Le Maroc au Congrès mondial du droit 2025 : État de droit et souveraineté territoriale

World Law Congress 2025
Le Congrès mondial du droit 2025
Le Congrès mondial du droit 2025, qui s'est tenu à Saint-Domingue du 4 au 6 mai sous le thème « Nouvelles générations et État de droit : forger l'avenir », a non seulement consolidé la République dominicaine comme épicentre mondial du débat juridique, mais a également servi de plateforme au Maroc pour réaffirmer son engagement en faveur d'un modèle de gouvernance fondé sur la consolidation de l'État de droit, la démocratie et son développement territorial, ainsi que la promotion et l'innovation en matière de stabilité institutionnelle

Dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques et des défis à la souveraineté territoriale, la délégation marocaine, composée de juristes, d'universitaires et de législateurs, a présenté une défense solide et articulée de sa proposition d'autonomie pour le Sahara, tout en mettant en avant les progrès de son système constitutionnel et de sa régionalisation avancée. 

Cet événement, organisé par la World Jurist Association (WJA) et la World Law Foundation (WLF), a réuni plus de 300 intervenants de 70 pays, dont des personnalités telles que le président de la République dominicaine, Luis Abinader, l'ancien président colombien Iván Duque, la juge de la Cour suprême des États-Unis Sonia Sotomayor et, en particulier, le roi Felipe VI d'Espagne, chargé de présider la clôture.

Le choix de Saint-Domingue comme lieu de la conférence n'était pas fortuit : la ville symbolise les fondements du droit en Amérique, puisqu'elle a accueilli la première Audience royale du Nouveau Monde au XVIe siècle. Ce cadre historique a permis au Maroc de relier son discours sur la modernisation juridique à une tradition de justice bien ancrée, en mettant en avant sa Constitution de 2011 comme pierre angulaire d'un État qui allie stabilité politique et ouverture démocratique. 

El rey Felipe VI en el World Law Congress 2025
Le roi Felipe VI au le Congrès mondial du droit 2025

La délégation marocaine était composée de Zakaria Aboueddahab, professeur de relations internationales à l'université Mohammed V de Rabat, Hamid Aboulas, professeur de droit constitutionnel à l'université Abdelmalek Essaadi de Tanger, Zaina Chahim, avocate et présidente de la commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants, et Abdelaziz Laaroussi, professeur de droit public et vice-doyen de la recherche scientifique et des partenariats à la faculté de droit de l'université Mohammed V de Rabat. 

Cette délégation a participé activement à des tables rondes consacrées à la protection des droits de l'homme, à la décentralisation territoriale et aux défis de la justice dans des environnements multiculturels. Leur présence n'était pas purement protocolaire : chaque intervention était soigneusement conçue pour établir un lien entre les réalisations internes du Royaume et les principes défendus par la communauté juridique internationale.

L'un des axes centraux de la stratégie marocaine lors de ce congrès était la présentation détaillée de son modèle de régionalisation avancée, mis en œuvre après la réforme constitutionnelle de 2011. Comme l'a expliqué le professeur Laaroussi, ce système permet aux régions marocaines, y compris les provinces du sud, d'exercer des compétences exclusives dans des domaines tels que le développement économique, la gestion culturelle et la planification environnementale, toujours sous l'égide de l'unité nationale. Cette approche, soutenue par des mécanismes de participation citoyenne et de transparence, a été essentielle pour intégrer les particularités locales dans un projet national cohérent. 

World Law Congress 2025
Le Congrès mondial du droit 2025

Le professeur Aboulass a ajouté que la Constitution marocaine n'est pas un document statique, mais un « organisme vivant » qui évolue grâce à des réformes consultatives. La révision en cours du Code de la famille de 2004 (Mudawana), qui vise à élargir les droits des femmes et des minorités, un thème qui a résonné dans les débats sur l'égalité des sexes lors du Congrès, en est un exemple. Selon Chahim, ces progrès reflètent la capacité du Maroc à concilier tradition et modernité sans sacrifier la cohésion sociale, un message particulièrement pertinent dans un forum où ont été discutés des cas de fragmentation territoriale dans d'autres régions du monde.

Le point culminant de la participation marocaine a été la défense de son plan d'autonomie pour le Sahara, présenté à l'ONU en 2007 et récemment soutenu par les États-Unis et la grande majorité des États membres de l'UE. Lors d'une table ronde consacrée aux conflits territoriaux, le professeur Aboueddahab a fait valoir que cette initiative, loin d'être une simple stratégie diplomatique, repose sur trois piliers juridiques :

  • Conformité avec le droit international : le plan s'inspire de précédents tels que l'accord-cadre de James Baker (2001) et suit les normes d'autonomie ratifiées par les tribunaux internationaux. 
  • Approche inclusive : il propose la création d'un parlement régional élu doté de compétences en matière d'éducation, de santé et de gestion des ressources naturelles, garantissant la représentation de toutes les tribus sahraouies. 
  • Garanties en matière de droits de l'homme : il prévoit une amnistie générale pour ceux qui déposent les armes et des mesures pour rapatrier les réfugiés de Tindouf, sous la supervision d'organismes internationaux. Tout cela est conforme au paragraphe 31 de la proposition d'autonomie de 2007. 

Ces points ont été étayés par des données concrètes : depuis 2015, les investissements dans les provinces du sud dépassent 8 milliards de dollars, générant 50 000 emplois et réduisant la pauvreté de 40 %. Chahim a souligné que, contrairement aux propositions maximalistes, le plan marocain évite le piège du « tout ou rien » et donne la priorité au bien-être tangible de la population plutôt qu'aux disputes idéologiques. 

Bien que le Congrès n'ait pas été exempt de divergences d'opinions, la délégation marocaine y a répondu par des arguments solides. Tout d'abord, elle a rappelé que le Maroc a maintenu une position flexible, proposant de modifier certains détails du plan en dialogue avec l'ONU, à condition que sa souveraineté soit respectée. Ensuite, elle a souligné le soutien croissant de puissances telles que les États-Unis, dont le secrétaire d'État, Marco Rubio, a qualifié l'autonomie de « seule solution viable » lors de sa récente rencontre avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, en avril dernier. 

World Law Congress 2025
Le Congrès mondial du droit 2025

Ce soutien international n'est pas fortuit : comme l'a souligné le professeur Laaroussi, le Maroc a modernisé son cadre juridique pour s'aligner sur les conventions internationales. Ces efforts contrastent, selon les intervenants, avec l'opacité d'autres acteurs de la région, faisant indirectement allusion au refus algérien de participer aux tables rondes organisées sous l'égide de l'ONU.

La clôture du congrès, présidée par le roi Felipe VI et le président dominicain Luis Abinader, a couronné une semaine au cours de laquelle le Maroc a non seulement défendu sa position au Sahara, mais a également projeté une image de puissance modérée et modératrice dans un contexte mondial fracturé. En remettant le World Peace & Liberty Award 2025 à Sonia Sotomayor, juge à la Cour suprême des États-Unis, l'événement a souligné l'importance de la présence de personnalités qui allient rigueur juridique et pragmatisme politique, comme nous l'avons vu dans le cas du Maroc.

Dans un monde où l'État de droit est confronté à des menaces telles que la désinformation et le populisme, le modèle marocain offre des enseignements précieux : décentralisation sans fragmentation, innovation institutionnelle sans rupture historique et dialogue sans renonciation à la souveraineté. Comme l'ont bien résumé les intervenants marocains dans leurs discours, « le droit n'est pas un ensemble de règles abstraites, mais l'outil qui nous permet de transformer la diversité en force et le conflit en opportunité ». Le Maroc n'a pas seulement défendu des idées à Saint-Domingue, il a également démontré par des résultats concrets son attachement à son modèle juridique et de développement. Lors de ce forum international, le Maroc a illustré comment le droit peut transformer la société lorsqu'il est bien mis en œuvre. Une réalité tangible dans ses politiques et ses réformes.