Le Tchad rompt sa coopération militaire avec la France

Emmanuel Macron - REUTERS/ CHRISTOPHE SIMON
Dernier pays du Sahel à accueillir des troupes françaises, un dernier contingent d'un millier de soldats, le gouvernement de N'Djamena a décidé de mettre fin aux accords de coopération en matière de défense avec son ancienne métropole coloniale. L'annonce a été faite par le ministre tchadien des affaires étrangères, Abderraman Koulamallah, quelques heures seulement après le départ de son homologue français, Jean-Noël Barrot.

La visite de M. Barrot au Tchad était initialement destinée à visiter et inspecter les camps de réfugiés soudanais dans le territoire tchadien d'Adré, qui accueille en permanence des réfugiés fuyant la guerre civile qui fait rage au Soudan. Le ministre français aurait promis une aide supplémentaire de 7 millions d'euros au gouvernement tchadien pour faire face à l'afflux de réfugiés.

La rupture du Tchad avec la France n'est pas a priori un choc frontal entre les deux pays. En effet, le ministre Koulamallah a souligné que ce processus de séparation n'a rien à voir avec celui qui a eu lieu successivement entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger avec la France, dans lequel les gouvernements locaux ont lancé un ultimatum aux troupes françaises pour qu'elles évacuent leurs casernes. Dans le cas du Tchad, selon le ministre tchadien, « nous nous engageons à respecter toutes les clauses de l'accord incluses dans le volet rupture, y compris, bien sûr, celles relatives au délai de préavis pour leur évacuation ». 


La France avait défini à plusieurs reprises le Tchad comme un maillon essentiel de sa présence militaire en Afrique, un point d'ancrage important, qui était déjà le dernier de la France dans la bande sahélienne après l'expulsion du Niger, du Mali et du Burkina Faso, et qui intervient quelques jours seulement après que le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a exhorté Paris à abandonner les bases militaires qu'elle possède encore dans le pays, en invoquant des raisons de souveraineté nationale.

En effet, l'argument de la souveraineté est le dénominateur commun utilisé par tous les pays susmentionnés qui ont pris leurs distances avec la France. Cependant, le langage utilisé par certains d'entre eux est plus ou moins hostile. Dans le cas du Tchad, le communiqué explique que « la décision [de rompre les accords militaires] a été prise après une analyse approfondie qui a conclu que soixante-six ans après la proclamation de l'indépendance de la République du Tchad, le moment était venu pour le pays de réaffirmer sa pleine souveraineté, et donc de redéfinir ses alliances stratégiques en fonction de ses intérêts nationaux ». D'autre part, le chef de la diplomatie tchadienne a indiqué qu'en accord avec son homologue français, les relations bilatérales seraient renforcées à tous les niveaux.

L'actuel président du Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno, n'oublie pas que ce sont les troupes françaises qui ont aidé son père, Idriss Deby, à repousser les forces rebelles lors de leurs offensives en 2008 et 2019. Malgré cette aide, le président a été tué au front et une junte militaire a pris le pouvoir, entraînant trois années de transition qui se sont achevées en mai dernier par l'élection de Mahamat Idriss Deby Itno sous l'égide de la junte.