Hanoukka, la fête juive avec la guerre de Gaza en toile de fond

PHOTO/PIXABAY
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Depuis le jeudi 7 décembre au soir, les foyers juifs du monde entier allument la première bougie d'un candélabre à neuf branches. Ce qui est commémoré a eu lieu il y a 23 siècles, en l'an 167 avant J.-C. Il s'agit du massacre de milliers de Juifs qui résistaient à l'hellénisation qui leur était imposée par Antiochus IV Épiphane, membre de la dynastie des Séleucides, qui régnait sur la Judée à l'époque.

Un symbole majeur de l'asservissement qu'Antiochus entendait infliger aux Juifs fut l'interdiction de célébrer leurs actes de culte dans le Grand Temple de Jérusalem, qui fut dès lors profané pour y substituer la dévotion à des dieux païens, Zeus en tête. Le peuple hébreu se révolte et part à la reconquête du temple, qu'il prend au prix de milliers de morts. Les survivants du massacre parviennent à installer un autel provisoire pour leurs propres célébrations. Cette "réouverture" est littéralement appelée "Hanoukka", évoquant à la fois une reconstruction nationale et une renaissance spirituelle correspondante, comme le définissent des spécialistes tels que Jean-Christophe Attias et Esther Benbassa dans leur "Dictionnaire des mondes juifs" (Ed. Larousse). 

Selon la tradition talmudique, un prodige encore inexpliqué se produisit : lorsque le culte juif fut restauré dans le Temple, et que les sept branches du chandelier appelé Ménorah furent allumées, les Hébreux s'aperçurent qu'il n'y avait qu'une seule lampe d'huile consacrée, suffisante pour un seul jour.  Miraculeusement, la lampe a brûlé sans interruption pendant huit jours, le temps de fabriquer de l'huile nouvelle. C'est pourquoi la fête de Hanoukka dure huit jours, coïncidant avec le début de l'hiver, à savoir à partir du 25 kislev, qui se situe entre novembre et décembre. 

Ainsi, pour la commémoration, chaque foyer allume une bougie du candélabre à neuf branches (hanukia) utilisé pour Hanoucca, placé de préférence près d'une fenêtre. La neuvième branche du candélabre est utilisée pour tenir la bougie auxiliaire appelée shamash, qui sert à allumer les huit autres bougies pendant la période festive de la commémoration. 

Déjà considérée comme une fête des lumières, sa tradition a également été adoptée par d'autres religions, notamment chrétiennes. Ainsi, la Fête des Lumières est célébrée en grande pompe populaire dans des villes à fort ancrage catholique comme Lyon, Cologne ou Milan, où le sens œcuménique de la réconciliation et de la purification spirituelle personnelle est mis en avant. 

À l'heure où les combats s'intensifient dans la guerre de Gaza, tandis qu'en Ukraine, on craint que l'arrêt de l'aide occidentale, en particulier des États-Unis, ne facilite les plans expansionnistes du président russe Vladimir Poutine, chaque communauté a de nombreuses raisons de se réjouir ou de se lamenter, en fonction de ses propres circonstances. Espérons au moins que les lumières de Hanoukka illumineront, voire éblouiront et éveilleront la pitié des esprits et des cœurs.