Les Etats-Unis proposent une nouvelle approche de la crise du Sahara

Selon le journal en ligne, elle devrait impliquer les quatre principaux protagonistes (Algérie, Mauritanie, Maroc et Front Polisario), ainsi qu'un petit groupe de pays directement impliqués dans le conflit, à savoir l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et les Etats-Unis.
S'agit-il d'un cadre approprié pour résoudre le conflit vieux d'un demi-siècle entre le gouvernement marocain et le mouvement Polisario au sujet de la souveraineté de l'ancienne colonie africaine espagnole ? La question mérite réflexion et débat.
La crise dans les anciennes provinces espagnoles (lorsque l'Espagne s'est retirée du Sahara, elle a signé un accord avec le Royaume du Maroc et la République de Mauritanie à qui elle a transféré l'administration du territoire en attendant un référendum de la population, accord qui a été déposé au registre de l'ONU) s'est envenimée.
L'ONU n'a pas été en mesure de résoudre le différend ; pas moins de sept secrétaires généraux ont été contraints de jeter l'éponge. Les principaux protagonistes ont multiplié les réunions, bilatérales Polisario-Maroc et générales entre les quatre parties, et se sont opposés sur presque tous les points de litige : recensement, statut des réfugiés, rôle du Front Polisario, cessation de la confrontation armée, architecture institutionnelle de la région... Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, s'accroche à un référendum d'autodétermination prévu à l'origine par l'ONU mais mis de facto en veilleuse depuis 20 ans, tandis que le Royaume de Mohammed VI a proposé la solution d'une autonomie du territoire dans le cadre souverain marocain, avec un statut interne pour les structures administratives et gouvernementales élues par la population locale qui reste à élucider.
La proposition de l'administration démocrate de Joe Biden, si elle est confirmée, serait la meilleure garantie internationale pour la mise en œuvre des accords auxquels "les quatre parties concernées" pourraient parvenir.
Le Maroc ne croit pas que l'Algérie respectera l'éventuelle feuille de route adoptée par la conférence, ni que le Front Polisario acceptera de déposer les armes et de s'intégrer dans la région autonome sous la forme convenue, et qu'il ne s'agit que d'une tactique pour poursuivre la lutte armée pour l'indépendance dans le territoire contesté.
De son côté, l'Algérie et sa partie sahraouie ne font pas confiance au Maroc pour respecter les droits et libertés de la population du territoire en cas de mise en place d'une autonomie régionale. Le Front Polisario ne voit pas non plus d'un bon œil le fait d'être pris entre deux feux et d'être un atout dans la manche de chacune des deux puissances hégémoniques du Maghreb.
Quant à la Mauritanie, elle craint que la minorité sahraouie vivant sur son territoire souverain ne soit utilisée comme monnaie d'échange par les trois autres protagonistes.
Les garanties internationales ne seraient obtenues que si les pays tiers impliqués s'érigeaient en arbitres et en juges du conflit. Si les États-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et l'Espagne se limitent au rôle d'hôtes, la mini-conférence internationale sera un nouvel échec. Mais si ce quintet de puissances s'implique et impose son contrôle, les conditions peuvent être réunies pour résoudre définitivement le conflit et jeter les bases d'un développement coordonné de la région du Maghreb.
L'implication des grandes puissances, qui dans d'autres scénarios sont directement conflictuelles, pourrait commencer à façonner un équilibre stratégique dans la région atlanto-méditerranéenne et nord-africaine, face à la "négociation des nouveaux équilibres mondiaux" qui résultera du bouleversement géostratégique international en cours.