Mon père : le hibou sage

Haitham El Zobaidi - The Arab Weekly
Haitham El Zobaidi - The Arab Weekly
Sa bonté, sa générosité et sa sagesse ne sont pas mortes avec lui. Elles continuent de vivre en nous

La politique et le journalisme obligent souvent les gens à prendre parti, les poussant à choisir le camp qui leur déplaît le moins, puis à excuser ou à ignorer les mauvaises actions de ce camp. Dans un monde de plus en plus marqué par l'indignation et la division, l'impartialité est rare. 

Mais mon père, Haitham El Zobaidi, était différent. Il refusait de prendre parti. Quand je lui ai demandé comment il restait objectif dans son travail de journaliste, il m'a répondu qu'il fallait devenir un observateur, comme un hibou sage qui observe en silence dans la nuit. Son objectif n'a jamais été de défendre un camp contre un autre, mais de rechercher la vérité, aussi complexe ou dérangeante soit-elle. 

C'est ce qui le rendait si unique dans le climat polarisé actuel : sa capacité à s'élever au-dessus de l'idéologie, à se détacher des préjugés émotionnels et à voir clairement la réalité sur le terrain. Son profond rejet de l'extrémisme sous toutes ses formes venait de ses propres expériences lorsqu'il grandissait en Irak, un pays qui a profondément souffert de la division et du radicalisme. 

Il se définissait comme un humaniste, voué à l'amélioration de la vie de tous les habitants du Moyen-Orient et au-delà, indépendamment de leur race ou de leur religion. Cette conviction n'était pas seulement une position professionnelle, elle a également façonné sa vie personnelle. Sa gentillesse et sa générosité étaient des traits caractéristiques dont tous ceux qui l'ont connu se souviendront. 

Il a mené son combat contre le cancer avec un courage inébranlable et a refusé d'abandonner, même jusqu'à la fin. Bien que son corps se soit affaibli, son esprit est resté vif, une source d'inspiration constante pour moi. 

Dans les jours qui ont suivi son décès, les souvenirs m'ont submergé comme des vagues : nous riant tous les deux d'une de ses blagues pince-sans-rire, les soirées passées à regarder Star Wars, qui ont éveillé mon amour pour la science-fiction, et la fois où il m'a emmené à l'O2 Arena de Londres pour voir la WWE en direct, avant que je comprenne que le catch professionnel était truqué (même s'il était indéniablement impressionnant). Ce sont des moments qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire, empreints de nostalgie, d'amertume et parfois d'une soudaine douleur lancinante.  

Mais sa gentillesse, sa générosité et sa sagesse ne sont pas mortes avec lui. Elles continuent de vivre en nous. Et c'est maintenant à nous de porter son flambeau, afin d'aider à éclairer le chemin dans un monde de plus en plus sombre.