Par la spirale depuis l'Europe

Retrato del Papa Francisco, exhibido en la Catedral de Nuestra Señora de los Ángeles, luego de la muerte del pontífice, en Los Ángeles, California, EE. UU., el 21 de abril de 2025 - REUTERS/ MARIO ANZUONI
Portrait du pape François, exposé dans la cathédrale Notre-Dame-des-Anges après le décès du souverain pontife, à Los Angeles, en Californie, aux États-Unis, le 21 avril 2025 - REUTERS/ MARIO ANZUONI
François, le pape des jeunes
  1. À propos

Depuis jeudi dernier, je me trouve à Rome et au Vatican, où j'ai pu vivre en tant que journaliste une expérience informative passionnante, celle des funérailles d'un pape.  

La mort du pape François, désormais François pour l'éternité, ouvrira une période de transition entre une papauté austère et progressiste et une autre qui, très probablement, cherchera un meilleur équilibre entre la pensée théologique conservatrice et ce que la réalité démontre avec ses transformations bouleversantes : la vie elle-même, avec ses drames et ses contradictions, ne se trouve ni dans la Bible, ni dans aucune de ses encycliques.  

L'Argentin Jorge Mario Bergoglio l'avait bien compris : l'avenir du catholicisme repose sur la manne que représentent les jeunes milléniaux, la génération Z et la génération Alpha. Et nous, les adultes d'âge mûr, savons très bien ce qui se passe au niveau des fondements émotionnels, humains, idéologiques et sexuels de ces trois générations.  

Au cours de ses douze années de papauté, François a consacré une grande partie de son temps et de son énergie à se rapprocher des jeunes en leur parlant leur propre langage : de l'avortement aux couples LGTBIQ, en passant par l'intelligence artificielle.  

Ces derniers jours, j'ai vécu en direct ses funérailles et j'ai été témoin de l'arrivée à Rome de centaines de milliers de fidèles catholiques et dévots du pape François venus du monde entier. J'ai pu constater la grande affection et l'admiration que les jeunes catholiques éprouvent pour l'héritage laissé par l'Argentin.  

Vendredi 25 avril dernier, face au tsunami de fidèles fervents, le Vatican et le gouvernement italien ont décidé de fermer tous les accès à partir de 17 heures en raison du risque important que représentait une foule concentrée dans un périmètre réduit.  

Je tiens à souligner mon admiration pour le déploiement des forces de sécurité italiennes, renforcées à certains endroits par l'armée, qui ont veillé à ce que cette longue journée se déroule sans incident. Les carabiniers et l'armée ont renforcé la surveillance, rue par rue, et il y avait des policiers à chaque entrée des escaliers du métro et à l'intérieur des quais. 

Il me semble que c'est à partir de maintenant que commence la légende de François. Certains, de son vivant, l'ont toujours placé en dessous de l'héritage du pape Jean-Paul II avec ces comparaisons odieuses, mais les deux n'ont rien à voir l'un avec l'autre : le pape Jean-Paul II a eu un long pontificat de 27 ans dans une époque marquée par la guerre froide et la lutte idéologique entre le capitalisme et le communisme. L'influence du Polonais n'a pas été vaine dans la chute du mur de l'URSS.  

Avec le pape François, l'actualité n'est pas moins difficile dans un monde en mutation, marqué par les attentats terroristes, les pandémies, les invasions, les cybermenaces et, surtout, une jeunesse à la merci du nouveau Dieu : Internet et l'océan de mensonges et de post-vérités qui y circulent.  

Il a su interpréter les signes des temps, les lire avec sagesse, ce prêtre de quartier qui allait de porte en porte pour rassembler une congrégation qui permettrait de créer une dynamique de rétroaction spirituelle qui leur donnerait la lumière pour devenir de meilleures personnes. L'espoir et la foi sont tous deux des placebos très efficaces.  

À propos

J'ai été témoin de ce tsunami humain qui cherchait d'abord avec ferveur une place sur l'esplanade de Saint-Pierre pour l'accompagner lors de ses funérailles ; puis, hier dimanche, les fidèles se sont rendus à la basilique Sainte-Marie-Majeure pour entrer à l'intérieur et voir la niche où repose François pour l'éternité. Pendant des heures et des heures, les gens ont fait la queue avec ferveur pour lui témoigner leur affection.  

Bergoglio a été méprisé et attaqué de l'intérieur du Vatican alors qu'à l'extérieur, sa popularité grandissait à tel point que, j'en suis sûre, personne n'aurait parié qu'il serait autant aimé, respecté et suivi.  

Dans ce contexte, il ne sera pas facile pour quelqu'un d'autre qui n'a ni son charisme, ni son humanité, ni son éclat, ni ces traits d'esprit avec lesquels il savait gagner le cœur des gens dès le premier contact, de prendre sa place.  

Celui qui viendra sera soumis à une pression énorme et à l'examen minutieux des fidèles et des comparaisons : voter pour un autre pontife aussi terne que Benoît XVI serait une grave erreur.  

C'est pourquoi je pense qu'il y aura une période de transition entre François et un autre cardinal qui, dans les années à venir, fera également preuve de cette vision novatrice. Les chiffres de son pontificat sont également très positifs : depuis le 13 mars 2013, date de son élection, jusqu'à son décès, le nombre de catholiques a augmenté de 137 000 personnes ; et, selon l'Annuarium Statiscum Ecclesiae et l'Annuaire pontifical de 2024, il y a 1,39 million de personnes baptisées catholiques dans le monde. En définitive, il a su toucher le peuple, cela me semble très clair.  

Lorsque je commence à écrire cette chronique, nous sommes le samedi 26 avril et je quitte le Vatican pour me rendre à la station de métro Ottaviano-San Pietro. Dans le wagon, un jeune homme qui se fait appeler ELG Emanuel chante des chansons de rap qui racontent l'adieu d'un homme bon qui se souciait d'aider tout le monde : « Si tu veux savoir son nom, je te le dirai, il s'appelle François, Francescus, et c'est l'ami de tous et il va nous manquer ». Ce furent sans aucun doute douze années passées à labourer là où il fallait.  

Requiescat in pace semper.