Le Maroc et la Chine : la diplomatie économique au service de la souveraineté sur le Sahara
Le Royaume a en effet commencé à gérer ses relations internationales dans une logique de partenariat équilibré et d'intérêts mutuels, ce qui renforce sa position d'acteur émergent dans l'équation géopolitique mondiale.
Dans ce contexte, le partenariat entre le Maroc et la Chine apparaît comme l'une des principales expressions de cette orientation, notamment dans le cadre de l'adhésion du Maroc à l'initiative « la Ceinture et la Route » lancée par Pékin, qui vise à redessiner la carte de l'influence économique mondiale sur de nouvelles bases.
Le Maroc a réussi à s'imposer comme une plateforme d'investissement et de commerce fiable au niveau africain et méditerranéen, ce qui en a fait un partenaire stratégique pour la Chine dans la région, non seulement en raison de sa situation géographique privilégiée, mais aussi grâce à son climat politique stable et à ses infrastructures développées. Les relations entre les deux pays ont connu un développement remarquable dans divers domaines, de l'industrie et des énergies renouvelables à l'infrastructure et à la santé, ce qui a renforcé la confiance mutuelle et ouvert de nouvelles perspectives de coopération bilatérale.
À la lumière de ce rapprochement croissant, de nombreux indicateurs laissent présager un possible changement de position de la Chine sur la question du Sahara marocain, orienté vers le soutien à l'initiative d'autonomie et la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Surtout si l'on se souvient de l'histoire récente : le monde entier, y compris le peuple chinois, a été témoin du discours historique du défunt roi Hassan II, prononcé lors d'une session de l'Assemblée générale des Nations unies en 1960, dans lequel il plaidait pour que la République populaire de Chine obtienne son siège au sein de cette organisation. Aujourd'hui, tant la Chine que le reste du monde reconnaissent que c'est grâce aux efforts du Maroc et d'autres pays amis que, le 25 octobre 1971, l'Assemblée générale a adopté la résolution 2758, qui a reconnu le gouvernement de la République populaire de Chine comme le seul représentant légitime de la Chine, y compris la région de Taiwan.
Le Maroc a toujours respecté le principe de l'unité des États, un principe qui est également au cœur de la politique étrangère chinoise, en particulier sur des questions sensibles telles que Hong Kong et Taïwan. Dans cette perspective, le Maroc, qui soutient constamment l'intégrité territoriale de la Chine dans les forums internationaux, construit une trajectoire cohérente avec la vision de Pékin et renforce la légitimité de sa cause auprès de ses partenaires.
Il convient également de rappeler les messages transmis lors de la rencontre entre le président chinois Xi Jinping et Son Altesse Royale le Prince héritier Moulay El Hassan à Casablanca en novembre 2024, qui confirment que la Chine soutient les efforts du Maroc pour préserver sa sécurité, sa stabilité et sa souveraineté.
Oui, Mesdames et Messieurs, si cette dynamique se poursuit sur sa lancée, la reconnaissance chinoise de la marocanité du Sahara n'est plus qu'une question de jours, d'autant plus que les États-Unis, la France, l'Espagne et le Royaume-Uni ont explicitement soutenu l'initiative d'autonomie, tout comme d'autres puissances régionales et internationales importantes, en tant que solution sérieuse et réaliste.
La Chine, qui mise sur la stabilité et le développement dans ses partenariats internationaux, sait que le Maroc est le véritable garant du développement et du calme dans la région, face à d'autres acteurs qui optent pour l'aventure et l'incertitude.
En conclusion, le pari du Maroc sur l'économie comme outil de positionnement politique n'est plus seulement une option, mais est devenu une stratégie mûre qui ne permet pas de franchir les lignes rouges de la souveraineté nationale. Une stratégie qui porte déjà ses fruits et qui renforce la dynamique de reconnaissance internationale de la marocanité du Sahara, non pas par le chantage ou la pression, mais par la logique du partenariat, de la crédibilité et du respect mutuel.
Lahoucine Bekkar Sbaai, avocat au barreau des cours d'appel d'Agadir et de Laayoune, chercheur en migration et droits de l'homme et expert du conflit du Sahara marocain.
Traduction de l'arabe par : Abdessamad Benyaich