Conscience de la défense
Maintenir un certain équilibre dans l'aide militaire à l'Ukraine afin d'éviter une escalade de la guerre aux conséquences imprévisibles avec la Russie est le point délicat sur lequel les alliés de l'OTAN doivent agir. À condition que les troupes ukrainiennes puissent se défendre et même reprendre aux Russes autant de terrain que possible dans le Donbas ou, si le rêve est possible, en Crimée.
Le fait même que le sommet atlantique se soit tenu cette semaine en Lituanie, à Vilnius, pays balte allié et frontalier de la Russie, est en soi un message de fermeté et de détermination pour le président russe Vladimir Poutine. Et comme si cela ne suffisait pas, le président américain Joe Biden a tenu un sommet avec les alliés nordiques en Finlande, le plus récent membre de l'Alliance qui possède plus de 1 200 kilomètres de frontière avec la Russie. Après avoir commis l'énorme erreur d'envahir l'Ukraine au motif fallacieux d'éloigner l'OTAN des frontières de la Russie, Vladimir Poutine a vu son allié circonstanciel turc lever son veto et la Suède sera membre de l'Alliance atlantique avant la fin de l'année.
En peu de temps, deux ans, les citoyens finlandais sont passés de 80 % d'opposants à l'OTAN à 80 % de partisans de l'adhésion à l'Alliance...... Le contrôle de l'Arctique est crucial.
Mais il est clair que la dure réalité de la vie et des relations internationales à travers l'histoire brise d'un seul coup l'absurdité que certains ont utilisée pour leur profit personnel et leurs thèses autoritaires.
Ce n'est pas l'usage légitime de la force par la démocratie qui peut la transformer en autoritarisme ; c'est le processus graduel d'absence de défense et d'affaiblissement des structures étatiques qui donne des ailes aux populismes qui, trompés par de fausses promesses, accèdent au pouvoir pour l'utiliser à leur profit.
Lors des réunions de l'Alliance, le rôle de l'industrie de la défense et les budgets qui doivent être alloués pour faire face à la menace que représente l'invasion de l'Ukraine par Poutine sont revus à la hausse. C'est un défi pour une industrie qui a des points de collaboration atlantique mais aussi d'énormes réticences... Le cas le plus clair est celui de la France, qui réclame pour ses entreprises, au lieu des américaines, les fonds élevés qui sont gérés en ce moment.
On peut dire que l'industrie de la défense est en train de se redimensionner pour passer d'une situation presque minimale pour garantir la dissuasion et la défense intérieure, surtout dans le cas de l'Europe, à une expansion de la production et à des approches plus proches de celles des États-Unis. Un partenariat public-privé est indispensable. Les besoins en munitions, aussi élémentaires soient-ils, ont donné lieu à d'énormes divergences quant à la question de savoir qui devait les fabriquer, tandis que sur le front, il manquait une plus grande opérabilité et une plus grande efficacité dans la prise de décision. Aujourd'hui, l'évolution de l'opinion publique permet et oblige les entreprises de l'industrie de la défense à sortir de leur quasi-anonymat, de leur profil bas pour ne pas déranger ou brandir les bannières désuètes et dépassées des bonnes intentions, et à revendiquer leur rôle dans la sécurité et la défense - si vous voulez la paix, préparez la guerre - mais aussi leur rôle essentiel dans le développement de nouvelles technologies et de la recherche pour une utilisation dans la vie civile également. Les exemples sont nombreux, les plus clairs étant l'internet, le GPS, la péridurale ou le micro-ondes.