Augmenter le soutien pour la phase cruciale de la guerre

Cinq mois se sont écoulés depuis que les Russes ont envahi l'Ukraine dans l'espoir de remporter une victoire rapide. Mais ce ne fut pas le cas, car les Ukrainiens se sont retranchés et ont fait preuve d'une résistance admirable et courageuse. Vladimir Poutine a dû se rabattre sur un plan révisé : pas toute l'Ukraine, qui, selon lui, ne mérite pas le titre d'État-nation et a été dominée par la Russie dans le passé. Peut-être faut-il que ce soit comme la Géorgie, en prenant juste des bouchées du territoire. Il doit montrer que l'invasion en valait la peine, car il perd des dizaines de milliers de personnes, probablement surtout des jeunes générations, qui ne veulent pas participer à la guerre et ne sont pas d'accord avec l'action. Il est connu que la population de la Russie, comme celle de plusieurs autres pays, est en déclin et c'est une dernière chance de réaffirmer l'importance de la Russie. L'histoire montrera qu'il est sur la mauvaise voie.
Poutine a récemment pris le risque de quitter la Russie pour se rendre en Iran et y rencontrer également le président turc, afin de vérifier les pays situés à sa frontière sud, qui est importante pour sa stabilité. L'Iran, parce qu'il a également un accord difficile avec les États-Unis, les tensions apparaissant de temps en temps. La Turquie est toutefois très importante pour la Russie, car elle chevauche le Bosphore et constitue la clé de la porte d'entrée de la Russie en Méditerranée. Il est vital que la Russie entretienne de bonnes relations avec la Turquie, qui pourrait sinon bloquer cet important débouché. En outre, la Turquie a été pendant plusieurs siècles, jusqu'à il y a cent ans, le centre de l'empire ottoman et, dans les décennies à venir, elle sera un acteur important à mesure que l'influence des pays arabes diminuera et que la demande de pétrole se réduira progressivement. La Turquie est également membre de l'OTAN et a la particularité d'être à la fois en Europe et en Asie.
Grâce à une initiative des Nations unies, accueillie par la Turquie, l'Ukraine et la Russie se sont réunies ces derniers jours pour signer un accord afin que les céréales ukrainiennes bloquées dans le port d'Odessa par les Russes puissent être distribuées à un monde affamé. Dans les 24 heures suivant la signature de l'accord, le port d'Odessa a été bombardé par des missiles. Il a fallu un jour de plus pour que les Russes trouvent l'excuse de viser une cible militaire, après tout il n'y a pas d'accord pour arrêter l'action militaire !
Il semblerait que les forces ukrainiennes se préparent à reprendre l'importante ville de Kherson, dans le sud du pays, ce qui devrait indiquer que l'aide promise par les alliés occidentaux se concrétise enfin, non seulement en termes de matériel mais aussi de formation des troupes ukrainiennes. Pendant ce temps, dans la région orientale du Donbas, l'avancée russe progresse très lentement. Les Ukrainiens tentent de tenir leur position jusqu'à ce qu'ils disposent de suffisamment d'armes modernes et d'une aide à la formation telle que celle fournie par le Royaume-Uni. Ils doivent supporter les missiles à longue portée que les Russes envoient sur des villes situées bien en arrière de la ligne de front, apparemment pour viser des cibles militaires. C'est ce qu'ils disent, mais ils frappent invariablement des cibles civiles, endommageant des immeubles d'habitation, par exemple, et tuant des innocents.
La guerre se poursuit et se poursuivra, du point de vue russe, pendant un certain temps encore, jusqu'à ce qu'ils, les Russes, voient qu'ils sont en train de perdre. Cela dépend dans une large mesure de l'Occident et de la réalisation, le plus rapidement possible, de son engagement de soutien. Y aura-t-il un arrêt de la guerre, demandé par Poutine ? Les Ukrainiens seront-ils d'accord ? Peu probable, sauf s'ils récupèrent la totalité ou la majeure partie de leur territoire. Quelle sera la position de l'Union européenne, en particulier celle des pays qui, à l'approche de l'hiver, souffrent économiquement, notamment du manque de combustible pour le chauffage. La prochaine phase de la guerre est cruciale.
Le Dr J. Scott Younger, OBE, est un ingénieur civil professionnel ; il a passé 42 ans en Extrême-Orient où il a effectué des missions dans 10 pays pour la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et le PNUD. Il est membre du conseil consultatif de l'IFIMES.
L'IFIMES - Institut international d'études sur le Moyen-Orient et les Balkans, basé à Ljubljana, en Slovénie, bénéficie du statut consultatif spécial auprès de l'ECOSOC/ONU, à New York, depuis 2018.