Israël-Iran : histoire et réalité

<p>Una fotografía tomada el 1 de noviembre de 2023, cerca de la frontera de Israel con la Franja de Gaza, muestra la fecha del 7 de octubre de 2023 tatuada en el brazo de un camarógrafo israelí, en memoria de un amigo asesinado durante el ataque del 7 de octubre por militantes palestinos de Hamás en el kibutz Beeri - AFP/JACK GUEZ&nbsp;</p>
Une photographie prise le 1er novembre 2023, près de la frontière israélienne avec la bande de Gaza, montre la date du 7 octobre 2023 tatouée sur le bras d'un caméraman israélien, en mémoire d'un ami tué lors de l'attaque du 7 octobre par des militants palestiniens du Hamas sur le kibboutz Beeri - AFP/JACK GUEZ
L'augmentation de l'animosité à l'égard d'Israël dans la grande majorité des sociétés musulmanes est une réaction logique

Le récit qu'ils reçoivent des événements du Moyen-Orient les met instantanément en conformité morale avec leurs frères de religion. Dans l'immense majorité de cet univers, de l'Atlantique à l'Océan Indien, le massacre perpétré par les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, la plus grande tragédie collective du peuple juif en un seul attentat depuis l'Holocauste, a été accueilli avec une immense sympathie et même une jubilation débridée. 

Parmi ces centaines de millions de musulmans, « bombardés » quotidiennement par de grandes quantités d'informations et d'images poignantes, des sentiments, des souvenirs et des émotions refont surface, concentrant dans l'Israël d'aujourd'hui les récits oraux et les légendes de l'époque où ils étaient soumis de manière coloniale à des puissances regroupées dans leur esprit, de manière générique, sous le nom d'« Occident ». Ils concentrent aujourd'hui en Israël la haine et l'esprit de revanche que leurs ancêtres ont accumulés, aujourd'hui renouvelés et encore plus exaltés si possible.

Il est en revanche beaucoup moins compréhensible que la haine antisémite se propage et croisse de manière exponentielle en Occident, dont Israël incarne les valeurs fondamentales de liberté, d'égalité et de démocratie libérale. 

<p>Un soldado israelí patrulla cerca de una casa dañada dentro del kibutz Beeri, cerca de la frontera con la Franja de Gaza, el 25 de octubre de 2023, tras el ataque del 7 de octubre por parte de militantes palestinos de Hamás - AFP/ARIS MESSINIS  </p>
Un soldat israélien patrouille près d'une maison endommagée dans le kibboutz Beeri, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 25 octobre 2023, après l'attaque du 7 octobre par des militants palestiniens du Hamas - AFP/ARIS MESSINIS  

Une gauche aux impulsions incontestablement totalitaires impose un récit dans lequel, de l'équidistance toujours suspecte, elle évolue sans heurt vers l'accusation d'Israël comme déclencheur d'une guerre régionale au Moyen-Orient et de son éventuelle propagation et de ses conséquences dramatiques dans le monde entier. 

Pratiquement dès le lendemain du massacre et de la prise massive d'otages israéliens par le Hamas, des efforts soutenus ont été déployés pour estomper, voire éliminer de la narration, le fait que les 1 200 hommes, femmes et personnes âgées tués, les 3 300 blessés et les 250 kidnappés ont été la mèche qui a déclenché les représailles israéliennes, dont le gouvernement s'est fixé pour objectif de réduire complètement la capacité du Hamas et du Hezbollah à menacer et à harceler sans relâche les populations situées de l'autre côté des frontières d'Israël.

Les premiers mois de l'année qui a suivi ce tragique 7 octobre ont été marqués par des tentatives délibérées de présenter le Hamas et le Hezbollah comme des organisations autonomes par rapport à leur maître et soutien, le régime théocratique iranien. 

L'ampleur et la profondeur des opérations militaires et de renseignement israéliennes ont rapidement suscité des appels aux États-Unis et en Europe en faveur d'un « endiguement » d'Israël, dont les attaques ont rapidement été qualifiées de « disproportionnées », « impitoyables », « criminelles », « nazies » et, si l'on veut placer la barre plus haut, « génocidaires ».

<p>Municiones en una carretera tras una mortal infiltración masiva de hombres armados del grupo islamista palestino Hamás, en la zona de Sderot, en el sur de Israel, el 7 de octubre de 2023 - REUTERS/AMMAR AWAD </p>
Des munitions sur une route après une infiltration de masse meurtrière par des tireurs islamistes palestiniens du Hamas dans la région de Sderot, dans le sud d'Israël, le 7 octobre 2023 - REUTERS/AMMAR AWAD 

Dans cette escalade dialectique, on trouve bien sûr la quasi-totalité de l'extrême gauche européenne et, naturellement, espagnole, quelques socialistes très à gauche, quelques politiciens de centre-droit plus enclins à l'émotion qu'à l'analyse rationnelle, et un très grand nombre d'intellectuels qui ont cessé depuis longtemps de servir de phare et de guide à la pensée des masses. 

Le guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est chargé vendredi dernier de renouveler son projet de rayer Israël de la carte. « Il ne lui reste plus beaucoup de temps », a-t-il déclaré en dirigeant solennellement la prière, une mitraillette à la main. Sérieusement affaibli par la contre-offensive israélienne, les organisations satellites de l'Iran à Gaza, en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen, le régime iranien ne peut qu'affronter directement Israël qui, outre sa détermination, a pour principal atout l'appui et le soutien de la superpuissance américaine, « quoi qu'il fasse », selon un Joe Biden à l'aube d'un repos bien mérité. 

Des voix comme celle du président français Emmanuel Macron, aujourd'hui bien diminué, préconisent de couper les livraisons d'armes à Israël. Ce n'est peut-être qu'un geste envers l'extrême gauche de La France Insoumise (LFI), qu'il a ignorée en formant un gouvernement de perdants des élections qu'il a convoquées, à la manière des Sanchistes, immédiatement après sa défaite retentissante aux élections européennes. Mais Macron, comme ceux qui le suivront dans cette revendication, devra considérer que la guerre au Proche-Orient a déjà dépassé le simple conflit israélo-palestinien.

<p>Un hombre y una mujer yacen muertos en una carretera tras una mortal infiltración masiva por parte de hombres armados del grupo islamista palestino Hamás, en la zona de Sderot, en el sur de Israel, el 7 de octubre de 2023 - REUTERS/AMMAR AWAD </p>
Un homme et une femme gisent morts sur une route après une infiltration de masse meurtrière par des hommes armés du groupe islamiste palestinien Hamas, dans la région de Sderot, dans le sud d'Israël, le 7 octobre 2023 - REUTERS/AMMAR AWAD 

Ce qui est désormais en jeu, c'est le nouvel ordre dans la région, et qu'à l'issue du conflit, il ne peut y avoir qu'un seul vainqueur : soit la théocratie islamique et totalitaire iranienne l'emporte, soit une nouvelle carte est imposée, dans laquelle la coexistence et la coopération prévalent. Dans le premier cas, il s'agirait d'admettre la disparition d'Israël, « du fleuve à la mer », comme le préconisent et le promettent ses ennemis et l'occasionnel vice-président sans papiers. Dans le second, outre la reconnaissance de son droit à l'existence, elle faciliterait la réactivation des accords d'Abraham. La prospérité incontestable que leur mise en place a engendrée dans les pays arabes qui les ont signés est trop provocante pour des régimes qui abhorrent la liberté et l'égalité démocratiques. C'est pourquoi l'Iran théocratique a ordonné l'opération terroriste du Hamas, ainsi que le bombardement systématique de la bande nord d'Israël par le Hezbollah. 

Un an après cette opération terroriste inhabituelle du Hamas, de nouveaux équilibres dans la région la plus chaude de la planète sont en train d'être élucidés. Le facteur nucléaire est également entré en jeu. Le président russe Vladimir Poutine n'est plus le seul à le brandir comme une menace à chaque fois qu'il subit un revers sur le champ de bataille ukrainien ou dans le domaine des sanctions économiques et financières. 

Israël, qui, il faut le reconnaître, ne menace jamais en vain - de même que les indépendantistes catalans ou basques tiennent toujours leurs promesses - a toujours assuré qu'il ne laisserait jamais le régime iranien s'emparer de la bombe atomique. Il sait que, s'il ne le fait pas, ce sera la dernière étape avant sa disparition de la carte. Il se battra donc pour effacer, coûte que coûte, cette menace certaine qui pèse sur sa propre existence. Même s'il ignore tous les bien-pensants de cet Occident de plus en plus déstructuré qui l'appellent à la retenue et à cesser de se plaindre et de se « victimiser ».