Trump en Arabie

Peut-être trouve-t-il inspirant le luxe des palais ou le fait d'être entouré de millionnaires avec lesquels il peut négocier en brandissant la carte de la présidence des États-Unis. « C'est un endroit magnifique, n'est-ce pas ? », affirme-t-il.
Trump est à l'aise en Arabie saoudite, cela se voit. Un pays allié qui souhaite la continuité, solvable, engagé dans les grandes lignes de sa politique et en phase de repositionnement de son image grâce au « sport washing » et à la diversification de ses investissements dans des territoires non hostiles. L'ennemi commun est l'Iran et le terrorisme qu'il promeut.
Même la Syrie a désormais un gouvernement plus proche des Saoudiens, auquel les États-Unis vont assouplir les sanctions économiques afin qu'il puisse reconstruire le pays. Pour être un allié parfait, il ne lui manque que deux étapes : contribuer à la défense commune avec davantage d'achats et de meilleures armes, et signer les accords Abraham avec Israël. Les Saoudiens ont dit oui à la première condition. Quant à la seconde, ce sera non pour l'instant.
Le New York Times place le voyage du président à côté d'une information qui anticipe le revirement stratégique prévisible de la marine américaine dans le Pacifique, où elle entend renforcer sa présence et moderniser ses systèmes de défense et de communication.
Pour ce faire, elle doit consacrer davantage de moyens budgétaires et d'innovation à cette région, tout en exigeant un engagement plus fort de la part de ses alliés dans d'autres régions. L'une d'elles est l'Europe. Une autre est le Moyen-Orient, où des acteurs stratégiques tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis peuvent jouer un rôle important dans la surveillance et la sécurité maritime et aérienne. Le Qatar peut quant à lui apporter une valeur ajoutée et une meilleure coordination à son rôle de médiateur dans la stabilisation de la Syrie et, surtout, de Gaza.
Trump a conclu des accords d'investissement mutuel avec les Saoudiens et les Émiratis dans différents secteurs, notamment la technologie et l'intelligence artificielle. Et avec les Qataris, il a favorisé un accord qui comprend l'achat de 210 avions Boeing. Il confirme ainsi que sa stratégie consistant à utiliser l'économie et le commerce comme instruments de développement de la politique étrangère a du sens dans un monde compétitif et donc ouvert à la coopération. Toutefois, les accords conclus n'éliminent pas les risques liés à la nucléarisation iranienne. Ni l'activité des groupes terroristes et criminels qui restent opérationnels à la périphérie de l'Arabie. Ils ne garantissent pas non plus la cicatrisation des terribles blessures qui subsistent dans la région.
La plus douloureuse, celle de Gaza et du conflit israélo-palestinien, qui n'a pas de solution si la reconstruction du territoire n'est pas accompagnée d'une action diplomatique visant à rétablir les voies politiques pour une entente future. Les pays arabes ont un rôle essentiel à jouer pour que ces voies soient activées, comme cela a été tenté avec les accords d'Abraham. Tout comme ils le sont en Syrie, où la Turquie sera également un élément essentiel à la stabilisation.
Pour toutes ces raisons, le succès économique et commercial du président Trump lors de son premier voyage à l'étranger dépendra de l'activité diplomatique que les États-Unis pourront mener à partir de maintenant dans une région où, outre le renforcement de leurs alliés traditionnels, ils doivent réduire les niveaux d'hostilité et les causes de la radicalisation. La péninsule arabique ne peut pas être un îlot de prospérité au milieu d'un océan de décombres. Encore moins lorsque la périphérie géopolitique est encerclée par des puissances influentes telles que l'Iran ou le Pakistan, des groupes armés dans la mer Rouge et la Corne de l'Afrique, par le trafic maritime incessant dans les détroits de Suez et d'Ormuz et par la longue ombre de la mer Noire.