à se positionner comme la troisième destination d'investissement dans la région MENA, l'impact de ces investissements reste inégal. Les régions rurales et les populations les plus vulnérables risquent d'être laissées pour compte, car la plupart des investissements sont dirigés vers les zones urbaines et les secteurs de haute technologie. Cette concentration pourrait exacerber les disparités économiques et sociales existantes, créant ainsi une économie à deux vitesses. 

Sucursal de un banco en Marruecos - PHOTO/ATALAYAR
Agence bancaire au Maroc - PHOTO/ATALAYAR

Le gouvernement, pour sa part, a mis en œuvre des politiques visant à améliorer le climat des affaires et à attirer davantage d'investissements, mais ces mesures n'ont pas été suffisantes pour garantir une répartition équitable des bénéfices. La planification de la Coupe du monde 2030 est un exemple clé de la façon dont les investissements dans les infrastructures pourraient avoir un impact plus large, mais seulement s'ils sont gérés de manière inclusive.

La nécessité d'un développement équitable

Le véritable succès des investissements étrangers au Maroc ne se mesure pas uniquement par les chiffres. Il est essentiel que ces investissements se traduisent par des avantages tangibles pour tous les citoyens. Pour ce faire, il convient de mettre l'accent sur des politiques publiques qui non seulement attirent les capitaux étrangers, mais favorisent également un développement équitable et durable. 

Dírhams marroquíes en una foto ilustrativa en una casa de cambio en Casablanca, Marruecos - REUTERS/YOUSSEF BOUDILAL
Dirham marocain sur une photo d'illustration dans un bureau de change à Casablanca, au Maroc - REUTERS/YOUSSEF BOUDILAL

Le défi pour le Maroc est de transformer ces chiffres en améliorations réelles de la qualité de vie de tous ses citoyens. En l'absence d'une stratégie claire visant à garantir une croissance économique inclusive, le pays risque de créer un « royaume de promesses vides », où les investissements étrangers dopent les statistiques mais laissent la majorité de la population sur le carreau. 

Cependant, le Maroc dispose d'une base solide et d'un immense potentiel pour surmonter ces défis. En mettant à nouveau l'accent sur la création d'emplois inclusifs et le développement durable, le pays peut transformer ces flux d'investissement en un véritable moteur de changement positif, garantissant un avenir plus prospère à tous ses citoyens.

Ahmed Khadraoui, expert en finance et en investissement